ès de Savelletri, sur la côte adriatique italienne (Photo : Mario Laporta) |
[23/11/2008 11:10:20] PARIS (AFP) Malgré la crise financière, de luxueux parcours de golf continuent à sortir de terre à l’Ile Maurice, au Maroc ou en Turquie, qui se disputent les touristes dotés d’un fort pouvoir d’achat, dans un marché en berne.
“Un golfeur en vacances dépense entre 50 et 100% de plus qu’un touriste moyen, que se soit au restaurant ou au spa, d’où le souci des destinations touristiques de développer ce secteur”, explique Peter Walton, directeur général de l’Organisation internationale des tour-opérateurs de golf (IAGTO).
Le pari est risqué au moment où les réservations pour les voyages de golf fléchissent, à l’image de l’ensemble du secteur touristique. “Il faut s’attendre à un ralentissement en 2009, mais il y aura un fort rebond en 2010”, prévoit-il.
Niché entre l’Océan Indien, des roches volcaniques et des champs de canne à sucre, le golf 18 trous d’Anahita à l’Ile Maurice (côte est) a été inauguré en pleine tourmente financière. Son coût: 25 millions de dollars, soit 1,4 million de dollars par trou.
“Pour l’heure, la fréquentation des golfs à Maurice résiste à la crise. Dans le haut de gamme, on s’en sort mieux que les autres, nos clients continuent à voyager”, assure le directeur du golf, Marc Amelot.
L’industrie sucrière à l’Ile Maurice est en plein déclin, d’où la volonté du gouvernement de promouvoir davantage le tourisme. De nombreux ouvriers ont quitté les champs et assurent désormais la maintenance des golfs.
Le paysagiste d’Anahita, Patrice Marshall, a pris soin de limiter les dégâts pour l’environnement: “l’eau du golf n’est pas puisée dans la nappe phréatique, mais vient d’un bassin alimenté par le surplus d’eau utilisée par une usine sucrière”.
Face aux enjeux économiques, le souci pour l’environnement passe souvent au second plan: le marché des voyages de golf pèse 12 milliards d’euros par an et on compte 50 millions de golfeurs dans le monde, selon l’IAGTO qui vient de réunir 1.200 professionnels du tourisme à Marbella (Espagne).
Au Maroc aussi, pays confronté à la désertification, le gouvernement mise à fond sur les golfs dont l’offre devrait doubler en deux ans, avec 18 nouveaux parcours. Et “la crise ne remet pas en cause nos objectifs”, assure Salima Haddour, directrice de l’Office de tourisme marocain à Paris.
La concurrence est cependant toujours plus vive: “le Maroc reste numéro un chez nous, mais sa part de marché baisse”, commente Daniel Rémiot, directeur général de Greens du Monde, tour-opérateur français spécialisé dans le golf.
Peu touchée par la crise, l’activité de ce voyagiste a grimpé de 15% entre septembre et novembre. Si le chiffre d’affaires se maintient, “les clients ont tendance à opter pour des destinations plus proches et moins chères”.
Un phénomène qui pourrait profiter à la Turquie, autre destination montante pour le tourisme golfique. Dans un rayon de 30 km, la région de Belek (côte ouest) compte 14 golfs très courus, dont deux viennent d’ouvrir.
Sur ces parcours, “la réservation d’un départ se fait entre six semaines et trois mois à l’avance, si l’on veut éviter de jouer à 7h du matin”, explique Hakan Duran, directeur général du Cornelia Resort.
La Fédération turque de golf vise une centaine de parcours d’ici 2015, un objectif ambitieux alors que la crise a freiné les réservations.
Marc Assous, organisateur du Salon du golf à Paris (du 14 au 16 mars 2009), reste confiant: “la crise affecte la construction de nouveaux parcours et les ventes de villas, mais les golfeurs continueront à taper la balle”.