ésident du syndicat agricole FNSEA Jean-Michel Lemétayer (C), le 12 novembre 2008 à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
[20/11/2008 17:34:29] PARIS (AFP) Les syndicats agricoles français, dont le principal, la FNSEA, les coopératives et les Chambres d’agriculture ont dénoncé jeudi l’accord sur la politique agricole commune (PAC), y voyant une volonté de poursuivre la dérégulation du secteur, sur les quotas laitiers notamment.
Le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier a au contraire estimé que le réaménagement de la PAC n’a pas conduit à la fragiliser: “je n’ai pas le sentiment d’une PAC affaiblie”, a-t-il déclaré, avant d’affirmer qu’elle “a été adaptée, rénovée” et qu’elle avait conservé ses “outils” de régulation.
La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a qualifié de “décision irresponsable” le relèvement des quotas laitiers (1% par an) avant leur disparition en 2015.
Le syndicat craint une augmentation de la production et parallèlement une baisse des prix, alors que les producteurs français sont en conflit depuis plusieurs semaines avec les industriels sur les prix du lait. Les premiers souhaitent baisser les tarifs, ce que refusent les seconds, qui mettent en avant la hausse de leurs charges.
La France, après l’Allemagne, est le deuxième pays producteur de lait en Europe.
“Que va-t-on dire aux producteurs alors que le prix du lait va baisser les prochains mois et qu’il va encore plus baisser l’année prochaine?”, a déclaré à l’AFP Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA.
“En pleine crise financière, décider d’augmenter la production laitière alors que le marché est déjà saturé, c’est clairement vouloir que les prix baissent chez les producteurs”, a-t-il affirmé. Pour lui, “cet accord symbolise la fin de la régulation des marchés”.
Pour les Jeunes Agriculteurs (JA, proche de la FNSEA), “le constat est désolant” en raison du “processus irrémédiable de démantèlement des outils de gestion des marchés”.
Deux autres syndicats agricoles, la Confédération paysanne et la Coordination Rurale (CR), ont aussi dénoncé ce volet sur les quotas laitiers.
Qualifiant le compromis de “scandaleux, injuste et dangereux”, la Confédération paysanne s’est indignée de la suppression des quotas “au moment même où les laiteries baissent leur prix d’achat aux paysans pour cause de surproduction”.
La CR a regretté la “dérégulation de la production et du marché, en particulier du lait”, estimant que “les décideurs européens n’ont pas saisi l’occasion qui leur était offerte de donner une nouvelle direction à la PAC”.
Même son de cloche aux Chambres d’Agriculture: le compromis de jeudi “détricote méthodiquement tous les outils” de régulation pour “sécuriser” le secteur stratégique de l’alimentation.
Selon elles, “l’orientation initiale de libéralisation du système actuel a été consacrée” dans le réaménagement annoncé jeudi.
Pour les coopératives, très présentes dans le secteur agricole, ce “triste compromis” marque “la dernière étape vers la dérégulation des marchés”.