à la Bourse de New York le 14 novembre 2008 (Photo : Spencer Platt/Archives) |
[18/11/2008 22:56:04] NEW YORK (AFP) Wall Street a terminé dans le vert mardi dans un marché frileux, et les résultats meilleurs que prévu de Hewlett-Packard ont tiré à la hausse les Bourses européennes en dépit de l’inquiétude persistante des investisseurs sur la capacité des Etats à juguler la crise.
La Bourse de New York a terminé en hausse, dans un marché indécis, partagé entre l’optimisme suscité par le constructeur informatique et le climat généralement morose des affaires: le Dow Jones a gagné 1,83%, à 8.424,75 points et le Nasdaq 0,08%, à 1.483,27 points.
“Il y a un tel vide au niveau politique et au niveau du calendrier. Pour une bonne nouvelle, il y en a dix mauvaises qui tombent”, a déploré Gregori Volokhine, de Meeschaert New York.
Les investisseurs ont gardé les yeux rivés sur Washington pour écouter le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson, qui a de nouveau refusé qu’une partie des 700 milliards de dollars affectés au sauvetage du système financier soient utilisés pour soutenir l’économie, en particulier le secteur automobile.
étaire d’Etat au Trésor américain, Henry Paulson, à Washington le 18 novembre 2008 (Photo : Chip Somodevilla) |
Les marchés ont ensuite suivi l’audition des patrons de trois grands constructeurs américains, General Motors, Ford et Chrysler, qui ont souligné combien leurs entreprises étaient interdépendantes et que la faillite de l’une pourrait entraîner les pires difficultés pour les autres.
“Sans un soutien financier immédiat, les liquidités de Chrysler pourraient tomber en dessous des niveaux requis pour pouvoir continuer à assurer nos activités normalement”, a prévenu Robert Nardelli, patron du constructeur.
“Ce qui nous expose à la défaillance, c’est la crise financière mondiale, qui a sérieusement asséché l’accès au crédit et réduit les ventes à leur plus bas niveau depuis la Deuxième Guerre mondiale”, et non des erreurs stratégiques, a fait valoir le PDG de General Motors Rick Wagoner.
L’annonce par le géant bancaire américain Citigroup de la suppression de 50.000 emplois a continué de peser sur les valeurs bancaires européennes qui ont dégringolé.
Longtemps dans le rouge, la Bourse de Paris a finalement terminé en hausse, le CAC 40 prenant 1,11% à 3.217,40 points.
Fiche de Citigroup |
Toutefois, Crédit Agricole a cédé 4,23% à 8,38 euros, Dexia 12,66% à 3,69 euros et Société Générale 7,13% à 34,80 euros. BNP Paribas, a plongé de 8,16% à 39,55 euros, sur des rumeurs d’une augmentation de capital.
A Zurich, UBS et Credit Suisse ont atteint des plus bas historiques.
A la Bourse de Francfort, l’indice vedette Dax a terminé en légère hausse de 0,49% à 4.579,47 points.
Et Londres a terminé sur un fort rebond, l’indice vedette Footsie-100 gagnant 1,85% par rapport à la clôture de lundi, à 4.208,55 points.
Les deux places boursières moscovites, le RTS et le Micex, se sont redressées, également dans le sillage de Wall Street.
En Russie, très touchée par la chute vertigineuse des cours de pétrole, le président Dmitri Medvedev a promis de nouvelles mesures pour atténuer les effets de la crise.
Dans le Golfe, les Bourses des monarchies pétrolières ont fortement fluctué.
En Asie, la Bourse de Tokyo a clôturé en baisse de 2,28%, au lendemain de la confirmation que le Japon, deuxième économie mondiale, était entré en récession.
Le sommet des grands pays industrialisés et émergents du G20 samedi à Washington “a laissé l’impression que les mesures de relance économique ont du mal à accélérer”, a commenté Kazuhiro Takahashi, analyste chez Daiwa Securities SMBC à Tokyo et “les craintes de récession mondiale pèsent sur le marché”.
Les opérateurs se tournent vers les Etats-Unis, priés de prendre des initiatives, notamment budgétaires, pour atténuer les effets de la crise.
A Washington, une centaine de fidèles ont prié devant le département du Trésor pour réclamer une nouvelle politique en faveur des petits propriétaires victimes de saisies immobilières.
éricain General Motors, à New York le 18 novembre 2008 (Photo : Chris Hondros) |
Barack Obama a promis de relancer l’économie américaine, quitte à alourdir davantage le déficit budgétaire. Il a plaidé pour un plan de sauvetage de l’industrie automobile américaine, dont la faillite annoncée “serait une catastrophe”.
Plombé par la crise, le secteur était l’objet de toutes les attentions en ce début de semaine, des deux côtés de l’Atlantique.
Aux Etats-Unis, après l’enveloppe de 25 milliards de dollars de prêts décidée en septembre, une nouvelle tranche de 25 milliards est discutée au Congrès, alors que General Motors, Ford et Chrysler sont en plein marasme.
Mais ce plan de sauvetage défendu par la majorité démocrate, est critiqué par des sénateurs républicains.
Pessimiste, le PDG de Ford, Alan Mulally, a estimé qu’un placement sous protection de la loi sur les faillites d’un constructeur automobile américain pourrait mener à sa liquidation, en raison d’une chute rapide de ses ventes. Ford a annoncé qu’il allait vendre les deux tiers de sa participation dans le japonais Mazda Motor pour se renflouer.
ère allemande Angela Merkel à Trieste le 18 novembre 2008 (Photo : Giuseppe Cacace) |
La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré mardi que les Européens allaient examiner le plan américain de soutien au secteur automobile, pour s’assurer qu’il ne pénaliserait pas l’industrie européenne.
Le ministre des Finances Peer Steinbrück a exclu de lancer un programme de soutien global pour l’industrie automobile allemande.
Les constructeurs automobiles européens ont demandé en octobre une aide chiffrée à 40 milliards d’euros sous la forme de prêts à taux réduit, et des primes pour inciter les consommateurs à remplacer leurs voitures.
Par ailleurs, la présidence française a annoncé que l’Europe allait se concerter sur des mesures de soutien à l’activité économique d’ici à un sommet de ses dirigeants mi-décembre.
En France, le fonds d’investissement stratégique, dont la création a été décidée par le président Nicolas Sarkozy pour soutenir les entreprises nationales jugées stratégiques, devrait être doté de moins de 20 milliards d’euros, soit bien moins que les 100 milliards d’euros évoqué par des membres du gouvernement, selon le quotidien Les Echos.
Madrid a fait savoir de son côté que le pays pourrait sortir en 2009 des clous du pacte de stabilité européen en matière de déficit public.