L’économie européenne frappée par la crise secteur après secteur

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Logo de l’euro (Photo : Boris Roessler)

[23/11/2008 08:40:41] BERLIN (AFP) Après l’industrie automobile, la chimie, les transports, la construction de logements sont frappés par la crise économique en Europe et tout porte à croire que la liste des sinistrés va s’allonger.

Les difficultés de la branche automobile, première à subir les effets de la crise financière et la raréfaction du crédit, ont déjà rejailli sur les équipementiers et sous-traitants, mais aussi sur les secteurs de la chimie et de la sidérurgie, qui fournissent les constructeurs.

Cette semaine, le géant allemand de la chimie BASF a annoncé un arrêt temporaire de 80 usines, touchant 20.000 salariés, tandis que le français Rhodia va réduire de 40% sa production sur ses trois sites français.

Leurs concurrents ne devraient pas être en reste, le CEFIC, conseil européen des industriels de la filière, prévoyant un recul de la production chimique (hors pharmacie) de 1,3% en 2009.

Les groupes sidérurgiques devraient enregistrer des résultats “en baisse de 43% en 2009” en Europe, selon la banque d’affaires américaine JPMorgan. Le numéro un mondial du secteur ArcelorMittal a annoncé début novembre une diminution de 35% de l’ensemble de sa production au quatrième trimestre 2008.

“Chaque branche ressent le ralentissement parce que tous les domaines de l’économie sont liés les uns aux autres”, constate Jörg Krämer, économiste à la Commerzbank.

“Au delà des reports de projets d’investissements, les difficultés de trésorerie vont se multiplier ce qui entraînera de nombreuses faillites”, prévient la dernière étude du numéro un mondial de l’assurance-crédit Euler Hermes, appartenant au groupe allemand Allianz.

La zone euro est entrée en récession pour la première fois depuis sa création en 1999. L’OCDE ne prévoit une reprise de la croissance en Europe qu’à partir de 2010, mais attend une montée du chômage dans les deux années à venir.

Frappée elle aussi par le renchérissement du crédit, la construction de logements baisse partout en Europe et “il est hasardeux de prévoir une amélioration sensible (…) avant la fin de la décennie”, ajoute Euler Hermes.

Dans le secteur tertiaire, l’impact de la crise s’annonce aussi sérieux.

Les publicitaires pâtissent directement des déboires de la branche automobile, qui constitue traditionnellement une manne pour la filière.

En Allemagne, entrée en récession au troisième trimestre pour la première fois depuis cinq ans, les constructeurs automobiles ont réduit d’environ 10% leurs dépenses publicitaires en 2008, selon la fédération allemande des publicitaires (ZAW).

Le groupe d’affichage et de mobilier urbain JCDecaux, numéro un mondial, a abaissé sa prévision de croissance de son chiffre d’affaires 2008, en raison de la détérioration du marché publicitaire.

Quand la production de marchandises destinées à l’exportation est en berne, le fret suit.

Le port de Hambourg, le plus grand d’Allemagne et le deuxième en Europe, a connu un ralentissement rapide de son volume de fret au troisième trimestre et “si cette tendance se poursuit, le volume commercial chutera en 2009 pour la première fois depuis 1982”, selon une nouvelle étude d’analystes de la banque suisse UBS.

Face à un recul généralisé de la demande, le transport aérien a connu en septembre pour la première fois depuis cinq ans une baisse du trafic passagers international et la pire chute du fret depuis sept ans, a annonce l’IATA.

Le numéro un du transport aérien européen Air France-KLM comme son rival Lufthansa se montrent très prudents sur les perspectives 2009.

Même le marché mondial du luxe va connaître en 2009 “sa première récession en six ans”, avance le conseil en stratégie Bain & Company. L’Europe, premier marché du luxe, va voir sa croissance ralentir de moitié en 2008 par rapport à 2007, à 5%, prévoit-il.