[21/11/2008 14:31:15] PARIS (AFP)
é à Lille, en octobre 2008 (Photo : Denis Charlet) |
Après un rebond en septembre, la consommation des Français a marqué un coup d’arrêt en octobre, pénalisée par le ralentissement économique et les craintes de remontée du chômage, un mauvais signal pour la croissance au quatrième trimestre.
Les dépenses de consommation des ménages français en produits manufacturés ont reculé sur le mois de 0,4%, après avoir progressé en septembre de 0,5%, a annoncé vendredi l’Institut national de la statistique.
Ce coup de frein s’explique, selon les analystes, par un contexte économique très incertain, notamment en matière d’emploi.
En effet, alors que la menace inflationniste qui avait déprimé le pouvoir d’achat des Français au premier semestre s’est estompée, les craintes d’une forte remontée du chômage ont depuis pris le relais.
Conséquence : le moral des ménages est à son plus bas historique et les ménages jugent peu opportuns d’effectuer des achats importants.
Les destructions d’emploi enregistrées aux deuxième et troisième trimestre conduisent par ailleurs à une “modération des revendications salariales” qui pèse sur le pouvoir d’achat, souligne Nicolas Bouzou, chez Asterès.
“Dans un contexte de dégradation très marquée de la conjoncture internationale, de remontée du chômage et de baisse du moral des ménages, on aurait pu craindre une contraction beaucoup plus brutale” de la consommation, observe toutefois Alexander Law, du cabinet Xerfi.
En octobre, les dépenses de consommation en biens durables ont notamment reculé de 0,4% (après +0,3% en septembre) sous l’effet de la baisse des achats des ménages en automobiles (-0,9% après +0,6%).
Confrontés à une crise mondiale, les constructeurs Renault et PSA ont annoncé des baisses massives de production et s’attendent à ce que les ventes continuent de décliner dans un avenir proche.
Les dépenses de consommation en textile-cuir se sont aussi repliées de 0,6% après un net rebond en septembre (+2,8%). “Lorsqu’il y a des tensions sur le pouvoir d’achat, on tend naturellement à privilégier les achats utiles et on reporte ceux jugés non nécessaires : l’habillement-cuir fait partie des victimes”, explique Alexander Law.
L’équipement du logement a résisté, les dépenses progressant de 0,2% comme en septembre.
“A l’approche des fêtes de fin d’année, les produits de l’électronique grand public devraient continuer de bien se comporter”, estime Alexander Law. “Toutefois, le meuble devrait souffrir de la paralysie du marché immobilier”, poursuit l’économiste.
Alors que la consommation reste le principal moteur de la croissance française, son repli en octobre fait redouter un nouveau recul du Produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre.
Après une hausse de 0,1% au troisième, qui a permis à la France d’échapper de justesse à la récession, Nicolas Bouzou s’attend ainsi à un recul du PIB de 0,4% au dernier trimestre.
La chute des prix du pétrole et le reflux de l’inflation laissent toutefois entrevoir un rebond futur du pouvoir d’achat des Français.
Le repli attendu des prix à la pompe “ainsi que la baisse de l’ensemble des prix énergétiques et des matières premières devraient fournir une marge de manoeuvre supplémentaire pour la consommation des fêtes de fin d’année”, relève ainsi Marc Touati, chez Global Equities.