Un fabricant allemand de panneaux solaires propose de racheter Opel en Allemagne

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à Bonn le 19 novembre 2008 (Photo : Sascha Schuermann)

[19/11/2008 15:13:56] FRANCFORT (Allemagne), (AFP) Le fabricant allemand de panneaux solaires Solarworld a proposé mercredi à General Motors d’acheter les sites allemands de sa filiale en difficulté Opel, suscitant stupéfaction et perplexité.

“Je suis on ne peut plus sérieux”, a assuré à l’AFP Frank Asbeck, le patron de Solarworld. “Sinon nous ne ferions pas cette offre”.

“Vous connaissez l’histoire de David contre Goliath? La taille n’a jamais été décisive”, a lancé M. Asbeck, qui emploie 2.500 personnes contre près de 26.000 pour Opel en Allemagne.

Solarworld veut déposer une offre sur les quatre usines allemandes ainsi que le centre de Rüsselsheim (ouest), un des plus gros pôles de recherche et de développement de GM, pour en faire “le premier constructeur “vert” européen”.

Le projet est de lancer de nouveaux véhicules propres, en sus de la gamme actuelle d’Opel qui serait maintenue comme les Astra ou les Corsa, selon un communiqué.

Mais la proposition est assortie de nombreuses conditions: Solarworld peut mettre un milliard d’euros sur la table, notamment sous forme de crédits bancaires, si Opel est totalement séparé de GM et si l’allemand reçoit une compensation d’un montant égal à son offre, soit un milliard d’euros.

Le gouvernement allemand doit également se porter caution pour les lignes de crédit.

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ège du groupe à Ruesselsheim en Allemagne le 17 novembre 2008 (Photo : Thomas Lohnes)

Opel s’est abstenu de tout commentaire, et le gouvernement allemand a indiqué qu’il réagirait éventuellement après une réponse de GM, à qui l’offre a été faite.

Cette annonce a en tout cas laissé plus que perplexe de nombreux analystes. “C’est n’importe quoi!”, s’exclame Christoph Stürmer, analyste de IHS Global Insight, interrogé par l’AFP.

“Au premier coup d’oeil, c’est un gag marketing. Au deuxième, la faisabilité d’une telle opération est nulle”, estime de son côté Stefan Bratzel, expert automobile.

Et pour cause: certes, Opel, victime de la chute des marchés automobiles et des menaces de faillite qui pèsent sur GM, traverse une passe difficile et a demandé l’aide de Berlin. Mais elle reste une des plus vieilles marques de l’automobile allemande, filiale d’un géant mondial depuis près de 80 ans, et pèse huit milliards d’euros.

Solarworld n’a jamais produit que du solaire, et l’automobile est pour lui terre inconnue. Il a réalisé l’an passé un chiffre d’affaires de 689 millions d’euros.

“L’offre de Solarworld est risible”, rétorquait M. Stürmer. L’annonce était d’ailleurs mal accueillie à la Bourse de Francfort: Solarworld chutait de 14,60% à 13,75 euros à 13H53 GMT, sur l’indice TecDax des valeurs technologiques.

De nombreux experts soulignaient que GM n’avait jamais dit vouloir se séparer d’Opel, même si les appels en ce sens se multiplient en Allemagne à la faveur des risques de faillite.

“L’offre de Solarworld n’est possible qu’en cas de démantèlement de GM. Or ce n’est envisageable que si l’Etat américain dit +pardon, GM, mais on ne va rien faire pour toi!+. Rien n’indique que c’est ce qui va se passer”, argumente Stefan Bratzel pour l’AFP.

Ensuite, “se lancer dans l’industrie automobile quand on est étranger au secteur ne marche pas”, estime M. Stürmer, qui renvoie à l’exemple de Nicolas Hayek, “l’inventeur de Swatch qui avait voulu lancer seul la future Smart il y a une quinzaine d’années” et a dû se résoudre à un partenariat avec Daimler.

“A long terme, cela n’a aucun sens”, estime lui Albrecht Denninghoff, analyste de BHF-Bank, qui y voit cependant une solution de court terme pour régler les problèmes de liquidités d’Opel. “Il faut que Solarworld se lie à un constructeur européen ou mondial”.