Crise : les marchés toujours plombés, l’automobile en première ligne

[18/11/2008 16:31:46] PARIS (AFP)

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évolution des cours de la Bourse de Tokyo, le 18 novembre 2007 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Les marchés, inquiets de la capacité des Etats à juguler la crise, continuaient à chuter mardi alors que les appels à l’aide publique se multiplient, notamment pour l’automobile, et que les banques européennes dévissaient après l’annonce du plan social massif de Citigroup.

Deux jours après une réunion du G20 qui ne semble pas avoir rassuré les opérateurs, ceux-ci se tournent vers les Etats, priés de prendre des initiatives, notamment budgétaires, pour atténuer les effets de la crise.

Lundi, une cinquantaine de groupes industriels européens ont ainsi appelé les pouvoirs publics à l’action pour redynamiser l’économie, notamment par des “relances budgétaires d’une ampleur exceptionnelle”.

Mais aux Etat-Unis, le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson a souligné qu’il ne comptait pas puiser davantage dans les 700 milliards de dollars mis à sa disposition par le Congrès pour sauver les banques d’ici à la prise de fonction du président Barack Obama, le 20 janvier.

Or les mauvaises nouvelles ne cessent de s’accumuler.

La banque américaine Citigroup, très affaiblie par la crise financière, a annoncé lundi qu’elle allait supprimer 50.000 emplois dans les prochains mois.

Plombée par ces annonces, Wall Street avait nettement chuté en soirée, le Dow Jones perdant 2,63%, dans la foulée des places européennes.

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étaire américain au Trésor Henry Paulson, le 12 novembre 2008 à Washington (Photo : Alex Wong)

Celles-ci poursuivaient le mouvement mardi matin: à 12H32 GMT, Paris abandonnait 1,82%, Londres 1,64% et Francfort 1,85%. Les valeurs bancaires européennes chutaient elles aussi dans le sillage de l’annonce de Citigroup.

A Paris, BNP Paribas abandonnait 8,83%, le Crédit Agricole 6,29%, Dexia 10,05% et la Société Générale 6,43%. A Zurich, UBS et Credit Suisse ont atteint dans la matinée des plus bas historiques.

La bourse moscovite était elle dans la tourmente, le RTS et le Micex ayant été suspendues pour une heure à partir de 12H35 (09H35 GMT), après une baisse de près de 5%, consécutive à une nouvelle journée de déprime la veille.

Les marchés asiatiques avaient ouvert la voie quelques heures plus tôt.

La Bourse de Tokyo a clôturé en baisse de 2,28%, au lendemain de la confirmation que le Japon, deuxième économie mondiale, était entré en récession à son tour, après l’Allemagne, l’Italie, la zone euro ou Hong Kong.

La bourse de Hong Kong a elle abandonné 4,54%.

“Les craintes de récession mondiale pèsent sur le marché”, a commenté Kazuhiro Takahashi, analyste chez Daiwa Securities SMBC à Tokyo.

“Le sommet financier a laissé l’impression que les mesures de relance économique ont du mal à accélérer”, a-t-il ajouté en référence au sommet des grands pays industrialisés et émergents du G20 samedi à Washington.

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ège de Citigroup le 17 novembre 2008 à New York (Photo : Chris Hondros)

Ces derniers se sont engagés samedi à coordonner les politiques de relance économique, puis de mieux superviser la finance mondiale. Mais ils n’ont pas annoncé de plans chiffrés ni la création du “super-gendarme” des marchés réclamés par plusieurs pays.

Cet embryon de gouvernement économique planétaire doit se réunir de nouveau en avril, une fois M. Obama aux commandes à Washington.

Au lendemain du sommet du G20, le prochain président américain a promis de relancer l’économie américaine quitte à alourdir davantage le déficit budgétaire. Il a également plaidé pour un plan de sauvetage de l’industrie automobile américaine, dont la faillite annoncée “serait une catastrophe”.

Plombé par la crise, le secteur automobile était l’objet de toutes les attentions en ce début de semaine, et ce des deux côtés de l’Atlantique.

Aux Etats-Unis, après l’enveloppe de 25 milliards de dollars de prêts décidée en septembre, une nouvelle tranche de 25 milliards doit être discutée au Congrès, alors que les trois grands constructeurs américains (General Motors, Ford et Chrysler) sont en plein marasme.

Mais ce plan de sauvetage fait débat chez les parlementaires: défendu par la majorité démocrate, il est critiqué par plusieurs sénateurs républicains, dont le vote est indispensable. Les dirigeants des trois grands constructeurs étaient attendus mardi devant la Commission bancaire du Sénat.

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ège du constructeur automobile allemand, le 17 novembre 2008 à Ruesselsheim (Photo : Thomas Lohnes)

Ford a annoncé mardi qu’il allait vendre les deux tiers de sa participation dans le japonais Mazda Motor pour renflouer sa trésorerie.

En Europe, le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker a plaidé mardi pour une “stratégie européenne de sauvetage” pour l’industrie automobile, à l’image du plan américain.

En Allemagne, le ministre des Finances Peer Steinbrück a exclu lundi de lancer un programme de soutien global pour l’industrie automobile allemande.

Les constructeurs automobiles européens ont demandé en octobre une aide chiffrée à 40 milliards d’euros sous la forme de prêts à taux réduit, ainsi que des primes pour inciter les consommateurs à remplacer leurs voitures.

En France, le fonds souverain, dont la création a été décidée par le président Nicolas Sarkozy pour soutenir les entreprises nationales jugées stratégiques, devrait être doté de moins de 20 milliards d’euros, soit beaucoup moins que les 100 milliards d’euros évoqué par des membres du gouvernement, a annoncé mardi le quotidien Les Echos.

Selon un sondage publié mardi, les trois-quarts des Français se disent “inquiets lorsqu’ils pensent à la crise financière”, qu’ils estiment “durable”, et craignent d’abord pour l’emploi et leur pouvoir d’achat.

Le gouvernement espagnol a de son côté annoncé que le pays pourrait sortir en 2009 des clous du pacte de stabilité européen en matière de déficit public, alors qu’il faisait jusqu’ici figure de bon élève budgétaire en Europe.

En Chine, le ministère du Travail a demandé mardi aux gouvernements locaux de ne pas accroître les salaires minimum pour le moment, afin de permettre aux entreprises de faire face au ralentissement de l’économie.

Sur l’île de Taïwan, les autorités ont opté pour une autre stratégie: pour relancer la consommation, elle distribueront en janvier à chaque habitant de l’île des bons d’achat d’une valeur équivalente à 86 euros