Quotas laitiers : la polémique recommence à bouillir

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à Bruxelles le 18 novembre 2008 (Photo : Dominique Faget)

[19/11/2008 07:32:21] BRUXELLES (AFP) La controverse autour de la suppression prévue des quotas laitiers reprend de plus belle en Europe avec la baisse des prix et la grogne des producteurs qui compliquent les négociations en cours sur le réaménagement de la PAC, entrées dans leur dernière ligne droite.

Les ministres de l’Agriculture de l’UE se réunissent mercredi et jeudi à Bruxelles pour tenter de trouver un accord sur le “bilan de santé” de la Politique agricole commune (PAC), une série d’aménagements proposés par la Commission pour lever certaines contraintes à la production et rapprocher davantage le monde agricole des besoins du marché.

L’idée d’un relèvement progressif des quotas laitiers, avant leur disparition progressive programmée pour 2015, est l’un des points les plus épineux.

Des pays comme l’Italie, l’Espagne ou les Pays-Bas prônent une fin aussi rapide que possible de ces quotas, car ils estiment que leurs éleveurs pourront sans problème absorber le surplus de production ainsi libéré.

D’autres, emmenés par la France et l’Allemagne -mais qui restent minoritaires dans l’UE- estiment à l’inverse qu’une ouverture des vannes sans précaution menacerait l’avenir des zones d’élevage les plus fragiles, en montagne notamment, moins compétitives que les zones de plaine en raison de coûts de fonctionnement supérieurs.

Le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier, dont le pays préside l’UE, a prévenu qu’il n’accepterait pas le relèvement des quotas “sans des mesures d’accompagnement”.

“Nous voyons plus que des signaux de retournement de ce marché à l’heure actuelle”, s’est-il inquiété à propos de la forte baisse des prix du lait par rapport à leur pic de l’année dernière, en pleine flambée des prix alimentaires.

Ceux du beurre affichent un repli de 20% par rapport à l’été 2007 en moyenne dans l’UE. Du coup, les éleveurs ont manifesté en Allemagne et en France notamment, deux grands pays de production, pour réclamer des relèvement de tarifs aux laiteries et aux distributeurs.

Et les représentants agricoles des régions alpines d’Autriche, Italie et Allemagne ont réclamé la semaine dernière le maintien en l’état des quotas laitiers.

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çais manifestent leur colère en déversant 5.000 litres de lait à Cocumont, le 17 novembre 2008 (Photo : Nicolas Tucat)

Cette année, l’UE a déjà augmenté de 2% ces quotas – contribuant, selon certains éleveurs, à faire baisser les prix. Dans son “bilan de santé”, l’exécutif européen propose de continuer à les relever de 1% par an jusqu’en 2015.

Berlin et Paris préfèreraient qu’on refasse le point chaque année en fonction de l’état du marché. Ils réclament surtout des aides compensatoires.

L’Allemagne parle d'”un fonds de soutien au lait”. Bruxelles ne veut pas entendre parler d’argent supplémentaire des caisses de l’UE mais semble prête à accepter qu’une partie des subventions accordées aux Etats, au titre du “développement rural”, puisse être reversée aux producteurs laitiers, selon une source européenne.

Ce mécanisme “va jouer un rôle important pour l’aide aux secteurs confrontés à une période d’adaptation difficile, tels que les producteurs de lait de montagne”, a souligné lundi la commissaire européenne à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel.

Les quotas laitiers ne sont pas la seule pomme de discorde des discussions: la proportion de subventions “directes” à consacrer à l’avenir au “développement rural” et aux projets environnementaux, ainsi que la suppression envisagée de divers mécanismes de soutien aux prix agricoles, suscitent aussi la controverse.

Mme Fischer Boel a exhorté lundi les ministres européens à être “audacieux” pour “ce moment clé de l’évolution de la PAC”, en jugeant un accord “à portée de main”.