L’Europe engage un plan de relance de 200 milliards d’euros

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ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso lors d’une conférence de presse, le 26 novembre 2008 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[26/11/2008 23:54:09] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a présenté mercredi un plan de relance budgétaire de 200 milliards d’euros face à la récession en Europe, qui a toutefois suscité les réserves de certains pays et reste modeste par rapport à ce que prévoient les Etats-Unis.

Cet effort financier pour toute l’Union européenne est prévu sur les années 2009 et 2010 et représente 1,5% du produit intérieur brut européen. C’est davantage que les 130 milliards d’euros (1% du PIB) qui avaient été envisagés lors des préparatifs de ce plan.

“C’est un montant réaliste, et qui peut avoir de véritables effets d’entraînement”, a assuré le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, dont le plan doit encore être validé par les dirigeants européens lors d’un sommet les 11 et 12 décembre.

L’essentiel doit venir des gouvernements nationaux, qui au sein de l’UE conservent l’essentiel des leviers financiers, le budget européen étant limité et bloqué jusqu’en 2013.

Les Etats apporteront à eux seuls 170 milliards. Le budget de l’UE et la Banque européenne d’investissement (BEI), bras financier de l’UE, contribueront à hauteur des 30 milliards d’euros restant.

De nombreux pays comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou la France ont déjà annoncé leurs propres mesures, ou exprimé leur intention de le faire.

Reste à savoir si les 27 pays de l’UE endosseront l’effort demandé, notamment en Europe de l’Est parmi les nouveaux Etats membres du bloc, dont la situation financière est parfois fragile.

La Pologne a exprimé un certain scepticisme dès mercredi. “Je serais prudent avec de telles déclarations politiques”, a déclaré le Premier ministre polonais Donald Tusk.

“La principale question est de savoir où trouver l’argent. Moi aussi, je pourrais clamer que je vais mettre des milliards, et ajouter tout bas +si j’arrive à les emprunter+”, a-t-il ajouté.

Tout en jugeant le plan “approprié” dans ses grandes lignes, l’Allemagne a également exprimé des réserves.

Un porte-parole du gouvernement, Thomas Steg, a estimé que l’Allemagne avait déjà “dépassé les attentes de l’exécutif européen”, en adoptant des mesures pesant 32 milliards d’euros soit 1,3% du PIB allemand, et voulait encore “discuter” des “détails du plan” avec Bruxelles.

Pour l’exécutif européen, l’effort de relance “doit être temporaire”, et les Etats doivent s’engager une fois la crise passée “à corriger la détérioration budgétaire”.

Son plan prend essentiellement la forme d’une vaste “boîte à outils” dans laquelle les gouvernements pourront piocher ce qu’ils veulent.

La Commission suggère de mettre l’accent sur la dépense publique, en faveur notamment des ménages les plus défavorisés, avec par exemple un allongement temporaire des allocations chômage, ou une baisse des charges. Elle préconise aussi des baisses d’impôts indirects comme la TVA.

Bruxelles propose aussi des incitations fiscales pour favoriser l’économie “verte”, avec des actions ciblées pour certains secteurs particulièrement touchés par la crise, comme l’automobile et la construction.

Les mesures budgétaires s’ajouteront à de nouvelles baisses de taux d’intérêt escomptées de la Banque centrale européenne, afin de rendre plus aisé l’accès des ménages et entreprises aux prêts bancaires.

Le plan européen reste cependant timide au regard d’autres programmes envisagés ailleurs dans le monde, notamment aux Etats-Unis qui veulent soutenir le crédit à la consommation et le marché immobilier à hauteur pour 800 milliards de dollars. Le président démocrate élu Barack Obama envisage un effort supplémentaire de 700 milliards de dollars.

Les économistes se montrent d’ailleurs sceptiques sur la portée du plan européen. “Il ne changera pas grand chose aux perspectives de croissance”, juge Jennifer McKeown, de l’institut Capital Economics.