Strauss-Kahn : le gel du crédit est moins “dur” mais pas terminé

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énéral du FMI, Dominique Strauss-Kahn lors d’une conférence de presse à Tunis le 18 novembre 2008 (Photo : Fethi Belaid)

[19/11/2008 18:24:10] PARIS (AFP) Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a jugé mercredi que la crise financière n’était pas terminée et que le gel du crédit, même s’il n’était “plus aussi dur” qu’auparavant continuait à empêcher le système financier de fonctionner.

“Le gel (du crédit) n’est plus aussi dur qu’il ne l’a été, moins qu’il y a six mois” mais “s’il y a un peu de circulation” de capitaux entre les banques, il n’y en a “pas assez pour que le système fonctionne bien”, a dit le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) au Conseil économique et social.

Il a précisé qu’après “la crise financière, même si elle est loin d’être terminée, la crise économique a pris le relais”.

Il table sur une sortie de crise “fin 2009”, et sur une croissance mondiale de quelque 2,2% l’an prochain.

M. Strauss-Kahn a fait valoir que les premières conséquences économiques sérieuses de la crise financières se sont fait sentir au printemps, et que le FMI avait alors publié les prévisions les plus pessimistes parmi toutes les institutions qui en produisent.

“Nous avons été très critiqués” par les pays membres du G7, a-t-il rappelé. Le gouvernement français avait notamment été irrité par des chiffres qu’il jugeait alors trop pessimistes.

Mais “malheureusement” le Fonds était en réalité “trop optimiste”, a poursuivi M. Strauss-Kahn.

Pour lutter contre la crise, il a appelé à utiliser la politique monétaire car le risque d’inflation a “totalement disparu, on parle même de déflation même si je pense que c’est exagéré”. Un appel indirect à la Banque centrale européenne pour baisser ses taux, comme M. Strauss-Kahn l’a déjà fait à plusieurs reprises.

Il a aussi mis en garde contre la “tentation du protectionnisme” et répété son appel aux pays “qui le peuvent” à recourir à des politiques de relance budgétaire.

“S’il y a un moment au cours des 50 dernières années où une réponse budgétaire coordonnée a fait sens, c’est aujourd’hui”, a-t-il dit, jugeant que partout où c’est possible les gouvernements devaient consacrer “environ 2% du produit intérieur brut” à la relance.

Les pays européens individuellement doivent, quand ils le peuvent, mener de telles politiques mais “on pourrait tout à fait concevoir que l’Union européenne elle-même s’engage” si elle disposait de “ressources propres et d’une capacité d’emprunt”.

Un plaidoyer en faveur d’une plus grande intégration de la zone euro chère à M. Strauss-Kahn.

Le patron du FMI a par ailleurs souligné que les ressources du Fonds étaient actuellement “suffisantes mais peuvent demain ne plus (l’)être” si l’ampleur de la crise s’accroît.

Vu la crise et l’intensification de la mondialisation, il a affirmé que “les institutions multilatérales” comme le FMI ou la Banque mondiale “sont beaucoup plus importantes aujourd’hui qu’hier” et doivent “jouer un rôle plus significatif”.

En revanche, il a critiqué les instances comme le G7 ou le G20 qui selon lui “fonctionnent mal”, ajoutant que la “gouvernance mondiale reste embryonnaire”.

A propos des pays en développement, M. Strauss-Kahn a souligné que les risques de famine n’avaient pas disparu et qu’il était “absolument décisif” que, malgré la crise, les pays riches fassent “attention à éviter la chute de l’aide” aux pays pauvres.

Face au problème de la faim, il s’est montré en faveur dans certains pays d’un retour aux “cultures vivrières”.

Enfin, il a refusé tout commentaire sur le vote des militants socialistes jeudi pour désigner un nouveau chef de parti.