Textile : le salut par la recherche appliquée

cirat1-230.jpgLes
travaux du 3ème Congrès international de la recherche appliquée en textile
(CIRAT) se sont déroulés du 13 au 16 novembre 2008 à Sousse. Réunissant un
nombre important de chercheurs en textile en Tunisie et à l’étranger, cette
manifestation scientifique a constitué un véritable lieu de rencontre pour
présenter les dernières “trouvailles” de la recherche appliquée en textile
mais aussi de débattre de la situation du secteur aussi bien en Tunisie que
dans le monde.

«C’est un congrès qui regroupe des thématiques de recherche vraiment
très transversales. Il s’agit de ma deuxième participation à CIRAT et je
trouve qu’il est très enrichissant pour les chercheurs en textile», nous a
indiqué Mme Laila Laasri, directrice Recherche & Développement à l’Ecole
supérieure des industries du textile et de l’habillement au Maroc.

Disons que la recherche est un besoin fondamental pour les entreprises
textiles. Avec le développement de nouvelles techniques et de nouvelles
tendances dans le secteur, il s’avère très important pour les industriels de
puiser dans les nouveaux créneaux porteurs du textile habillement pour
garder sa place sur le marché.

Par ailleurs, les interventions qui se sont succédé durant les quatre
journées du congrès ont fait le tour des recherches les plus récentes dans
le secteur. Différentes techniques ont été ainsi présentées, tels que le
textile technique, le textile écologique, les fibres naturelles, etc.

«Il serait intéressant pour la Tunisie d’investir dans le textile
technique qui représente actuellement un marché rentable en Europe», a
souligné M. Fawzi Sakli, président de l’Association tunisienne des
chercheurs en textile. «Mais on peut également exploiter le créneau
écologique en s’intéressant aux fibres naturelles telles que l’alpha», a
renchérit M. Omar-Anis Harzallah, enseignant-chercheur à l’université de
Haute-Alsace en France.

Promouvoir la coopération Université – entreprise

CIRAT, dans sa 3ème édition, a constitué, sur plusieurs plans, un
rendez-vous important pour prendre connaissance des résultats de recherche
dans le secteur à travers le monde. Mais il semble que ceci n’intéresse
pourtant pas la majorité de nos industriels. Leur absence –ils n’étaient que
trois environ à être présents- a marqué les travaux du congrès bien que la
problématique de la recherche doive être pensée conjointement avec le milieu
industriel qui en est le premier bénéficiaire.

En fait, la relation entre le milieu académique et les industriels n’est
pas encore bien développée. La plupart des entreprises encadrent les Projets
de Fin d’Etudes (PFE). «On est encore au début. La relation entre
l’université et l’entreprise n’est pas encore assez développé. Pour le cas
de notre entreprise, on est concentré actuellement sur les projets de fin
d’études. Il y a une séparation entre le milieu universitaire et le milieu
industriel. Il n’y a pas quelqu’un qui effectue le lien», a expliqué M.
Nabil Sghaïer, industriel et membre de la Fédération nationale du textile.

De son côté, M. Moez Ben Haj Rhouma, un industriel tunisien, a expliqué
que le développement est l’une des questions les plus importantes dans le
secteur textile pour permettre aux entreprises tunisiennes, spécialement
celles qui travaillent avec les firmes étrangères, d’être à un niveau
mondial. «Il faut que notre recherche soit à un niveau très avancée. C’est
pour cela qu’il indispensable d’être informé de ce qui se passe au niveau de
la recherche scientifique en textile. Dans ce sens, je pense que c’est très
important d’être présent à CIRAT 3», a-t-il ajouté.

La recherche appliquée en textile est assez développée en Tunisie. On
devance à ce niveau le Maroc qui est notre concurrent direct, mais qui
pourrait nous dépasser à ce niveau. Car, un programme d’encouragement à la
coopération entre le milieu universitaire et le milieu industriel a été mis
en place par les autorités marocaines.

«Il y a des mécanismes intéressants qui visent à valoriser les produits
de l’université et à rapprocher les chercheurs des industriels. C’est ce
qu’on appelle les réseaux de diffusion technologique. Leur mission
principale est d’offrir à l’industriel un projet et lui apporter un
financement. Le ministère du commerce et de l’industrie finance ce genre de
projet sous un plafond de 50 mille dirhams, soit 5 mille euros», nous a
précisé Mme Laasri.

Enjeux du secteur

En fait, le secteur textile constitue un secteur stratégique pour le
développement économique, surtout pour les pays du sud tels que la Tunisie
et le Maroc. Il est un grand pourvoyeur de main-d’œuvre mais aussi de
devises. Ce qui nécessite une stratégie de promotion particulière afin
d’attirer les investissements étrangers et mettre à jour la politique
industrielle pour l’orienter vers de nouveaux créneaux porteurs à l’échelle
internationale.

Effectuer le passage de la sous-traitance à la co-traitance n’est pas une
chose aisée. «Ceci demande beaucoup de moyens : préparer l’infrastructure
(zones industrielles, technopoles, etc.), avoir des ressources humaines très
compétentes puisque ce genre d’industrie requiert de la haute technologie»,
nous a signalé M. Sghaïer.

D’un autre côté, M. Rhouma a expliqué que la Tunisie a la chance de
regagner les marchés qu’elle a perdus. Mais ceci requiert des
investissements particuliers dans le matériel textile. « Si l’on prend le
cas de la Turquie et du Maroc, ils nous ont devancés beaucoup sur ce plan.
Ici, vous ne trouverez même pas un simple fabricant de machines textile. En
Turquie, vous trouverez tout type de machines. On a commencé ensemble, ils
ont fait des pas géants. Il y a des efforts qui ont été fournis, en matière
d’investissements, d’études, d’encouragements, etc.».

Toujours est-il que, pour gagner le pari de la compétitivité dans le
secteur textile/habillement en Tunisie, nos capitaines d’industrie savent
désormais ce qu’il leur faut: travailler, travailler et encore travailler…
Pour ce faire, il est indispensable de reconsidérer l’apport de la recherche
dans la promotion du secteur. «L’avenir du secteur n’est pas seulement
déterminé par les industriels mais aussi par les chercheurs», soulignera M.
Rhouma en guise de conclusion.