Citigroup : sauvetage, rachat? le marché attend une annonce avant lundi

[21/11/2008 21:19:18] NEW YORK (AFP)

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à Washington (Photo : Mandel Ngan)

Citigroup, naguère premier groupe bancaire mondial aux ambitions universelles, lutte à son tour pour garder son indépendance, et le marché attendait vendredi une annonce décisive avant lundi, à l’instar des sauvetages de banques américaines dans l’urgence cette année.

Les investisseurs accordaient un crédit très sérieux à des informations de presse affirmant que sa direction examine des stratégies autres que celle menée jusque-là, prévoyant la cession de certaines activités, voire une vente de l’entreprise pure et simple.

Le groupe a refusé de commenter ces informations, répétant qu’il maintenait sa stratégie d’indépendance.

“Nous sommes concentrés sur l’exécution de notre stratégie, prévoyant des réductions ciblées de dépenses et de notre portefeuille d’actifs, et nous en verrons les bienfaits sur la durée”, a indiqué la banque dans une brève déclaration à l’AFP.

“Citigroup a une situation de capital et de liquidités très solide, et une assise mondiale unique”, a-t-elle ajouté.

Des éléments qui n’ont pas rassuré le marché, qui continuait de parier contre l’action.

Le titre Citigroup chutait de 33% à 3,10 dollars vendredi vers 20H00 GMT. L’action a perdu près de 70% de sa valeur sur le seul mois de novembre.

“Quand il y a une perte de confiance du marché, si on ne stabilise pas la situation avec une intervention forte, le sort de la banque est très incertain”, renchérit pour sa part Gregori Volokhine, analyste de Meeschaert New York.

“La situation est totalement similaire à ce qui est arrivé à Bear Stearns et à Lehman Brothers. Si leurs titres n’avaient pas été poussés à la baisse, ces compagnies auraient survécu”, plaide-t-il.

“Il faut qu’il se passe quelque chose d’ici lundi”, poursuit-t-il. “Les autorités ont montré ces derniers mois qu’elles pouvaient agir rapidement”.

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Fiche de Citigroup

Interrogé par l’AFP, le département du Trésor a indiqué “surveiller la situation du groupe” et être en contact avec ses responsables.

Les autorités fédérales ont piloté le sauvetage de la banque d’investissement Bear Stearns en mars, qui a été rachetée par JPMorgan pour lui éviter la faillite. Quant à Lehman Brothers, autre enseigne phare de Wall Street, les autorités avaient échoué à lui trouvé un repreneur, faut de vouloir accorder systématiquement des prêts très avantageux aux sauveurs des banques américaines. Lehman a été contraint au dépôt de bilan le 15 septembre.

Depuis, la transformation du secteur s’est intensifiée sous la supervision de Washington, entre rachats, changements de statut bancaire, recapitalisation par des fonds publics ou encore nationalisation, des opérations toutes annoncées sur fond de débâcles boursières.

Pour Frederic Dickson, analyste chez DA Davidson, “Wall Street sera à l’affût de toute information sur Citi ce week-end, pour voir si la banque trouve un partenaire pour un rapprochement ou si elle propose un plan de restructuration qui permettre de débloquer de la valeur pour les actionnaires”.

Les marges de manoeuvre semblent limitées.

La structure tentaculaire de Citigroup rend le groupe assez indigeste à avaler, de l’avis de plusieurs analystes.

Avec 2.000 milliards de dollars d’actifs, cela “limite le nombre de candidats capables de racheter un tel géant”, soulignent les analystes du site briefing.com.

Autre élément dissuasif, l’opacité de l’exposition restante de Citigroup à des actifs “toxiques” –structurés sur des créances à risques de type subprime, et aujourd’hui invendables–, en raison d’un recours massif aux structures hors bilan par la banque ces dernières années pour effectuer ces placements.

D’autant que le Trésor a abandonné le 12 novembre son intention de racheter les actifs toxiques des banques.

Washington, qui a déjà débloqué 25 milliards pour Citigroup, a aussi dit mardi ne plus vouloir toucher au solde des 700 milliards du plan d’aide au secteur avant l’arrivée de l’administration de Barack Obama en janvier.