Les distributeurs britanniques plongent à leur tour dans la crise

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à Londres, le 27 novembre 2008 (Photo : Leon Neal)

[27/11/2008 13:59:29] LONDRES (AFP) Deux des chaînes de magasins les plus populaires du Royaume-Uni, Woolworths et MFI, luttaient jeudi pour leur survie, illustrant la détresse d’un secteur britannique de la distribution que même la baisse de la TVA annoncée par le gouvernement ne suffisait pas à rassurer.

Woolworths, inconnue en France, est une institution en Grande-Bretagne, vendant tout, des jouets aux accessoires de cuisine, depuis bientôt 100 ans. Ce qui n’a pas empêché cette enseigne d’être placée mercredi en redressement judiciaire, mettant en péril l’avenir de ses 800 magasins et 30.000 salariés.

Le même jour, les magasins de meubles MFI (qui emploient près de 1.500 personnes) ont été eux aussi placés sous administration judiciaire, et la presse était pessimiste quant à leurs chances de survie.

Leurs déboires illustrent la mise en place d’un cercle vicieux qui voit la tourmente secouant la City se répandre peu à peu à tous les autres secteurs de l’économie britannique, malgré les efforts du gouvernement et de la Banque d’Angleterre pour relancer la machine.

Comme le résume Keith Bowman, analyste de la maison de courtage Hargreaves Lansdown, “l’oeil du cyclone s’est déplacé des banques vers les distributeurs”.

MFI a ainsi été doublement frappé par la crise immobilière et celle du crédit.

La première, qui a entraîné une chute des constructions et des ventes de logements, a réduit mécaniquement la demande de meubles.

La seconde a porté le coup de grâce en freinant brutalement les achats coûteux, type canapés cuir et salles de bains dernier cri, qui typiquement étaient financés à crédit.

En ce qui concerne Woolworths, c’est l’assèchement des sources de financement qui semble en cause.

Le groupe, qui peinait à trouver son créneau face aux enseignes spécialisées, accumulait les pertes (près de 120 millions d’euros au premier semestre) depuis plusieurs années.

Criblé de dettes (plus de 400 millions d’euros selon la presse), il avait tenté jusqu’à mercredi de trouver un acquéreur, mais les groupes intéressés ont semble-t-il échoué à financer une reprise, même pour une livre symbolique, et les créanciers ont “sifflé la fin de la partie”, selon le Financial Times.

A en croire les journaux, la chute de Woolworths et MFI n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il suffit de consulter les derniers résultats du secteur pour s’en rendre compte.

Ce jeudi, DSG International, qui possède les magasins de produits électroniques Currys et PC World, a annoncé des pertes de 29,8 millions de livres, sur son premier semestre achevé en octobre, à comparer avec un bénéfice de 52,4 millions de livres l’an dernier à la même période, et Kingfisher, spécialisé dans le bricolage (il possède les chaînes françaises Castorama et Brico Dépôt) a dévoilé une chute de 20% de ses bénéfices au Royaume-Uni sur les trois derniers mois.

Pendant ce temps, grands magasins et supermarchés multiplient désespérément les soldes avant les fêtes, dans l’espoir d’attirer des consommateurs démoralisés.

Marks & Spencer a déjà organisé une journée à -20% et s’apprêterait à recommencer la semaine prochaine, et même Waitrose, supermarché haut-de-gamme fréquenté par une clientèle autrefois peu regardante sur les prix, offre depuis mercredi du champagne et du saumon fumé à -50%.

Et même la baisse de 2,5 points de la TVA, à 15%, annoncée lundi par le ministre des Finances Alistair Darling dans le but de faire repartir la consommation, ne suffit pas à rassurer le secteur.

Cette mesure, en vigueur à partir de lundi prochain et jusqu’à la fin 2009, est “modeste mais bienvenue”, a jugé Stephen Robertson, patron du BRC, la fédération du commerce, réclamant aussitôt au gouvernement d’autres initiatives.