Le tourisme international est entré dans une zone de turbulences

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Des touristes devant la Tour Eiffel, le 13 juillet 2007 (Photo : Clemens Bilan)

[23/11/2008 13:45:04] PARIS (AFP) Après quatre années d’envolée, le tourisme international s’est fait couper les ailes par la crise financière: sa croissance devrait ralentir à 2% en 2008 et tourner autour de zéro en 2009, prévoit l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).

“Le tourisme vit un des plus sévères revers de son histoire”, a déclaré dimanche à l’AFP le sous-secrétaire général de l’OMT, Geoffrey Lipman. “Les perspectives pour 2009 sont inquiétantes, nous ne prévoyons pas de reprise au premier semestre”.

L’an dernier, 903 millions de touristes ont voyagé à travers le monde, soit 6,6% de plus qu’en 2006, un résultat supérieur aux attentes. Malgré la crise, l’OMT, qui dépend des Nations unies, maintient ses prévisions à long terme, tablant toujours sur 1,6 milliard de touristes en 2020.

Certes moins affecté que l’immobilier, la construction ou l’automobile, le tourisme est frappé de plein fouet par la récession des pays industrialisés. Mais, selon l’OMT, “quand l’activité repart, c’est aussi le premier secteur à rebondir”.

“Les touristes ne vont pas forcément renoncer aux voyages, mais ils auront davantage recours à des compagnies low cost, opteront pour des destinations plus proches et auront tendance à raccourcir leurs séjours”, a expliqué M. Lipman.

Les voyages d’affaires sont particulièrement touchés: les entreprises, surtout dans le secteur financier et bancaire, ont resserré leurs budgets et réduit le nombre des séminaires et conférences.

Après une hausse soutenue de 5,7% sur les quatre premiers mois de 2008 et un pic de 7% en mai, la croissance du tourisme international a commencé à se tasser à partir de juin (1,5%). Sur les huit premiers mois, le marché a crû de 3,7%, mais devrait se dégrader nettement par la suite.

La chute est particulièrement sensible en Asie-Pacifique, en plein boom jusqu’en mars (+7% sur 18 mois), avant de ralentir nettement en juin et voir ses arrivées internationales diminuer de 2% en août. Le taux de progression de l’Afrique a été divisé par deux, à 3,2% sur huit mois.

L’activité en Europe tourne également au ralenti (+1,7% sur huit mois), après avoir crû de 5% en moyenne ces deux dernières années.

Première destination mondiale avec 81,9 millions de touristes en 2007, la France n’est pas épargnée par la crise: sur les sept premiers mois de l’année, le nombre de visiteurs a reculé de 0,6%. Les arrivées internationales ont nettement diminué en juin (-3,3%) et juillet (-2,8%).

Son principal rival en Europe, l’Espagne, broie également du noir, subissant un recul de 0,9% sur neuf mois, une baisse qui a atteint 8% en juillet, en pleine haute saison.

D’autres destinations ont été jusqu’ici mieux loties: profitant du dollar faible, les Etats-Unis ont attiré 9,5% de touristes de plus depuis le début de l’année. Le tourisme continue aussi à battre son plein au Moyen-Orient, en hausse de 17,3%.

Une conférence régionale d’experts et de ministres de l’OMT consacrée à la crise et à l’environnement a été programmée pour dimanche et lundi à Charm-el-Cheikh en Egypte, qui veut se transformer en destination “verte”, à l’instar du Sri Lanka.

Parmi les réponses possibles à la crise, M. Lipman a cité un “moratoire sur les taxes liées aux voyages”: “les gouvernements doivent se rendre compte que ce n’est pas le moment d’alourdir le fardeau des entreprises”.

Le tourisme, a-t-il estimé, devrait être “parmi les premiers secteurs à bénéficier de plans de relance prévoyant notamment le développement des infrastructures”.