[18/11/2008 21:47:08] WASHINGTON (AFP)
à Royal Oak (Michigan) (Photo : Bill Pugliano) |
Les dirigeants des trois groupes automobiles américains plaident leur cause mardi devant la commission bancaire du Sénat pour tenter d’obtenir une nouvelle rallonge de 25 milliards de dollars d’argent public dont leur survie dépend.
Les PDG des trois “grands de Detroit”, Alan Mullaly (Ford), Robert Nardelli (Chrysler) et Richard Wagoner (General Motors), auditionnés à partir de 20H00 GMT, devaient essayer de convaincre les parlementaires de doubler la mise, après l’octroi d’un premier prêt de 25 milliards de dollars voté en septembre mais pas encore distribué.
La tâche paraît ardue. “Je ne connais pas un seul républicain prêt à soutenir” un sauvetage des constructeurs automobiles, affaiblis par la crise du crédit et la chute de leurs ventes, avouait la semaine dernière le démocrate Chris Dodd, qui préside la commission bancaire.
De fait, plusieurs sénateurs républicains ont confié mardi leurs inquiétudes à la presse.
“Je veux voir à quoi cela ressemble, j’ai peur de voir fournir une aide à une industrie et de voir une autre industrie arriver”, a notamment déclaré John Cornyn, sénateur du Texas.
“Je ne pense pas que le fait de verser autant d’argent nouveau obtiendra notre soutien”, a déclaré le sénateur du Dakota du Sud John Thune.
L’administration Bush, qui vit ses dernières semaines au pouvoir, est elle aussi prête à faire barrage au projet. Le secrétaire au Trésor, Henry Paulson, a critiqué mardi la volonté des démocrates d’utiliser le plan de relance de 700 milliards de dollars pour accorder des aides sectorielles, notamment au secteur automobile.
La Maison Blanche souhaite que les constructeurs se contentent des 25 milliards de dollars déjà promis. “Nous pensons avoir là une solution très logique et très raisonnable”, a affirmé mardi la porte-parole Dana Perino, ajoutant espérer parvenir à un accord avec le Congrès dans la semaine pour débloquer ces fonds.
Côté constructeurs, c’est GM qui suscite le plus d’inquiétudes. Lors de la présentation de ses résultats semestriels début novembre, sa direction a avoué que sa trésorerie, qui fond à vue d’oeil, ne lui permettrait pas de survivre seul en 2009.
En attendant, la direction pare au plus pressé. GM vient ainsi d’annoncer la cession, pour 228 millions de dollars, de ses 3,2% dans le Japonais Suzuki.
Son PDG, Rick Wagoner, “ne peut pas se permettre de quitter Washington cette semaine sans une aide fédérale d’au moins 10 milliards de dollars pour maintenir General Motors sur les rails”, écrit mardi le New York Times. Dans le cas contraire, selon le quotidien, on peut se demander “s’il retournera à Detroit en conservant son poste”.
Des trois de Detroit, c’est GM qui est le plus proche d’un dépôt de bilan, mais Chrysler et Ford craignent l’effet domino.
Le PDG de Ford, Alan Mullaly, a ainsi estimé mardi sur la chaîne d’information financière CNBC que le placement d’un constructeur sous la protection de la loi sur les faillites mènerait plus sûrement à sa liquidation qu’à sa restructuration. Or, selon lui, l’industrie automobile est “si interdépendante” que la chute d’un constructeur provoquerait des problèmes pour les autres.
Ford a annoncé mardi la vente de 20,4% du capital de Mazda Motor pour 540 millions de dollars, ce qui faisait monter le cours de l’action de 0,58% à la mi-journée, tandis que le titre de General Motors reculait de 7,86%.
Selon une étude de Ford sur ses effectifs présentée mardi par le Wall Street Journal, une éventuelle disparition de Ford provoquerait la suppression d’au moins 3.000 emplois dans 25 Etats, soit 75.000 emplois directs et indirects au minimum.
Selon le WSJ, cette analyse pourrait être présentée devant le Congrès pour illustrer l’étendue de l’impact social induit.