L’Union de Factoring ou “UNIFACTOR” a organisé le matin 20
novembre 2008 au siège de l’Association professionnelle tunisienne des banques
et des établissements financiers (APTBEF) un séminaire ayant pour thème la
“Coopération entre banques et sociétés de factoring en Tunisie”, dont
l’ouverture a été assurée par M. Amor Saafi, délégué général de cette même
association.
On aura compris, et le thème et le lieu de cette rencontre
sont symboliques, et démontrent si besoin est de la nécessité d’entente entre
les “mamelles” d’un même secteur, à savoir le secteur financier. Mais pour ne
rien laisser au hasard, et afin de savoir ce qui se passe sous d’autres cieux
–et au besoin de s’en inspirer-, le management d’UNIFACTOR a invité Mme Nadine
SCHWARTZ, directrice internationale à BNP Paribas Factor.
Mais auparavant, compte tenu de l’importance du sujet –et de son actualité-,
nous avons été étonnés de constater une faible participation aussi de la part
des banques que des entreprises. Qu’est-ce qui explique ce désintéressement ou
cette absence ?
La communication de Mme SCHWARTZ comporte la définition de l’affacturage, son
historique, l’affacturage dans le monde, l’évolution des sociétés d’affacturage
françaises, le mécanisme, les trois principaux services de l’affacturage, ses
cibles, ses différents produits, l’affacturage et la banque, la différence entre
l’affacturage et l’assurance crédit, la différence entre société d’affacturage
et société de recouvrement, et le risque en matière d’affacturage.
Ainsi, on entend par affacturage (ou factoring) une opération qui consiste en
un ” transfert de créances commerciales de leur titulaire à un factor qui se
charge d’en opérer le recouvrement et qui en garantit la bonne fin, même en cas
de défaillance momentanée ou permanente du débiteur. Le factor peut régler par
anticipation tout ou partie du montant des créances transférées “.
La directrice internationale à BNP Paribas Factor soulignera également qu’il
existe d’autres définitions, comme celle du Dictionnaire du Droit Privé :
L'”affacturage” est une technique du droit commercial par laquelle une
société financière dite le “factor” ou “facteur” ou “affactureur” accepte de se
charger des risques du recouvrement des factures d’une entreprise commerciale à
laquelle elle en règle le montant, moyennant le paiement d’une commission. Le
factor est subrogé dans les droits et actions du remettant.
Quant à l’historique, on apprend par l’intermédiaire de Mme SCHWARTZ que
l’affacturage naît dans l’antiquité le long de la Méditerranée, à travers les
«facteurs» : commerçants/intermédiaires dans les échanges commerciaux et qui
vendent et encaissent pour le compte des fournisseurs
Vers le 13ème siècle, les «facteurs» deviennent itinérants ; puis du 16ème au
18ème siècle, le «facteur» ou «factor» prend toute sa dimension avec la
colonisation de l’Amérique par l’Europe. Et en 1823, les «Factors Acts» sont
établis en Angleterre, et ils constituent la Charte des Factors dans ces pays.
Pour faire simple, c’est à partir des années 70 que l’affacturage prend son
essor pour répondre à la crise ; mais ce produit sera également maqué par une
image négative.
Et les années 2000 marqueront la disparition progressive de cette image
négative, permettant à ce produit non seulement d’être reconnu, mais aussi de
mobilisation et de gestion du poste clients. Du coup, il connaîtra un essor de
l’externalisation, etc.
Tout cela va entraîner une véritable croissance de ce marché au niveau
mondial et plus encore au niveau européen. En effet, en 2007, l’Europe
représentait près de 70% du marché mondial de l’affacturage (avec en tête le
Royaume-Uni) ; pour la même année, ce produit engrangé quelque 97 milliards de
dollars ; mais d’autres pays progressent, notamment la Chine, l’Inde, sans
oublier l’Afrique (avec 9 milliards de dollars en 2007).
Au total, au cours des 5 dernières années, l’affacturage a connu une forte
croissance (à deux chiffres).
Pour ce qui est du mécanisme de l’affacturage, Mme SCHWARTZ a indiqué dans
son exposé qu’il existe une relation triangulaire entre le ‘’vendeur’’, le factor et l’acheteur.
Quant aux services de l’affacturage, ils sont au nombre de trois, à savoir la
protection du poste client, la gestion du poste client et le financement.
Alors à qui s’adresse l’affacturage ? «A tout type de société… », dira en
substance Mme SCHWARTZ.
Concernant les produits, Mme SCHWARTZ a parlé notamment de la cession de
balance, du reverse factoring, de l’offre internationale, de la déconsolidation,
etc.
Mais là où ça devient plus intéressant, c’est lorsqu’elle nous dit que ‘’le factor et le banquier sont complémentaires tout en conservant leurs
spécificités’’.
Par contre, il existe des différences énormes entre l’affacturage et
l’assurance crédit :
– l’affacturage garantit 100% la facture, alors que l’assurance crédit ça
varie entre 50 et 90% ;
– le délai d’indemnisation, pour l’affacturage c’est immédiat, plusieurs mois
pour l’assurance ;
– il n’y a pas de déclaration de sinistre pour l’affacturage, etc.
