La baisse du prix du pétrole “va freiner” les investissements à moyen terme selon Total

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étrolier français Total, Christophe de Margerie répond aux journalistes le 9 juin 2008 (Photo : Eric Piermont)

[23/11/2008 19:21:32] PARIS (AFP) Le directeur général du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, a estimé dimanche que la baisse du prix du pétrole “va freiner” les investissements du secteur à moyen terme.

Le prix du pétrole “a baissé plus que nous le pensions”, a-t-il ajouté, interrogé au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro. “Ca commence à devenir dangereux”, a-t-il ajouté.

“Avec une vue à moyen terme, on commence à toucher à quelque chose qui va freiner les investissements dans un secteur qui est le nerf de la guerre”, a-t-il estimé.

“Les grands projets qui feront la confiance de demain ne passent pas avec un baril en dessous de 80-90 dollars” et “beaucoup de sociétés ne pourront plus investir”, avait-il déjà fait valoir vendredi lors du salon Actionnaria à Paris.

Vendredi à la clôture, le prix du baril de “light sweet crude” à New York pour livraison en janvier a fini à 49,93 dollars et les cours du Brent à Londres à 49,19 dollars.

Le baril de pétrole avait atteint des records autour de 147 dollars en juillet, records qualifiés de “ridicules” et “excessifs” par M. de Margerie.

“Attention à ces mouvements trop erratiques”, a averti dimanche le patron du groupe pétrolier.

Interrogé sur la demande du ministre vénézuélien de l’Energie Rafael Ramirez à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de réduire son offre de brut d’un million de barils par jour (mbj) supplémentaires avant la fin de l’année, M. de Margerie a remarqué que ce ministre “n’est pas l’Opep à lui tout seul”.

Il a toutefois estimé que “l’Opep va intervenir”, en raison de l’impact de la baisse des prix du pétrole sur les budgets des pays producteurs.

“S’il n’y avait pas d’Opep, il y a longtemps que les prix du pétrole seraient autour de 200 dollars le baril”, a-t-il affirmé.

Interrogé sur l’impact de la crise économique sur Total, il a évoqué des conséquences “à court terme” sur ses projets d’investissements et ses dépenses: Total doit plus que jamais “faire attention” s’il veut “garder (sa) capacité à investir”.

Il est “important” que les budgets des projets du groupe, qui peuvent atteindre des montants de 5 à 30 milliards de dollars, “soient maintenant vraiment bien contrôlés”, a-t-il estimé.

“On a plus le droit, sous le prétexte qu’il y a beaucoup d’argent, de vivre de manière un peu confortable, de prendre du retard” dans les projets, a-t-il ajouté.

“Je ne dis pas qu’il y avait un effet de facilité (avant la crise, ndlr), mais quand même, dans un environnement plus facile, les gens sont moins durs vis-à-vis d’eux-mêmes”, a-t-il encore dit.

Total ne prévoit aucun plan social, a-t-il en outre assuré.

Interrogé sur les mouvements de grèves au sein du groupe annoncés par les syndicats sur des revendications salariales, M. de Margerie a regretté que “l’on se mette en grève avant même d’avoir discuté”. Des “discussions” sont prévues pour le 12 décembre, a-t-il rappelé.

Sur la question d’une entrée de Total sur le marché du nucléaire, il a estimé qu’il était “légitime” de s’y intéresser, car les ressources de pétrole et des énergies fossiles ne sont pas sans limite, même si “nous avons encore du pétrole pour cent ans”.

Total détient 1% du capital du groupe nucléaire français Areva.

“Le nucléaire pour nous, c’est dans 20 ans”, a estimé M. de Margerie, et en “nous associant avec des spécialistes”. “Nous devons apprendre” et “former des équipes”, a-t-il reconnu, ce qui passe “par un partenariat” comme celui conclu en janvier avec Areva et le groupe français d’énergie Suez, destiné à fournir deux réacteurs nucléaires EPR aux Emirats arabes unis.