Opep : trop de pétrole sur le marché, estime l’organisation

[28/11/2008 20:01:31] LE CAIRE (AFP)

photo_1227873082711-3-1.jpg
étrole Gholam Hossein Nozari (d.) et le ministre qatari de l’Energie, Hamad al-Attiyah, à Téhéran le 21 octobre 2008 (Photo : Atta Kenare)

L’Opep va étudier une baisse de production samedi lors de sa réunion extraordinaire du Caire mais devrait, comme l’ont laissé entendre les ministres qui arrivaient vendredi, attendre sa réunion de décembre pour agir malgré la spectaculaire chute des prix du brut.

“La réunion va être consultative, je ne pense pas qu’on ait une décision fracassante”, a ainsi déclaré à son arrivée le ministre nigérian du Pétrole Odein Ajumogobia.

“Ici nous allons préparer des données chiffrées et peut-être y aura-t-il une décision finale en Algérie”, avait peu auparavant déclaré Golam Hossein Nozari, ministre iranien du Pétrole.

Ces déclarations laissent entendre que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole ne prendra pas de décision avant la réunion d’Oran le 17 décembre, d’autant qu’elles émanent du ministre iranien, l’un des “faucons” de l’Opep.

Le ministre qatari de l’Energie, Abdallah Ben Hamad Al-Attiyah, et son homologue koweïti ont abondé dans le même sens.

Le président de l’Opep, l’algérien Chakib Khelil, a pour sa part affirmé que la réunion du Caire serait informelle et que l’Opep ne serait en mesure d’évaluer l’impact de la baisse de production d’octobre qu’au moment de la réunion d’Oran.

L’Opep devrait avant tout s’assurer samedi que la baisse de production d’1,5 million de barils décidée fin octobre et effective depuis le 1er novembre a été bien respectée par ses membres.

D’après un délégué d’un des pays membres, “c’est pour cela qu’on l’appelle réunion consultative”.

“Le respect des quotas de production est le principal problème”, estime lui aussi l’analyste Bill Farren-Price, du cabinet Medley Global Advisers, ajoutant qu’il était vain pour l’Opep d’annoncer d’autres baisses de production, aussi massive soient-elles, tant que ses 13 membres ne respectaient pas les décisions antérieures.

Question de “crédibilité”, ajoute-t-il, alors que les membres de l’Opep n’ont pas toujours fait preuve de discipline par le passé.

Le puissant ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, chef de file du cartel, n’a de son côté pas révélé ses intentions pour la réunion de samedi.

L’Arabie saoudite, premier producteur mondial, et les pays du Golfe sont traditionnellement des modérés au sein de l’Opep. Ryad pourrait vouloir ménager son allié américain, en proie à la pire crise financière depuis 1929.

Cependant, pour certains experts, tout n’est pas joué et le brouillage des messages entourant la réunion du Caire — dont l’importance a été au fil des jours minimisée par l’Organisation — laisse planer un doute.

Olivier Jakob, analyste de Petromatrix, laisse même entendre que l’Opep aurait délibérément rabaissé les attentes entourant la réunion. “L’Opep a cette fois fait du bon travail en ne laissant pas le marché intégrer la décision d’une réunion dans le niveau des cours avant que celle-ci commence”, écrit-il dans une note vendredi.

“Ils ont (…) repoussé les attentes envers une baisse de production à décembre, mais l’ampleur de la dernière hausse des stocks américains est de taille à entraîner une surprise”, a-t-il ajouté.

“Si l’Opep n’annonce pas une baisse maintenant, elle s’expose au risque d’une chute des prix la semaine prochaine”, alors que les cours pétroliers ont été divisés par trois depuis leurs records de la mi-juillet (à 147,50 dollars le baril), estime pour sa part Simon Wardell, du cabinet Global Insight.

“Je pense qu’ils vont faire une annonce ce week-end, même si ce n’est qu’une baisse de production restant à être approuvée à Alger”, ajoute-t-il.

Le secrétaire général de l’Opep, Abdallah el-Badri, a lui reconnu vendredi que le marché était “trop approvisionné”.