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[20/11/2008 17:26:55] PARIS (AFP) Trois géants de la chimie européenne viennent à leur tour d’annoncer la mise en sommeil temporaire d’usines employant des dizaines de milliers de salariés, nouvelle preuve de la lente propagation de la crise économique à tous les secteurs de l’industrie.
“On a l’habitude de dire que l’industrie chimique est le fournisseur de toutes les industries. A ce titre, lorsqu’un ralentissement de l’activité touche un secteur en aval, il remonte ensuite progressivement à elle”, explique Marc Livinec, conseiller sectoriel au sein de l’assureur-crédit Euler Hermès SFAC.
Après les sidérurgistes européens, les groupes de chimie sont à leur tour rattrapés par la crise qui secoue les constructeurs automobiles. En effet, ces derniers taillent dans leurs commandes de plastique, plexiglas, et polyamide, utilisé dans les textiles des habitacles.
Les groupes de chimie pâtissent aussi de la baisse d’activité dans le BTP, qui réduit ses achats de PVC, peintures, colles et vernis.
Jeudi, le chimiste français Arkema a ainsi annoncé qu’il allait réduire en décembre pendant deux semaines sa production sur douze sites dans le monde, dont neuf en France.
La veille, le géant allemand BASF avait part de la fermeture temporaire de 80 usines dans le monde et d’une réduction de production dans 100 sites supplémentaires. Des mesures qui toucheront un total de 20.000 salariés.
Chez le français Rhodia, la production va être réduite en fin d’année de 40% à 60% sur trois sites français qui produisent des polyamides et emploient au total 1.400 salariés.
ée du complexe pétrochimique d’Arkema à Lareva le 18 août 2008. (Photo : Patrick Valasseris) |
Ces baisses de production passent par des arrêts complets d’unités. Lorsqu’il n’est pas possible de stopper complètement les machines, elles sont mises “au ralenti”.
Pour les salariés, ces mesures sont synonymes dans un premier temps de congés ou formation forcés, avant le chômage partiel.
Au total, les volumes de production du secteur en Europe (hors pharmacie), qui emploie 1,2 million de personnes, devraient reculer en 2008 (-0,6% attendu), “pour la première fois depuis 2003”, selon le Comité européen du secteur (Cefic). En 2009, la baisse devrait atteindre 1,3%.
En France, elle devrait être de 0,7% fin 2008 et 0,8% en 2009, selon l’Union des industries chimiques (UIC).
En plus des baisses de production, les industriels pourraient aussi “geler un certain nombre d’investissements”, précise Daniel Marini, directeur des affaires économiques et internationales de l’UIC.
Sur le terrain de l’emploi, “des réductions d’effectifs sont probables dans les grands groupes et chez les sous-traitants”, estime l’économiste Jean-Louis Levet, directeur général de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires).
Au-delà de la simple adaptation de la production à la demande, les mesures annoncées ces derniers jours témoignent aussi selon lui d’un “souci d’anticiper l’année 2009”, qui s’annonce difficile.
M. Livinec se veut rassurant: les chimistes sont aujourd’hui “plus résistants à un retournement de cycle” grâce à leur “internationalisation” et la profonde restructuration engagée dans le sillage de la crise du début des années 2000.
En outre, les prix du pétrole, qui volaient de record en record début 2008, les ont incités à prendre de nouvelles mesures de réduction des coûts, souligne-t-il.
Certains salariés de Rhodia craignent toutefois que les baisses de production s’étendent progressivement aux sites qui fabriquent les produits de base pour les cosmétiques et les arômes utilisés par les industriels de l’agro-alimentaire.
Les syndicats du groupe ont appelé jeudi à des débrayages sur douze sites français pendant une semaine à partir de jeudi.