Crise ou pas, Dubaï inaugure en fanfare un nouvel hôtel de grand luxe

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à l’inauguration de l’hôtel Atlantis, The Palm, à Dubai le 20 novembre 2008 (Photo : Karim Sahib)

[21/11/2008 15:20:40] DUBAI (AFP) Ignorant la crise économique et financière mondiale, Dubaï, émirat arabe du Golfe coutumier des excès et des records, a inauguré en fanfare jeudi soir un nouvel hôtel de grand luxe bâti sur une île artificielle par une party extravagante de 20 millions de dollars.

La fête s’est achevée tard dans la nuit par un gigantesque feu d’artifice qui a illuminé toute la côte de l’émirat.

Plus de 2.000 personnalités avaient été invitées par la société Kerzner International et son partenaire local, le promoteur immobilier Nakheel, qui est contrôlé par l’émirat, pour l’inauguration officielle de “Atlantis, The Palm”, un cinq étoiles qui a en fait ouvert ses portes en septembre.

L’hôtel s’élève à la pointe de “Palm Jumeirah”, la première des trois îles artificielles en forme de palmier en cours de construction par Nakheel.

“Là où nous nous trouvons maintenant, c’était de l’eau il y a cinq ans”, a déclaré dans une allocution Sultan Ahmad ben Sulayem, le PDG de Nakheel.

Cette soirée s’est déroulée alors même que Dubaï, dont la prospérité repose sur l’immobilier et le tourisme, commence à ressentir les effets de la crise économique et financière dont il se croyait à l’abri.

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é lors de l’inauguration de l’hôtel “Atlantis the Palm” à Dubai le 20 novembre 2008 (Photo : Karim Sahib)

Le gouvernement de l’émirat a ainsi annoncé la création d’une commission pour évaluer l’impact de la crise sur Dubaï et proposer les mesures nécessaires pour venir en aide à certains secteurs, notamment la banque et l’immobilier.

Le gouvernement des Emirats arabes unis, dont Dubaï est l’une des sept composantes, a déjà mis 32,6 milliards de dollars à la disposition des banques du pays pour prévenir une crise de liquidités.

Mais malgré ce soutien, les banques ont considérablement restreint l’octroi de crédits, amenant certains promoteurs immobiliers de Dubaï à procéder à des licenciements.

Nakheel elle-même a dû annoncer il y a quelques jours un ralentissement de ses activités, alors même que la construction de ses trois îles en forme de palmier est loin d’être achevée.

Le président de Kerzner International, le magnat sud-africain Sol Kerzner, 73 ans, a d’ailleurs admis que son projet d’expansion de “Atlantis, The Palm” devrait attendre des jours meilleurs.

“Nous avons achevé les plans. Quant à savoir quand nous commencerons la construction, cela dépendra de l’environnement” économique, a-t-il déclaré cette semaine dans une interview à l’AFP.

“Nous irons de l’avant quand le moment sera venu, quand le financement sera disponible, parce qu’en ce moment, nous ne pouvons pas trouver de financement”, a-t-il admis, tout en refusant de dévoiler le montant de l’investissement.

Kerzner International a déjà subi l’impact de la crise. La société vient ainsi de licencier 800 employés du premier Atlantis, situé aux Bahamas.

Mais M. Kerzner et le président de Nakheel avaient mis de côté ces soucis jeudi soir, le temps d’une de ces fêtes dont Dubaï, un émirat pourtant socialement conservateur, raffole, où l’alcool coulait à flot et où dignitaires locaux vêtus de la traditionnelle “thobe” (tunique blanche) pour les hommes et de l'”abaya” (longue robe noire) pour les femmes côtoyaient des jeunes femmes à la tenue nettement plus légère.

Parmi les invités, figuraient des acteurs (Robert De Niro), des chanteurs (Janet Jackson), mais aussi des hommes d’affaires (Richard Branson) et d’anciens champions (Boris Becker et Michael Jordan).

Le feu d’artifice avait été précédé par un concert de la chanteuse australienne Kylie Minogue.

M. Kerzner a indiqué à l’AFP que la facture de 20 millions de dollars “incluait tout” et que l’investissement était justifié par l’importance du projet.

L’Atlantis, qui compte 1.539 chambres et est formé de deux bâtiments massifs de couleur rosâtre reliés par un pont abritant une suite, est déjà devenu une attraction pour les touristes, au même titre que le célèbre “Burj Al-Arab”, le seul “7 étoiles” du monde.