Les jeux vidéo gardent la forme, mais ne sont pas à l’abri de la crise

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çons jouent à un jeu vidéo à Saint Petersbourg, en Floride, le 23 octobre 2008 (Photo : Jamie Squire)

[19/11/2008 15:21:16] MONTPELLIER, 19 nov 2008 (AFP) Le florissant secteur des jeux vidéo semble pour l’instant épargné par la crise, mais le contexte actuel pourrait aggraver les difficultés de certains éditeurs et relancer les manoeuvres de consolidation.

“En situation de crise, le divertissement tient une place très importante”, a estimé mercredi Laurent Michaud, lors du sommet annuel de l’Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate) à Montpellier.

A l’approche de Noël, période cruciale pour les jeux vidéo, les industriels se montrent donc plutôt confiants.

Du côté des consoles, les ventes ne montrent pas de signe de ralentissement, contrairement aux produits high-tech, et les constructeurs peuvent encore jouer sur les baisses de prix pour attirer les consommateurs, en particulier Sony qui propose la machine (PS3) la plus onéreuse.

Dans le cas de la France, près de 6 millions d’unités seront commercialisées cette année, contre 5 millions en 2007, déjà une année record, dans un marché dominé par la Wii du japonais Nintendo.

Même optimisme chez les éditeurs, comme le Français Ubisoft ou l’Américain Activision Blizzard (Vivendi), avec “World of Warcraft” et “Guitar Hero”, qui sortent des jeux en rafale en cette fin d’année.

En 2008, l’ensemble du marché est attendu en hausse de plus de 13% dans le monde, à 45 milliards d’euros.

En France, la croissance se situera “autour de 15%, à 3,4 milliards”, et “2009 devrait encore voir une progression avant un tassement pour les consoles, en attendant la prochaine génération” en 2012-2013, relève Tristan Bruchet, analyste de l’institut d’études GfK.

Selon lui, ce dynamisme s’explique par l'”élargissement de la cible des joueurs”, des femmes aux seniors, une tendance que la crise pourrait renforcer.

Les jeux grand public sont en effet plus accessibles que ceux sur console de salon, dont le prix peut “avoisiner 70 à 80 euros”, souligne M. Michaud.

“A très court terme”, poursuit-il, “les effets de la crise sur les jeux sur consoles seront marginaux, en revanche si elle se poursuit dans les 36 prochains mois, il est logique de penser qu’il va y avoir un détournement des acheteurs vers des jeux bien moins chers, sur consoles portables ou PC, ainsi que vers le marché de l’occasion”.

Certains acteurs du marché, déjà en difficulté risquent par conséquent de se retrouver fragilisés.

Electronic Arts est l’un d’entre eux: le groupe américain, récemment déchu du premier rang mondial, vient de revoir à la baisse ses objectifs et va supprimer 6% de ses effectifs. Mais pour Philippe Sauze, président de la filiale française, ces problèmes sont “plus liés à des réorganisations internes qu’au contexte économique”.

L’américain THQ fait également grise mine, entre l’abandon de plusieurs jeux en développement, la fermeture de cinq studios et la suppression de 250 emplois.

En cette période tourmentée, il fait figure de cible idéale, tout comme son compatriote Take-Two, même si celui-ci a dit vouloir garder son indépendance après l’échec de l’OPA d’Electronic Arts.

“Nous allons clairement assister à une consolidation dans le secteur, et même intra-sectorielle: les géants des médias aux Etats-Unis, comme TimeWarner, Viacom ou NewsCorp, qui souffrent eux du ralentissement de leur industrie traditionnelle, vont à très court terme acheter des éditeurs des jeux vidéo aux métiers très proches des leurs”, relève Charles-Louis Planade, analyste chez Arkeon Finance.

“Des gens comme Ubisoft sont des proies de choix”, conclut-il.