çade de l’hôtel Fouquet’s Barrière, le 26 octobre 2006 à Paris (Photo : Francois Guillot) |
[19/11/2008 12:27:39] PARIS (AFP) Après deux années très fastes, les hôtels de luxe et palaces parisiens ressentent les premiers effets de la crise financière, qui a donné un coup de frein aux voyages d’affaires et rendu plus frileuse la clientèle internationale.
Depuis la mi-septembre, la fréquentation et les recettes des établissements 4 étoiles et 4 étoiles luxe sont en berne, accusant une baisse de 10% en moyenne par rapport aux résultats record atteints en 2007, selon les professionnels.
Le choc est toutefois moins rude qu’après les attentats du 11 septembre: “c’est sans aucune mesure avec 2001 où les taux d’occupation avaient baissé brutalement entre 20 et 30 points”, a déclaré à l’AFP Jean-Paul Lafay, président du Club des dirigeants des grands hôtels et palaces de Paris.
A l’heure des restrictions budgétaires des entreprises, les hôtels haut de gamme parisiens ont vu leurs recettes chuter de 13,7% en septembre et leur remplissage de 6,3%, tout en restant à des taux élevés (80,4%), des tendances qui se sont poursuivies en octobre, selon le cabinet d’audit Deloitte.
Principale cause de cette désaffection, les budgets plus serrés pour les déplacements professionnels: “un homme d’affaires qui a l’habitude de descendre au George V n’ira pas au Novotel. Il reporte ou opte pour une vidéoconférence”, commente Olivier Petit, consultant hôtellerie et tourisme de Deloitte.
ôtel Ritz (Photo : Joel Saget) |
“Les palaces sont affectés, à des degrés divers, par la crise, la fréquentation est en baisse, mais les prix moyens reculent très peu”, nuance-t-il.
“Les clients tentent de négocier les prix, mais il n’est pas question de les baisser, les charges sont trop importantes”, confirme M. Lafay. Pour lui, la situation est loin d’être “catastrophique”: “ce n’est pas comme dans l’automobile, nous n’avons pas de plans sociaux dans les cartons”.
Pour l’heure, le Fouquet’s Barrière, qui appartient au cercle fermé des palaces à Paris (Bristol, Crillon, Meurice, George V, Plaza-Athénée, Ritz) échappe à la crise, selon son directeur général, Eric Boonstoppel.
“Nous sommes moins affectés que les autres, grâce à une clientèle très diversifiée, dont des princes saoudiens, et nous sommes moins dépendants des séminaires d’affaires”, a-t-il expliqué. Les prix varient de 700 euros la nuit pour une chambre “standard” à 15.000 euros pour la “grande suite de Paris”.
Au Claridge, résidence hôtelière de luxe sur les Champs-Elysées, “il y a eu des annulations en série pendant deux, trois jours après la chute de Lehman Brothers” à la mi-septembre, “mais cela s’est vite rétabli”, témoigne son directeur général, Bertrand Maïk.
ée de l’hôtel Bristol, le 5 octobre 2006 à Paris (Photo : Fred Dufour) |
Rupprecht Queitsch, directeur général de l’hôtel Paris Marriott Rive Gauche, très prisé par les touristes américains, a noté un “ralentissement des réservations de la clientèle loisirs”.
Le segment affaires se maintient au Marriott, doté d’un grand centre de congrès, mais “les banques annulent leurs séminaires, alors que l’informatique et une grande partie du secteur pharmaceutique se portent mieux”.
Autre haut lieu de la clientèle américaine à Paris, le Hyatt Vendôme continue à attirer des vedettes du sport et du cinéma. Son patron, Michel Jauslin, constate que la “clientèle du très haut de gamme résiste encore, les suites se vendent bien”, à des prix allant de 1.500 à 11.000 euros.
Mais là aussi, il faut s’attendre à un déclin, selon M. Jauslin: “c’est psychologique. Ces clients ne veulent plus afficher un train de vie qui peut paraître indécent dans des périodes difficiles. Ils vont se rabattre sur des choix plus discrets”.