EasyJet entame la période de récession par une querelle avec son fondateur

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éroport de Genève, le 15 avril 2008 (Photo : Fabrice Coffrini)

[18/11/2008 18:08:23] LONDRES (AFP) EasyJet, une des pionnières de l’aviation à bas coûts en Europe, entame la période de récession sur le Vieux continent par une querelle entre la direction et le principal actionnaire du groupe, qui considère qu’elle n’est pas assez prudente dans ses investissements.

Le fondateur chypriote grec de la compagnie, Stelios Haji-Ioannou (Sir Stelios après son anoblissement par la Reine d’Angleterre en 2006), rue dans les brancards depuis la semaine dernière, et a refusé d’approuver les comptes annuels publiés mardi, une attitude rarissime au Royaume-Uni.

L’effet sur le cours du groupe a été désastreux, le titre easyJet perdant jusqu’à 22% à la Bourse de Londres pour finir en baisse de 9,22%.

Les désaccords ont émergé vendredi, quand le groupe a fait savoir par communiqué que Sir Stelios, fort de la récupération par sa holding easyGroup, basée aux îles Caïman, de la part de sa soeur Clelia, se trouvait désormais à la tête de 26,9% du capital du groupe, et voulait en conséquence demander la nomination de deux administrateurs de son choix.

“Au cas où ces personnes ne seraient pas nommées, il se réserve le droit de se désigner lui-même comme président”, a indiqué la compagnie.

Selon elle, Sir Stelios voulait aussi voir “réduire encore les achats d’appareils” de la compagnie, pour laquelle celle-ci estime faire preuve pourtant “d’une approche prudente”, voire si possible instaurer une politique de dividendes, une première, easyJet ayant jusqu’ici consacré ses bénéfices à sa propre croissance.

Mardi, la situation s’est encore aggravée. Le rond dirigeant âgé de 41 ans, qui aime à se qualifier lui-même de “serial entrepreneur”, mais a nettement ralenti les pitreries publiques ces dernières années, laissant le champ libre en la matière au patron de Ryanair Michael O’Leary, a refusé d’approuver les comptes, se disant “inquiet de l’application de certains principes comptables” par la compagnie.

Il a évoqué des estimations trop “optimistes”, concernant notamment l’évaluation du prix des appareils et des créneaux d’envol de l’aéroport de Londres-Gatwick récupérés avec l’achat en début d’année de la petite compagnie GB Airways.

Il a nié cependant dans un communiqué vouloir reprendre le poste de président. Il a assuré ne pas réclamer de dividendes avant 2011, et encore, “si le marché et les liquidités de l’entreprise le permettent”.

“Je pense qu’avec une gestion soigneuse de la trésorerie, et en particulier des dépenses en capital plus prudentes, easyJet et ses actionnaires seront LES grands gagnants de l’aviation européenne moyen-courrier”, a-t-il assuré.

Le directeur général Andy Harrison a indiqué pour sa part qu’il n’était pas opposé à une politique de dividendes pourvu que la compagnie en ait les moyens.

La stratégie de M. Haji-Ioannou dans cette affaire n’est pas très claire, les commentateurs ne comprenant pas s’il cherche simplement à protéger son investissement, comme il l’explique, ou à faire baisser l’action pour racheter la compagnie.

Cette dispute a éclipsé en partie la publication des résultats annuels.

La compagnie a annoncé mardi un bénéfice net annuel divisé presque par deux en 2007/2008 à 83,2 millions de livres (100 millions d’euros), pour un chiffre d’affaires en hausse de 31,5% à 2,36 milliards de livres, des résultats touchés par la hausse des prix du carburant sur l’année financière, au cours de laquelle easyJet a transporté 43,7 millions de passagers.

Le groupe a reconnu que “les perspectives économiques restent très difficiles et hautement incertaines”, et en conséquence va différer la livraison de plusieurs Airbus A320 qu’il avait en commande.