« Sans la mise en place de mécanismes de soutien comprenant
des prêts à faible taux d’intérêt à l’instar des fonds structurels en usage en
Europe, l’Union pour la Méditerranée pourrait représenter pour nous une
déception de plus ajoutée à celle du Processus de Barcelone qui n’a pas tenu
toutes ses promesses » a déclaré Mohamed Ghannouchi, Premier ministre à
l’ouverture de la 23ème édition des journées de l’entreprise organisée cette
année sous le thème « L’entreprise et l’Union pour la Méditerranée, approches
pour un nouvel avenir ». Le Premier ministre a rappelé que le Processus de
Barcelone a accordé uniquement une donation d’un milliard de dinars à la Tunisie
et que la Banque européenne d’Investissement lui a accordé des prêts de deux
milliards de dinars pour ses réformes et ses ajustements structurels. Mais
a-t-il ajouté, les réformes ne devaient pas concerner que le tissus industriel,
le processus de Barcelone, lors de son adoption, avait une dimension beaucoup
plus globale et devait soutenir tous les secteurs économiques sans exception.
Tel n’a pas été le cas, reconnaît M.Ghannouchi. La Tunisie a pu réaliser les
réformes, les programmes de mise à niveau, et de grandes avancées sur le plan de
son développement économique qui lui ont permis une croissance soutenue de pas
moins de 5% par an « Nous avons pu le faire, parce que les pouvoirs publics et
le secteur privé y ont cru » a assuré le Premier ministre et parce que tous les
acteurs étaient convaincus que le marché tunisien est trop exigu pour garantir
un développement économique performant et que la seule issue était l’ouverture
de notre marché et l’exploration d’autres marchés.
La Tunisie ne s’arrêtera pas en si bon chemin. La Crise financière aurait eu
le mérite, malgré ses conséquences négatives sur toutes les économies du monde,
de changer les concepts et de remettre en question les thèses suivies auparavant
a assuré le Premier ministre «Notre bataille aujourd’hui est celle de la
modernisation et du progrès ». La Tunisie s’investit également dans la mise en
place de nouvelles réglementations pour améliorer l’environnement institutionnel
des entreprises. «Nous sommes en train de plancher sur les critères où nous
avons été mal notés par « Doing Business » et nous nous attelons actuellement à
revoir les législations et les réglementations pour améliorer le climat des
affaires dans notre pays » a-t-il déclaré.
Parlant de l’Union du Maghreb, M.Ghannouchi a déclaré « C’est un rêve auquel
nous voulons bien croire mais il n’en reste pas moins un rêve ». Car même s’il
existe des accords de libre échange entre la Tunisie et la Libye, la Tunisie et
le Maroc, à ce jour aucun indice ne permet de croire que le Maghreb va se
construire et pourtant affirme le Premier ministre « Avec une union économique
du Maghreb, nos pays pourront réaliser, de l’avis du directeur général du FMI, 2
points de croissance de plus par an ce qui veut dire que la problématique du
chômage n’aurait plus de raison d’être ».