L’UE prévoit un plan de relance de 130 milliards d’euros

[19/11/2008 19:36:35] PARIS (AFP)

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économie Michael Glos à Berlin le 16 octobre 2008 (Photo : Axel Schmidt)

L’Union européenne envisage un plan de relance de 130 milliards d’euros devant le marasme croissant de l’économie mondiale et des marchés, qui contraint les constructeurs automobiles à multiplier les appels à l’aide.

La Commission européenne prévoit un plan de relance de la croissance qui “représenterait 1% du Produit intérieur brut de chaque Etat membre”, selon une porte-parole du ministre allemand de l’Economie Michael Glos.

Un porte-parole de la Commission a toutefois jugé “prématuré de discuter de la taille et de l’orientation détaillée de ce paquet” qui doit être adopté mercredi prochain.

La France et l’Allemagne vont auparavant tenter d’accorder leurs violons le 24 novembre lors d’un conseil franco-allemand largement consacré à la mise au point de “mesures concrètes” de relance.

Aux Etats-Unis, deux nouveaux indicateurs ont sapé le moral des investisseurs:

– Les mises en chantier de logements et le nombre de permis de construire, respectivement en recul d’un mois sur l’autre de 4,5% et 12%, ont chuté en octobre à leur plus bas niveau depuis 48 ans.

– Les prix à la consommation ont baissé en octobre de 1,0% par rapport au mois précédent, accusant la plus forte baisse mensuelle jamais vue.

Ce brusque recul de l’indice des prix alimente les craintes de déflation, un phénomène pernicieux de baisse prolongée des prix et de la consommation.

Ces chiffres “semblent indiquer une récession plus profonde que certains ne l’avaient anticipé”, relevait Anthony Conroy, de BNY ConvergEx Group.

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Le FMI le 19 novembre 2008 (Photo : Jacques Demarthon)

Après “la crise financière, même si elle est loin d’être terminée, la crise économique a pris le relais”, a estimé le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn.

Pour le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, la crise financière est désormais “aussi une crise de l’emploi”, qu’il faut combattre en développant les investissements pour l’environnement.

En Europe, où les valeurs automobiles et bancaires ont particulièrement souffert, la Bourse de Londres a lourdement chuté de 4,82% en clôture, Paris perdant 4,03%, Francfort 4,92%, Madrid 3,74% et Milan 2,90%.

A la Bourse de New York, le Dow Jones perdait 2,87% et le Nasdaq 3,71% vers 18H35 GMT.

Dans l’automobile, les patrons des “Big Three” américains General Motors, Ford et Chrysler tentent toujours de convaincre le Congrès de leur accorder un crédit-relais de 25 milliards de dollars pour éviter la faillite.

Favorable à cette demande, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, veut toutefois assortir cette aide de “conditions très strictes”: gel des primes et utilisation de technologies moins gourmandes en carburant.

Le PDG de Chrysler, Robert Nardelli, avait agité mardi l’épouvantail d’une faillite entraînant la suppression de 56.000 emplois, “sans un soutien financier immédiat” de l’Etat fédéral. Il s’est même dit prêt à se contenter d’un salaire annuel d’un dollar.

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étaire d’Etat américain au Trésor Henry Paulson le 18 novembre 2008 à Washington (Photo : Karen Bleier)

Mais le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, refuse qu’une partie des 700 milliards de dollars affectés au sauvetage du système financier serve à soutenir le secteur automobile.

Les constructeurs automobiles canadiens et européens craignent de leur côté d’être désavantagés face à leurs concurrents américains si ceux-ci reçoivent une aide publique.

En Europe, le président du groupe Fiat, Luca Cordero di Montezemolo a jugé mercredi “nécessaires” des mesures de soutien à l’industrie européenne, tandis qu’en Grande-Bretagne le secteur automobile a écrit une lettre en ce sens au gouvernement.

Face aux difficultés du secteur automobile, l’un des plus gros employeurs d’Europe, l’Union européenne s’oriente vers des mesures de soutien ciblées, pour encourager une reconversion vers les véhicules “verts”, de préférence à un plan de sauvetage classique.

“Il n’y aura pas de subventions, et d’ailleurs l’industrie ne demande pas de subventions”, a assuré le commissaire européen à l’Industrie Günter Verheugen.

L’association des constructeurs européens, ACEA, réclame 40 milliards d’euros de prêts à taux réduit pour financer le développement de véhicules plus verts.

Tous les moyens sont bons pour soutenir l’automobile: le président roumain Traian Basescu va échanger sa Volkswagen contre une Dacia Logan (groupe Renault) fabriquée localement.

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ût 2008 (Photo : Norbert Millauer)

En Allemagne, le groupe allemand d’énergie solaire Solarworld a créé la surprise en annonçant qu’il voulait racheter pour un milliard d’euros les sites allemands du constructeur automobile Opel, afin de devenir le premier producteur européen de voitures “vertes”.

Cette offre survient au moment où Opel, victime de la réduction de la demande et des difficultés de sa maison mère américaine General Motors, demande aux pouvoirs publics une garantie financière pour assurer sa survie. L’Etat régional allemand de Hesse (ouest) a adopté mercredi une loi portant sur l’octroi d’une garantie allant jusqu’à 500 millions d’euros.

Le constructeur automobile japonais Toyota va arrêter la production dans toutes ses usines aux Etats-Unis et au Canada pendant deux jours en décembre.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a donné la mesure de l’ampleur des difficultés : “C’est la première fois que le coeur de la finance des pays industrialisés est en jeu”, a-t-il déclaré.

Il a préconisé “des efforts conjoints des autorités, banques centrales et gouvernements” et du secteur privé qui “a un rôle essentiel à jouer pour sortir de cette situation”.

D’autres secteurs entrent à leur tour en crise.

Le numéro un mondial de la chimie BASF a annoncé un plan de réduction de sa production avec notamment un arrêt temporaire de 80 usines, touchant 20.000 salariés.

Confronté à la baisse de la demande des clients automobiles, le groupe chimique français Rhodia va réduire de 40% sa production sur ses trois sites français.

L’Espagne a désormais un pied dans la récession, avec la confirmation que son produit intérieur brut s’est contracté de 0,2% au troisième trimestre par rapport au précédent.

Le moral des industriels britanniques a continué de se dégrader en novembre, l’indice tombant à son plus bas niveau depuis 1980.

Les marchés asiatiques avaient terminé plus tôt en baisse, Tokyo perdant 0,66%, Hong Kong 0,77% et Séoul 1,9%. Shanghai a bondi de 6,05%.