Le bureau “open-space”, critiqué par certains salariés, tente d’évoluer

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és travaillent, le 5 décembre 2006 dans un centre d’appels de l’institut de sondage Ipsos à Ivry-sur-Seine. (Photo : Eric Feferberg)

[21/11/2008 15:15:15] PARIS (AFP) Les bureaux “open-space”, sans porte ni cloison, entraînent le désarroi de beaucoup de salariés qui se plaignent de mauvaises conditions de travail, auquel les entreprises tentent de répondre, notamment en recréant de petits espaces de “convivialité”.

A l’instar des start-up, environ 60% des entreprises françaises ont développé des “bureaux ouverts”, souligne Actinéo, l’observatoire de la qualité de vie au bureau. Ces “bureaux paysagés” ou espaces partagés, peuvent compter jusqu’à plusieurs centaines de salariés, qui parfois n’ont pas de postes de travail dédiés.

Outre la nécessité de réduire les coûts immobiliers, les employeurs évoquent la nécessité d’une meilleure efficacité grâce à une plus grande communication entre les salariés.

Ainsi, au siège français de Coca-Cola, passé en open-space depuis 2002, “cela a permis d’améliorer la créativité et le travail en équipe”, analyse Yves Picot, responsable des services généraux du groupe.

Sodexo, converti au “full open-space” cette année à l’occasion d’un déménagement et malgré le désaccord de certains salariés, veut surtout “améliorer la fluidité des communications et la performance”, et “favoriser le sentiment d’appartenance et l’esprit d’équipe”, selon Laurent Voisin, de la direction des ressources humaines.

Mais pour l’un des deux auteurs du récent ouvrage “L’open-space m’a tuer” (Hachette) Alexandre des Isnards, — qui a travaillé pendant dix ans dans des “bureaux ouverts”–, “l’open-space n’est pas le paradis que tout le monde croit”.

“Les gens ne sont pas plus efficaces. On travaille mieux dans un espace cloisonné”, affirme-t-il. “En open-space, on est déconcentré par les conversations des autres, leurs appels téléphoniques, tout le monde s’agite, et on prend le stress des collègues”, explique-t-il.

Ces conditions sont accentuées en fonction du poste occupé, si l’on est sur un lieu de passage, près d’une fenêtre ou d’une climatisation par exemple.

De plus, les espaces partagés instaurent “la surveillance des uns par les autres”, souligne-t-il. Les salariés “s’auto-surveillent”, entraînant des situations incongrues, où le regard des autres pousse à reculer le moment de quitter le bureau même si l’on a fini son travail, de peur d’être “mal vu”.

“Avec les open-space, on nie l’activité des salariés et on ne s’intéresse qu’au résultat”, dénonce de son côté Vincent Neveu, délégué CGT au Technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines), qui estime que “les bureaux paysagés, issus des méthodes tayloriennes du travail, aggravent le mal être et le stress au travail”.

Mais pour Alain d’Iribarne, chercheur au CNRS, “l’open-space n’est qu’une composante de l’organisation du travail. On ne peut pas l’accuser d’être responsable de la compétitivité accrue et de la mise sous pression des salariés, cela dépend plus de la philosophie manageriale de l’entreprise”.

Selon lui, la solution passe par “un compromis”, car “les immenses plateaux dépersonnalisés ne marchent pas”. “On voit apparaître des espaces plus fragmentés, qui prennent en compte la confidentialité, avec des organisations en petites équipes”.

Coca-Cola et Sodexo ont installé, en plus des open-space, des “espaces de convivialité” et des petites salles de réunion pour permettre à ceux qui le souhaitent de s’isoler.

Chez Coca-Cola, pour éviter les problèmes d’acoustique, les open-space ont même été réduits à des groupes de huit salariés maximum. Dans ces espaces, chacun a son poste de travail personnalisé, sur lequel il peut accrocher des photos. Et a droit à une plante verte, manière de se recréer une intimité.