émocrate le 28 août 2008 à Denver (Photo : Doug Pensinger) |
[21/11/2008 12:15:46] PARIS (AFP) La campagne très offensive de Barack Obama sur internet, incontestablement l’un des facteurs de son succès, inspire les partis politiques français qui investissent de plus en plus les sites communautaires du web 2.0 en espérant élargir leur audience.
L’UMP entend renforcer sa présence sur la toile via “les réseaux sociaux” du type Facebook qui revendique aujourd’hui 4,1 millions d’inscrits en France, et sur lequel elle s’était positionnée dès juillet 2007. L’interaction ne se fait plus seulement avec le contenu des pages mais entre les utilisateurs eux-mêmes.
Selon plusieurs responsables du parti présidentiel, l’objectif est de constituer “un grand parti de supporteurs plus que de militants”, dont le nombre accuse un reflux depuis 2007, tout comme au parti socialiste. En ligne de mire: la présidentielle de 2012.
Une cellule élyséenne, proche de Nicolas Sarkozy – le sondeur Pierre Giacometti, le communicant Christophe Lambert, le publicitaire Jean-Michel Goudard et le journaliste Patrick Buisson – réfléchit déjà aux moyens d’arriver à “un parti de masse sur la toile”.
“Il y a une réunion chaque semaine avec les responsables de l’UMP”, explique Thierry Solère. Pour le secrétaire national en charge du numérique, il s’agit de développer une véritable “marque UMP”.
égolène Royal à la présidentielle 2007, le 4 décembre 2006 (Photo : Christophe Simon) |
L’achat de mots-clés pour multiplier les accès aux contenus du site UMP s’inscrit dans cette stratégie. Autre méthode: multiplier les débats avec les internautes. “L’idée, c’est de créer du buzz autour des sujets de société” pour conquérir “de nouveaux publics”, selon Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire général adjoint de l’UMP.
Ces positionnements sur le net ont un coût, et “donnent forcément aux grands partis une plus grande marge de manoeuvre pour mobiliser”, selon M. Solère.
“On se sert de communautés particulières -amicales, professionnelles, géographiques…- pour déclencher un phénomène général d’activation” sur le modèle des “leaders d’opinion”, explique Thierry Vedel, politologue à Sciences-Po.
Ségolène Royal s’y était essayée en 2006 avec desirsdavenir.org sur un web balbutiant. “Il fallait s’inscrire. Aujourd’hui, Facebook vient vous chercher”, explique M. Vedel.
Mais, pas sûr que cela réussisse car, pour M. Vedel, “l’appétence pour la politique est beaucoup plus forte en période électorale” qu’en temps ordinaire.
Jeune rival de Mme Royal dans la course au premier secrétariat du parti socialiste, Benoît Hamon a utilisé à fond les sites internet à succès, avec une page et un profil Facebook.
élection présidentielle, le 4 avril 2007 à Paris (Photo : Thomas Coex) |
“Le vieux modèle du militantisme est moribond, décrypte M. Vedel. A l’implication permanente, sacrificielle, idéologique, les gens préfèrent une vision plus contractuelle, pragmatique et ludique. S’ils veulent bien donner, ils veulent aussi recevoir”.
Mais la législation française n’offre pas autant de latitude que les campagnes américaines où les candidats enregistrent des informations sur les internautes très utiles pour orienter leur stratégie de conquête. Un fichage interdit dans notre pays.
Reste que les échanges sur les réseaux peuvent avoir valeur de “sondages permanents” et gratuits de l’opinion, “comme des micros dans les bistrots et les taxis”, souligne M. Vedel.
L’émergence de cette nouvelle forme de militantisme politique “virtuel” ne peut cependant se passer d'”événements réels”, insiste le politologue.
“Attention de ne pas désincarner totalement le parti”, avertit un responsable de l’UMP. “On aura toujours besoin des cars de militants et des meetings” pour faire campagne, assure un autre.