Canada : le gouvernement pourrait chuter sur un plan d’austérité

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à Washington (Photo : Jim Watson)

[28/11/2008 00:26:26] OTTAWA (AFP) Le gouvernement canadien a présenté jeudi un plan d’austérité, comprenant la suppression de subventions aux partis politiques, qui a suscité la colère de l’opposition et pourrait provoquer la chute du cabinet conservateur moins de deux mois après sa réélection.

Le ministre des Finances Jim Flaherty a fait le point sur la situation économique et financière du Canada en cette période de crise mondiale, annonçant une réduction des dépenses gouvernementales mais peu de mesures de relance de l’économie canadienne, au moment où celle-ci entre en récession.

Le ministre a notamment annoncé l’intention du gouvernement de supprimer les subventions fédérales aux formations politiques. Celles-ci se montent à 1,95 dollar par vote et constituent plus de 50% du financement des partis d’opposition.

M. Flaherty a aussi annoncé une limitation des augmentations de salaire des fonctionnaires et une suspension du droit de grève dans la fonction publique jusqu’au 31 mars 2011.

Le libéral Stéphane Dion, chef de la principale formation d’opposition, a annoncé qu’il s’opposerait au plan conservateur, tout comme les deux autres partis d’opposition, le Bloc québécois (indépendantiste) et le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche).

“Ce que les conservateurs présentent ce n’est pas un énoncé économique, mais un énoncé idéologique”, a dénoncé le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe.

Le plan conservateur doit faire l’objet au début de la semaine prochaine d’un vote de confiance au parlement, qui risque d’entraîner la chute du gouvernement si chacun reste sur ses positions. Les trois partis d’opposition disposent ensemble d’une majorité des 308 sièges de la chambre des Communes.

Si le gouvernement tombait, de nouvelles élections devraient normalement être organisées alors que le Canada vient de voter, le 14 octobre, dans un scrutin qui a reconduit au pouvoir le Premier ministre Stephen Harper à la tête d’un gouvernement minoritaire.

Des commentateurs ont cependant évoqué l’hypothèse, au cas où le gouvernement serait renversé, d’une alliance inusitée entre les trois partis d’opposition pour éviter de renvoyer les Canadiens aux urnes.

“C’est maintenant au Premier ministre d’examiner ses options”, a déclaré M. Dion en se demandant pourquoi il présentait un tel plan alors qu’il avait dit vouloir éviter la confrontation avec l’opposition dans une période de difficultés économiques.

Dans son “énoncé économique et financier”, M. Flaherty a souligné la volatilité “sans précédent” de l’économie mondiale. Il a annoncé peu de mesures immédiates pour stimuler l’économie, ce que lui a vivement reproché l’opposition.

Le ministre a indiqué qu’il déciderait dans les prochaines semaines “de l’ampleur des stimulants que nous injecterons dans l’économie, en unissant nos efforts à ceux de nos partenaires internationaux”.

Pour l’instant, il a tout au plus promis de définir d’ici janvier “un nombre limité de projets clés d’infrastructure dans l’ensemble du pays” qui pourraient être lancés.

La colère provoquée par l’annonce de la volonté conservatrice de supprimer les subventions aux partis et de suspendre le droit de grève des fonctionnaires a quelque peu éclipsé les autres annonces de M. Flaherty.

Ces subventions se montent à quelque 27 millions de dollars canadiens (22 millions de dollars américains). Le parti conservateur, qui a recueilli le plus de votes lors des élections du 14 octobre dernier, perdrait la somme la plus importante, quelque 10 millions de dollars.

Mais comme les conservateurs disposent d’une base de donateurs importante et que ses caisses sont pleines, ce sont les partis d’opposition qui souffriraient le plus. Ces subventions représentent 63% du financement des libéraux, 60% de celles du Bloc québécois et 60% de celles du NPD.