Quel est votre chiffre d’affaires ?

caffaires-info1.jpgOser
poser la question semble être un délit impardonnable. A peine la question
est-elle exprimée qu’on vous regarde de travers, fusille du regard et vous
déclare suspect. D’ailleurs dans l’exercice de mon métier, je pose la
question d’une manière quasiment inaudible, évitant de froisser mon
interlocuteur. On ne sait jamais !

Pour avoir des chiffres en Tunisie, il faut être dans le secret des dieux
et ce, dans quasiment tous les domaines d’activités : finances, agriculture,
artiste peintres, communication, cinéma… Même au coiffeur et à son
esthéticienne, il ne faut oser. Elles vous sortiront une main de fatma en
guise de réponse !

Il est vrai que les Tunisiens dans l’absolu ont une relation très
compliquée avec les chiffres et l’information. Sous d’autres cieux, on vous
dit bonsoir ou bonjour suivi d’un : « nice to meet you, my name is …je
suis dans la coutellerie, la tuyauterie ou la dentition, je pèse tant, je
fais tant de chiffres d’affaires, j’emploie tant de personnes et vous qui
êtes vous ? »

Dans notre pays, Le sujet reste tabou, il relève du secret, du non dit,
de l’interdit….

Que vous soyez journaliste, expert, ou qui que vous soyez finalement, on
vous regarde comme si vous étiez agent du fisc ! A croire qu’a se risquer de
communiquer surtout les chiffres, il y’a risque de les voir s’envoler au
propre et au figuré !

Certains déclarent ne pas vouloir exacerber la concurrence, les autres
prétendent inutile de fanfaronner et se cachent derrière le fait qu’ils
soient extrêmement jalousés.
D’autres se lamentent du manque d’efforts des journalistes et de leurs
carences à aller chercher l’information. Ces derniers déclareront que la
quête de l’information est un véritable parcours du combattant, souvent
impuissante devant la rétention. En chœur, on répondra : « On fait de la
rétention, même pour ce qui est public et officiel. On vous rend impossible
l’accessible… »

La transparence est un mot à la mode, mais dont la pratique est encore
embryonnaire. Mis à part, les grands groupes qui se structurent, la
communication est encore assimilée à la publicité et tous ses métiers sont à
développer.
Internet et la prolifération de sites dédiés à l’information économique
et financière bouleverse la communication d’entreprise dans le pays. Les
plus structurés répondent assez rapidement à cette nouvelle exigence et
installent une relation immédiate avec ces derniers. Les autres traînent
difficilement.

Les métiers de la communication commencent à prendre leurs marques.
Jusqu’ici totalement : noyées par le travail d’agences généralistes, les
spécialités commencent à s’imposer avec une nouvelle génération de managers,
aussi bien au niveau de la demande que de l’offre.
Depuis peu, on assiste à la naissance de quelques agences qui se
spécialisent dans le RP avec notamment la communication corporate, de crise,
de presse, …Les entreprises, commencent timidement à y avoir recours. Cela
va assurément avoir des incidences positives sur la communication
d’entreprise dans le pays.

La communication n’est elle pas avant tout affaire de coordination entre
différents publics, messages et objectifs ?

La culture du classement est, malgré quelques initiatives louables, très
peu répandue dans le pays. Il reste encore difficile de trouver des labels
indépendants de qualité, des concours nationaux, des guides de
consommateurs,…tous services et produits confondus.
Ne parvenant toujours pas à comprendre pourquoi je m’attire les foudres
de guerre dès que je réclame des chiffres pour exercer mon métier, je
reviens aux définitions, les plus classiques et les plus interactives
d’entre elles pour tenter de comprendre. Entre les dicos classiques et les
encyclopédies interactives, je suis servie !

A lui seul, le chiffre d’affaires ne permet pas de juger de la
performance d’une entreprise. Son niveau dépend en effet de la nature de son
activité et son montant est la somme des montants facturés à ses clients.
L’entreprise produit des biens et des services que les gens apprécient
suffisamment pour les acheter. C’est ce qui la distingue de l’Etat, lequel
nous fournit des services que nous sommes forcés de payer sans toujours
apprécier.

Les entreprises ne survivent que dans la mesure où elles satisfont leur
clientèle, et comme les goûts et les produits changent constamment sous
l’effet du progrès et de la concurrence, elles sont soumises à un effort
constant d’adaptation.

« Charité bien ordonnée commence par soi même » et si finalement du coté
de l’entreprenariat on attendait aussi que les medias commencent à
communiquer réellement sur leur audience, tirage, performances… et
pourquoi pas chiffre d’affaires ?

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