[18/11/2008 07:12:31] TOKYO (AFP)
Les marchés asiatiques s’affichaient de nouveau en baisse mardi dans le sillage de Wall Street, après l’annonce par le géant bancaire américain Citigroup de 50.000 suppressions d’emplois et le coup de frein de Washington au plan de sauvetage du secteur financier.
A l’image d’une cinquantaine de groupes industriels européens appelant les pouvoirs publics à l’action, les acteurs économiques attendent des initiatives des gouvernements, notamment budgétaires, pour relancer la machine grippée par les retombées de la crise financière.
Mais après une réunion des dirigeants des pays industrialisés et émergents du G20 jugée décevante, samedi à Washington, le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson a déclaré lundi qu’il ne comptait pas puiser davantage dans les 700 milliards de dollars mis à sa disposition par le Congrès pour sauver les banques d’ici à la prise de fonction du président Barack Obama, le 20 janvier.
“Je vais faire ce que nous devons faire pour maintenir un système fort, mais je ne vais pas chercher à engager de nouvelles choses à moins qu’elles ne soient nécessaires”, a déclaré M. Paulson.
Très affaiblie par la crise financière, la banque américaine Citigroup a annoncé lundi qu’elle allait tailler massivement dans ses effectifs, avec la disparition de 50.000 emplois dans les prochains mois. Il s’agit de la deuxième plus grosse charrette annoncée par une entreprise américaine depuis un plan social de 60.000 personnes chez le groupe informatique IBM en 1993.
Le marché restait toutefois sceptique sur la capacité du groupe à sortir la tête de l’eau. L’action Citigroup a perdu 24% la semaine dernière et plus de 70% cette année.
Plombée par ces mauvaises nouvelles, Wall Street avait nettement chuté lundi, le Dow Jones perdant 2,63%, dans la foulée des places européennes également en forte baisse.
Les marchés asiatiques prolongeaient ce mouvement mardi.
La Bourse de Tokyo a terminé la séance de mardi en recul de 2,28%, l’indice Nikkei perdant 194,17 points à 8.328,41 points en raison de craintes renouvelées pour l’économie américaine, après les 50.000 suppressions d’emplois annoncées par le géant bancaire Citigroup, au lendemain de la confirmation que le Japon, deuxième économie mondiale, était entrée en récession à son tour, après l’Allemagne, l’Italie, la zone euro ou Hong Kong.
Les autres places de la région allaient dans le même sens. Vers 04H15 GMT, Hong Kong perdait 2,73%, Shanghai 2,35%, Sydney 2,49%, Séoul 2,7%, Singapour 1,27%, Bombay 1,01%, Taipei 3,33%, Kuala Lumpur 2,16%, Bangkok 1,58%. Jakarta s’effondrait de 5,2%.
“L’attention du marché reste focalisée sur les craintes de récession”, a expliqué Kazuhiro Takahashi, trader à Daiwa Securities SMBC. “Le sommet a laissé l’impression que des mesures de soutien économique avaient peu de chance d’être mises en place”, a-t-il ajouté, évoquant la réunion de Washington.
Les pays émergents et avancés du G20 se sont engagés, samedi, à coordonner les politiques de relance économique et, dans un deuxième temps, de mieux superviser la finance mondiale, mais sans annoncer de plans chiffrés ni la création du “super-gendarme” des marchés réclamés par plusieurs pays, dont la France. Le G20 a en outre souhaité une conclusion du cycle de Doha sur la libéralisation du commerce international avant la fin de l’année.
Cet embryon de gouvernement économique planétaire, dont les membres génèrent 85% du PIB de la planète et qui a consacré la place croissante des pays émergents sur l’échiquier mondial, doit se réunir de nouveau en avril, une fois M. Obama aux commandes.
Au lendemain du sommet de Washington, le prochain président américain a promis de relancer l’économie américaine quitte à alourdir davantage le déficit budgétaire. M. Obama s’est prononcé aussi pour un plan de sauvetage de l’industrie automobile américaine, dont la faillite annoncée “serait une catastrophe”.
Dans la même logique, la majorité démocrate au Congrès a proposé lundi un plan de relance de 100 milliards de dollars pour aider l’économie américaine, dont 25 milliards de prêts pour l’industrie automobile, un projet auquel est opposée l’administration Bush.
En Allemagne, l’industrie automobile a appelé à l’aide les pouvoirs publics. La chancelière Angela Merkel a indiqué qu’une décision serait prise avant Noël sur l’octroi de garanties financières à Opel, filiale allemande de General Motors.
Quarante-sept industriels européens, dont Nokia, Saint-Gobain et Renault, ont souligné par ailleurs le “besoin urgent de nouvelles actions politiques” et “de mesures de relance budgétaires d’une ampleur exceptionnelle” en Europe, appelant l’Allemagne à montrer l’exemple.
Des “mesures exceptionnelles” et “coordonnées” contre la crise également réclamées par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, alors que la Commission doit présenter un plan d’action le 26 novembre.
En Italie, le gouvernement se prépare d’ailleurs à annoncer “dans les prochains jours” un “train de mesures d’un montant de 80 milliards d’euros en faveur des entreprises et des familles”.
Pendant ce temps, les mauvaises nouvelles continuent de tomber.
En Grande-Bretagne, le patronat prévoit une récession “plus forte et plus longue” que prévu, avec un recul de 1,7% du PIB en 2009 et une montée du chômage à 9%.
Seule note optimiste, la production industrielle américaine a rebondi de 1,3% en octobre, après une chute historique en septembre.
La crise a quoi qu’il en soit sonné le glas de certains bonus faramineux: sauvée en octobre par les pouvoirs publics, la banque suisse UBS a annoncé que ses dirigeants seraient privés de bonus cette année, à l’instar de sa consoeur américaine Goldman Sachs.