à Bruxelles à une réunion pour une modification de la Politique agricole commune (PAC). (Photo : Dominique Faget) |
[20/11/2008 09:13:14] BRUXELLES (AFP) Les pays européens se sont mis d’accord jeudi matin, après des négociations marathon, pour réaménager la Politique agricole commune (PAC) via un relèvement progressif des quotas laitiers et une baisse des subventions à la production.
Ce compromis a été trouvé à l’issue d’une réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE à Bruxelles qui a duré quelque 18 heures.
“Nous sommes parvenus à un accord à la quasi-unanimité”, a déclaré à la presse le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier, dont le pays préside l’Union européenne.
Selon un diplomate, seule la Lettonie a refusé d’endosser le compromis car elle réclamait un rééquilibrage supplémentaire des aides agricoles de l’UE en faveur des “nouveaux” Etats membres dont elle fait partie.
“Cela n’a pas été facile”, a reconnu la commissaire européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel, en soulignant que “la question du secteur laitier a été extrêmement difficile” à régler.
Malgré tout, “nous serons assez bien équipés pour l’avenir” avec cette mini-réforme de la PAC, en attendant la “grande” pour l’après-2013, qui décidera de son futur budget, a-t-elle dit.
Les adaptations décidées viennent amplifier la précédente réforme de la PAC de 2003, en faisant davantage dépendre les prix et revenus du monde agricole de la loi de l’offre et de la demande sur le marché.
Dans le détail, les ministres se sont entendus pour relever de 1% pendant cinq ans les quotas laitiers, qui depuis 1984 limitent la production, en attendant leur disparition en 2015, déjà acquise.
Des aides de compensation sont prévues pour les éleveurs des zones fragiles de montagne, car certains pays comme l’Allemagne, la France et l’Autriche redoutent que l’ouverture des vannes de la production ne fasse chuter les prix et ne menace leur existence.
En outre, les 27 sont convenus de refaire le point en 2010 et en 2011 et de prendre le cas échéant “des mesures appropriées d’ajustement”, a dit M. Barnier.
Cette question a été la plus compliquée à gérer car les négociations se sont déroulées dans un contexte de grogne des producteurs de lait dans de nombreux pays, notamment en France, face à la baisse des prix depuis plusieurs mois, après leur pic de l’automne 2007.
A l’inverse, certains pays comme l’Italie souhaitaient eux voir les quotas disparaître tout de suite.
Le compromis octroie un régime préférentiel à Rome : la possibilité d’augmenter de 5% en une fois son quota dès 2009.
Par ailleurs, les subventions à la production agricole (“aides directes”) vont être davantage réduites pour pouvoir financer à la place des projets de protection de l’environnement ou de revitalisation des campagnes (le “développement rural” de la PAC).
Actuellement, l’UE ponctionne 5% des aides directes pour ces projets. Bruxelles voulait porter ce taux de prélèvement à 13%. Finalement, l’UE n’ira que jusqu’à 10%.
Les grandes exploitations seront aussi moins “taxées” que ce qui était souhaité à l’origine par Bruxelles, du fait de l’opposition de pays comme l’Allemagne et la Grande-Bretagne, qui ont défendu leurs grandes exploitations.
Le transfert des subventions vers l’environnement posait aussi problème aux Etats, qui ont l’obligation de cofinancer ces nouveaux projets.
Normalement, ils doivent apporter 50% des investissements nécessaires. Mais cette proportion a été ramenée à 25% dans le compromis, voire 10% pour les pays les plus pauvres de l’UE.