OMC : semaine décisive à Genève pour les négociations du cycle de Doha

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à Genève le 12 novembre 2008 (Photo : Nicholas Ratzenboeck)

[24/11/2008 14:11:17] GENEVE (AFP) Le directeur-général de l’OMC Pascal Lamy va tenter d’arracher cette semaine de nouveaux engagements chiffrés aux 153 pays membres sur l’ouverture de leur marché avant de décider s’il est possible ou non de conclure d’ici la fin de l’année le laborieux cycle de Doha.

Quelques mois après l’échec cuisant de la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en juillet, Pascal Lamy semble maintenant pouvoir compter sur la volonté politique qui avait alors manqué.

Il a d’abord reçu le soutien mi-novembre des 20 pays industrialisés et émergents (G20). Jugeant nécessaire de contrer les tentations protectionnistes en cette période de crise, ces derniers ont chargé leurs ministres de trouver une issue aux interminables négociations de Doha lancées en 2001 dans la capitale du Qatar.

Une semaine plus tard, les dirigeants de l’APEC, 21 pays riverains du Pacifique, réunis à Lima, ont abondé dans le même sens, estimant nécessaire d’encourager le commerce mondial sans ériger de barrières protectionnistes pendant un an.

A la surprise générale, le président américain George W. Bush s’est également dit “fortement déterminé” à favoriser un accord d’ici son départ le 20 janvier. C’est un désaccord entre les Etats-Unis et l’Inde qui avait fait échouer les négociations en juillet.

Ces déclarations font ainsi renaître l’espoir de boucler rapidement le cycle qui vise une plus grande libéralisation des échanges et qui, selon le directeur général de l’OMC, devrait permettre d’injecter au minimum 50 milliards de dollars par an dans l’économie mondiale.

“La pression des dirigeants pour avoir une réunion ministérielle est sans précédent”, a expliqué une source proche de l’OMC après une réunion dimanche d’une trentaine de membres de l’OMC convoqués par M. Lamy.

“Ce qui paraît très clair, c’est qu’une réunion se profile”, a-t-elle estimé.

Fort de ce soutien politique, Pascal Lamy doit désormais impérativement faire avancer les difficiles dossiers-clés de l’agriculture et des produits industriels.

Il s’agit de trouver des compromis sur les baisses des barrières douanières prévues dans le cycle et fournir des textes contenant ces engagements chiffrés qui devront servir de base aux discussions des ministres.

Sans ces textes, il ne pourra y avoir de ministérielle, assure la même source proche de l’OMC.

Mais le temps est compté d’ici Noël et personne n’a encore fait de pas en avant concret: “ce sera la semaine du ça passe ou ça casse”, a prévenu vendredi le médiateur du groupe sur l’agriculture, le Néo-Zélandais Crawford Falconer.

Regrettant qu'”il n’y (ait) pas eu de tsunami sur les marges de manoeuvre en dépit du tremblement de terre de Washington”, faisant allusion à l’appel lancé par le G20 lors de sa réunion dans la capitale américaine.

Plusieurs questions pointues seront au centre des discussions cette semaine telle que le mécanisme de sauvegarde, qui permet de protéger une production agricole locale d’une trop forte hausse des importations. C’est cette question qui avait opposé Américains et Indiens en juillet.

Conscients des âpres discussions qui les attendent également sur la banane et le coton, les ambassadeurs convoqués dimanche se sont montrés circonspects sur la possibilité d’une ministérielle. “Tout dépendra des discussions de la semaine”, ont affirmé plusieurs d’entre eux.

Mais deux éléments devraient jouer en faveur d’une réunion, selon les experts: le changement de l’administration américaine en janvier qui pourrait conduire à une remise à plat des négociations, repoussant aux calendes grecques la conclusion du cycle et la volonté des responsables mondiaux de faire front commun face à la crise.