Dijon perd sa moutarde et plusieurs centaines d’emplois

[20/11/2008 19:07:08] DIJON (AFP)

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ût 1999 (Photo : Samira Bouhin)

Dijon perd sa moutarde: Amora Maille, racheté en 2000 par Unilever, a annoncé jeudi la fermeture de son site historique de la capitale bourguignonne, fondé en 1900, et de deux autres usines en Bourgogne.

“C’est une bombe!” s’insurge Sylvain Pépin, syndicaliste CFDT, réagissant à ces fermetures prévues d’ici le 31 décembre 2009.

“La fermeture de l’usine de Dijon, qui date de plus d’un siècle, et de celle d’Appoigny (Yonne) entraînera la suppression de 296 emplois”, précise-t-il, alors que la direction ne parle que de “265 suppressions de postes”.

La cité des Ducs de Bourgogne est sous le choc. Et le préfet a le premier réagi en appelant à “une mobilisation exceptionnelle du service public de l’emploi pour accompagner cette restructuration”.

Créée en 1752 par le Dijonnais Jean Naigeon, la moutarde bénéficie d’une appellation contrôlée grâce à un décret gouvernemental de septembre 1937.

Depuis elle était étroitement associée au nom de la capitale de la Bourgogne et sa réputation dépasse les frontières.

Mais le temps des vaches maigres est arrivé avec notamment l’envolée du prix de la graine de moutarde, principalement importée du Canada, qui a augmenté de 144% en un an.

Et jeudi le couperet est tombé avec “ce projet d’organisation” d’Amora Maille “visant à rassembler ses forces en Bourgogne”.

Car, affirme la direction, la “production de l’usine de Dijon a baissé de près de 42% depuis 2002” et le site d’Appoigny “n’est utilisé qu’à moins d’un quart de sa capacité”.

Les activités industrielles seraient ainsi “concentrées à Chevigny”, près de Dijon, pour “répondre à la nécessité de consolider et de simplifier l’activité industrielle et pour retrouver sa compétitivité dans un contexte économique tendu”, souligne la direction.

Dans cette optique, “un pôle +Recherche et Développement+ dédié aux produits fabriqués à l’usine” sera implanté à Cevigny et “10 millions d’euros investis pour en faire un site de référence en Europe pour la fabrication des mayonnaises, moutardes, vinaigres et cornichons”, affirme le moutardier.

Pas de quoi consoler les syndicats, qui assurent avoir retenu la direction pendant une heure dans la salle du comité d’entreprise jeudi.

Des syndicats qui craignent l’externalisation de toute la production, “en Pologne, en Turquie et en République tchèque, comme c’est déjà le cas pour les épices, le ketchup et les vinaigrettes”, selon Sylvain Pépin.

Le groupe Amora Maille compte 453 salariés, dont 184 dans ses deux usines de Dijon, 192 à Chevigny (Côte-d’Or) et 77 à Appoigny, selon la direction.

Le groupe, passé sous la coupe d’Unilever en 2000, sera en inventaire vendredi. Et les syndicats ne prévoient pas d’action dans l’immédiat.