Moscou menace de laisser l’Ukraine sans gaz cet hiver

[22/11/2008 17:25:52] MOSCOU (AFP)

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à Severodvinsk (Photo : Alexey Druzhinin)

Le géant gazier russe Gazprom a menacé samedi de cesser ses livraisons à l’Ukraine à partir du 1er janvier si les deux pays ne s’entendent pas d’ici là sur un nouveau contrat, mettant une nouvelle fois en péril les livraisons de gaz à l’Europe.

“Nous souhaiterions éviter un tel scénario, nous souhaiterions nous mettre d’accord sur tout avant le Nouvel an mais vous comprendrez que nous ne pouvons pas livrer du gaz sans contrat”, a affirmé le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov (bien Kouprianov), cité par l’agence Interfax.

Selon lui, les négociations entre la Russie et l’Ukraine achoppent sur la question de la dette ukrainienne.

Jeudi, le président russe Dmitri Medvedev avait exigé que l’Ukraine rembourse à Gazprom, une société contrôlée par l’Etat russe, sa dette évaluée à 2,4 milliards de dollars par Moscou.

Kiev est très dépendant de la Russie pour ses approvisionnements en énergie. L’interruption des livraisons de gaz russe à l’Ukraine pourrait aussi avoir un impact sur la réalisation des contrats gaziers avec l’Europe

Un sérieux conflit dans le domaine gazier entre Russes et Ukrainiens avait déjà conduit en janvier 2006 à une brève interruption des livraisons vers l’Europe, la quasi-totalité du gaz russe destiné à l’Union européenne transitant par l’Ukraine.

M. Kouprianov a précisé que le remboursement “complet et sans conditions” par l’Ukraine de sa dette avait fait l’objet d’un accord signé le mois dernier par le Premier ministre Vladimir Poutine avec son homologue ukrainienne Ioulia Timochenko mais que cet engagement n’avait toujours pas été honoré.

Commentant les exigences du président russe, la compagnie ukrainienne Naftogaz, également contrôlée par l’Etat, a déclaré qu’elle n’avait pas de dette vis-à-vis de Gazprom mais qu’elle devait 1,26 milliard de dollars à RosUkrEnergo, l’intermédiaire commercial des échanges russo-ukrainiens de gaz.

Le patron de Gazprom Alexeï Miller a déclaré jeudi que le prix du gaz facturé à l’Ukraine pourrait être porté à plus de 400 dollars les 1.000 m3, contre 179,5 dollars actuellement, un niveau largement inférieur aux tarifs pratiqués à l’égard de l’Europe.

“Dans le cadre du passage à des relations de marché dans le domaine des livraisons de gaz à l’Ukraine, le prix pourrait s’établir à plus de 400 dollars à compter du 1er janvier 2009”, a dit M. Miller.

L’accord signé par les chefs des gouvernements des deux pays prévoit “un passage graduel aux prix de marché” d’ici à 2011, mais à condition que l’Ukraine rembourse sa dette, a commenté M. Kouprianov.

“Si les conditions de l’accord seront quand-même remplies, on pourra parler” d’un autre prix, inférieur au 400 dollars les 1.000 m3, a-t-il dit.

Gazprom et Naftogaz n’étaient pas joignables samedi pour un commentaire.

Vendredi, le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, en conflit avec son Premier ministre Mme Ioulia Timochenko, a ordonné au gouvernement de payer la dette, le tenant pour responsable du conflit avec Moscou.

Les erreurs du gouvernement risquent d’entraîner “la colonisation de l’Ukraine”, a-t-il affirmé, dans un communiqué.

Le nouveau conflit gazier intervient au moment où la crise financière mondiale frappe les économies des deux pays, particulièrement celle de l’Ukraine.

Début novembre, le Fonds monétaire international (FMI) a accordé à l’Ukraine un prêt de 16,4 milliards de dollars (12,8 milliards d’euros) destiné à aider ce pays à surmonter les difficultés nées de la crise.