Par ailleurs, il a été souligné à maintes reprises que la société de
factoring doit accompagner le développement de l’entreprise, notamment par des
conseils, mais certains participants n’ont pas manqué de signaler les sociétés
de factoring tunisiennes ne le font, et au pire en constituent même un obstacle…
à cause de leur manque de souplesse.
Pour sa part, M. Abdessatar BEN HAMZA, directeur commercial d’UNIFACTOR, a fait
une présentation axée principalement sur sa société, tout en faisant allusion
également au marché du factoring tunisien. Sans aller trop loin dans les
détails, il a indiqué qu’UNIFACTOR a été créée en 2000 avec un capital de 10
millions de dinars et compte pour actionnaires l’ATB, la BNA, l’Amen Bank et l’ATL,
et autres partenaires privés.
Le coût du factoring
Alors est-ce que ça coûte ? C’est entre 1 et 2% du montant des créances
transférées, répond M. BEN HAMZA, et une commission de financement par référence
au TMM plus une marge variant entre 2,5% à 4%. Certains diront que c’est
beaucoup, mais pour les sociétés qui veulent vraiment évoluer, l’affacturage
pourrait constituer un véritable levier.
Mais au vu des chiffres, tout porte à croire que ce créneau n’a pas encore
pris son envol en Tunisie. Car, le marché tunisien ne compte que trois sociétés
de factoring, à savoir Tunisie Factoring qui a réalisé un CA en 2007 de 259
millions de dinars (soit 61% de part de marché) ; elle est suivie par UNIFACTOR
avec 154 millions de dinars (36% de part de marché), et General Factor avec 10
millions de dinars (2%).
Mais revenons un petit peu à UNIFACTOR pour remarquer, à travers la
présentation de M. Abdessatar Ben Hamza, que cette société propose trois
services à l’entreprise, à savoir du financement, de la gestion du poste client
et de la prévention des risques et la garantie contre les impayés, soit donc
trois services extrêmement importants pour une entreprise.
Les trois services à la clientèle d’UNIFACTOR
En effet, selon le directeur commercial d’UNIFACTOR, en matière de
financement, les entreprises qui font appel à ses services “peuvent bénéficier
d’un financement total ou partiel de leurs factures en moins de 48 heures, sans
attendre l’arrivée à échéance de leurs créances” ; et sans oublier également
qu'”UNIFACTOR accompagne la croissance de ses clients (adhérents) en faisant
adapter des lignes de financement selon leurs besoins”. A rappeler sur ce point
que cette société compte pour partenaires 3 importantes banques et une société
de leasing de la place. Ce qui est loin d’être négligeable.
Ensuite, pour la gestion du poste client, l’offre d’UNIFACTOR se décline en
conseil, relance, recouvrement des factures, imputation des règlements,
engagement éventuel d’actions de contentieux…
Le dernier service à la clientèle entreprise d’UNIFACTOR, c’est la prévention
des risques et la garantie contre les impayés. Il est notamment indiqué qu'”en
cas d’insolvabilité, les entreprises récupèrent presque la totalité du montant
de leurs créances” ; et “UNIFACTOR propose aux entreprises ses services contre
le risque de défaillance de leurs clients”.
Concernant l’affacturage international, M. Ben Hamza a souligné dans son
exposé que “l’intervention d’UNIFACTOR se fait à deux niveaux”. D’abord le
factoring export, avec une solution complète pour l’exportateur tunisien
(gestion et recouvrement des factures, financement, garantie -adossée à
l’assurance délivrée par les correspondants d’UNIFACTOR, etc.).
Il y a ensuite le factoring import : il s’agit de “la gestion des factures
transmises par nos correspondants pour recouvrement et/ou garantie”.
Les avantages du factoring
En somme, selon les intervenants du séminaire, le recours au factoring
possède un certain nombre d’avantages du recours au factoring, entre autres : le
financement immédiat des factures ; l’optimisation de la gestion de la
trésorerie (suivi et relance des créances, gain de temps appréciable) ;
l’allègement des charges administratives ; l’influence positive sur les ratios
du bilan (le ratio de solvabilité et le ratio de liquidité) ; l’amélioration du
fonds de roulement (raccourcissement du cycle de rotation) ; un moyen de
contrôle et de prévention contre le risque d’insolvabilité des clients ; une
prémunition contre les impayés.
De ce fait, tout au long de la session, les discussions ont essentiellement
porté sur comment développer le factoring en Tunisie, les risques de
l’affacturage, les secteurs qui présentent plus de risques (à éviter ou
surveiller d plus près…), sur le financement des entreprises nouvellement
créées.
Au final, même si l’assistance n’était pas au rendez-vous, comme on aurait pu
le penser, tout le monde en convient qu’il est nécessaire voire indispensable
qu’il y ait une totale coopération entre les sociétés de factoring et les
banques. Certains diront même que le mieux serait que les sociétés d’affacturage
soient adossées à des banques, ce qui est de nature à leur garantir plus de
liquidité. Ceci étant, et au vu des chiffres réalisés par les trois sociétés de
factoring, on peut dire qu’il y a du pain sur la planche pour se service se
développe.