Information en Tunisie : un droit ou une faveur

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nous partons du principe que tous les citoyens ont droit à l’information et
que les médias ont le droit d’accéder aux sources d’information, il paraît
évident que pouvoirs publics, composantes de la société civile, organismes socio-professionnels, partenaires sociaux et secteur privé devraient
reconnaître qu’elles ont un devoir. Celui de faciliter la mission
d’informer. Car lorsqu’il ne s’agit pas de questions sécuritaires d’ordre
politique ou économique, la rétention de l’information peut coûter cher.

C’est tellement plus facile de blâmer les autres que de se remettre
soi-même en question.

Nous sommes passés maîtres quand il s’agit d’incriminer les autres. Les
procès d’intention, rien de plus commode ! L’enfer c’est les autres n’est ce
pas ? Nous pouvons les accuser de démission, de lâcheté, d’irresponsabilité,
de manque de professionnalisme…Bref de tous les maux de la terre…Les
journalistes ne sont pas exempts de ce genre de pamphlets. Ils en sont même
les premières victimes. De mauvais journalistes ? Bien sûr qu’il en existe.
Tout comme il existe de mauvais médecins, ingénieurs ou administrateurs…mais
de là à mettre tout le monde dans le même panier…

La mission d’un journaliste est d’informer et non de se taire ou de
s’autocensurer. De divulguer l’information, droit sacro-saint dans les
sociétés les plus développées du monde et preuve de citoyenneté si l’on
veut. Son rôle consiste donc à mettre toute son énergie dans la recherche de
l’information crédible, objective, utile et sûre.

Et Dieu sait à quel point la trouver est difficile dans notre pays car
tout ou presque relève des secrets des Dieux…même s’agissant d’informations
tout à fait banales…Ainsi si vous voulez avoir un renseignement relevant
d’une source officielle, vous devez bien évidemment passer par l’attaché de
presse qui ne peut pas décider par lui-même s’il doit la fournir ou pas.
Pour que ce soit encore plus officiel, vous devez envoyer une requête par
fax au premier responsable espérant qu’il soit disponible pour vous répondre
sinon adieu le scoop… D’ailleurs, le scoop ne fait pas partie du jargon
journalistique en Tunisie, de là à parler d’exclusivité…

La rétention de l’information ne concerne pas que certaines
administrations. Parmi les experts, les responsables associatifs, les
leaders de la société civile, les décideurs, les partenaires sociaux, rares
sont ceux qui se prêtent naturellement au jeu de questions réponses des
journalistes…La plupart du temps, ils sont débordés, à l’étranger, ou ils
veulent tout bêtement éviter les problèmes ou s’impliquer…Ces mêmes
journalistes qu’ils boudent en temps normal devient tout d’un coup sollicité
lorsqu’il s’agit de promouvoir une idée. Leurs idées et leurs projets. Et
dans ce cas les conférences de presse, devenues très à la mode en Tunisie,
représentent le seul espace où l’on s’exprime … »

La logique veut que la rétention de l’information, quand il ne s’agit pas
des intérêts supérieurs de la Nation, soit pénalisée parce qu’être informé
a, entre autres avantages, le développement du sentiment d’appartenance à un
pays, une entité. Être informé, c’est être concerné et se sentir impliqué et
intéressé par les affaires de son pays.

Nul n’est prophète en son pays

Dès qu’il s’agit de journalistes étrangers, les langues se délient et les
portes s’ouvrent. On est aux petits soins. La primauté de l’info et la
communication, on sait la faire mais principalement pour les supports
étrangers… de quoi rendre les journalistes tunisiens encore plus ridicules
et contribuer à décrédibiliser le pays, car un pays qui ne communique pas
est un pays qui s’exclut… le monde est communication. Informer est
aujourd’hui un devoir national !…

La valorisation d’un pays se fait de l’intérieur et non à l’extérieur. Et
ce n’est pas en décrédibilisant le journaliste tunisien ou en le traitant en
quantité négligeable que nous pourrons donner la meilleure image de nous-mêmes.

Le journaliste tunisien, qui veut assurer, est tellement épuisé par les
contrariétés qu’il rencontre dans l’exercice de son métier, qu’il se rabat
sur les sites électroniques pour y puiser ce qui l’intéresse. Il lui arrive
souvent de chercher des données sur son propre pays dans des sites étrangers
! Il a malheureusement plus de chance d’y trouver des réponses à ses
questions. Les exemples en la matière sont légion. Et le pire dans tout ça,
est que ceux qui cherchent à retenir l’information savent que ce sont des
secrets de polichinelle.

Auquel cas pourquoi risquer de voir se répandre de mauvaises informations
et laisser libre cours aux interprétations ? Il est plus logique de
s’informer à la source.
Les risques, même lorsqu’il s’agit d’informations tout à fait innocentes,
est que nous pouvons tomber dans des erreurs d’appréciations qui peuvent
être nuisibles à tout le monde.
C’est tellement plus cohérent et plus logique d’appliquer la politique de
l’Etat qui vise à développer la liberté de presse et réaliser des objectifs
de bonne gouvernance en matière de transparence médiatique.

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