Chine : les milieux d’affaires français redoutent une nouvelle crise

[28/11/2008 09:38:23] PEKIN (AFP)

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ée d’un Carrefour, le 1er mai 2008 à Shanghai (Photo : Mark Ralston)

Echaudée par la brouille du printemps dernier provoquée par la crise tibétaine, la communauté d’affaires française en Chine redoute une nouvelle dégradation des relations franco-chinoises après le report du sommet Union Européenne-Chine prévu en France.

“Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact” du report du sommet, dit Christophe Bastianelli, vice-président de la Chambre de Commerce et d’industrie française à Pékin.

“Mais les entreprises sont inquiètes face à cette crise importante”, souligne-t-il.

Pékin a rejeté sur la France la responsabilité du report du sommet prévu lundi à Lyon (centre-est de la France), en raison de la rencontre le 6 décembre entre le président Nicolas Sarkozy et le dalaï lama.

“En général, après un (tel) geste diplomatique, suivent toujours des difficultés” au plan économique, estime Jean-François Huchet, directeur du Centre d’études français sur la Chine contemporaine (CEFC) à Hong Kong.

“La France pourrait bien être +punie+. Mais tout dépendra de la réponse britannique et allemande, car cette annulation d’un sommet multilatéral est aussi une tentative de division”, estime-t-il.

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à Shanghai (Photo : Teh Eng Koon)

Cependant, pour certains, ce courroux de Pékin ne devrait pas conduire à de nouveaux appels au boycottage de produits français, comme au printemps dernier, en raison de la crise économique mondiale.

“La Chine se prépare elle-même à souffrir, il n’y aura pas de guerre économique, on ne va pas stigmatiser Carrefour, cette fois”, juge l’économiste Jacques Gravereau, président de l’Institut HEC Eurasia et conseiller pour le commerce extérieur.

“Si dans les prochaines semaines les Français entrent en compétition sur de grands projets, cela risque de les affecter. Mais la Chine est plus préoccupée par ses parts de marché en Europe que par une bagarre de contrats”, affirme un expert sous le couvert de l’anonymat.

“Ils ont besoin de Carrefour pour vendre leurs produits en France; il n’y aura pas de campagne contre l’enseigne”, ajoute-t-il.

Le distributeur français, qui avait souffert d’une campagne de boycottage après le passage chaotique de la flamme olympique à Paris, adopte, lui, une position de prudence.

“On ne peut pas encore mesurer l’impact”, répond Eric Legros, PDG de Carrefour Chine.

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émonstration au-dessus de Zuhai, dans le sud de la Chine, le 4 novembre 2008 (Photo : Mike Clarke)

De son côté, la Chambre de commerce européenne à Pékin a évoqué “une occasion perdue”, exprimant sa “déception qu’en ces temps de tourmente financière internationale et de ralentissement économique, (Pékin) ait décidé de reporter le sommet”.

Aucun gros contrat n’était attendu à l’occasion de ce sommet, selon des sources industrielles, mais, pour Jacques Gravereau, “l’important c’est ce qu’on y dit en marge”.

“C’est une occasion de voir des gens du même +club de business+. Ça fait partie du road-show des grandes entreprises”, explique-t-il.

L’avionneur européen Airbus a démenti qu’il ait été question de conclure ou négocier une nouvelle commande, reconnaissant simplement des délais dans la finalisation d’une commande de 150 avions signée en novembre 2007 à l’occasion d’une visite de Nicolas Sarkozy à Pékin.

Selon l’expert occidental, “il n’y avait pas de +paquet+ prévu, ni dans l’aéronautique, ni dans le nucléaire, ni dans le ferroviaire”.

“Certains contrats auraient pu être annoncés mais sont déjà signés ou sur le point de l’être. Ça se passe entre gens du privé, qui signeront donc, mais hors caméras”, poursuit-il.

Pékin, de son côté, a refusé de se prononcer sur l’avenir des relations économiques bilatérales.

“La France a des intérêts majeurs en Chine. A elle de répondre à cette question”, a lancé Qin Gang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.