GB : pour ses débuts au capital d’une banque, l’Etat obtient 58% de RBS

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ût 2008 à Londres (Photo : Leon Neal)

[28/11/2008 14:39:59] LONDRES (AFP) Le gouvernement britannique, qui avait promis de garantir une augmentation de capital de 18 milliards d’euros de la banque Royal Bank of Scotland (RBS), ex-numéro deux du pays, va s’en trouver désormais l’actionnaire majoritaire, les actionnaires existants ayant boudé l’opération.

A l’issue de sa première intervention dans le cadre de son plan de sauvetage des banques annoncé le 8 octobre, le gouvernement de Gordon Brown possède désormais 57,9% de RBS.

Les actionnaires ne se sont pas jetés, en effet, sur 15 milliards de livres d’actions proposées à 65,5 pence pièce quand elles en valent 55 sur le marché actuellement. Seuls 0,24% ont répondu positivement.

Parallèlement, le gouvernement britannique a acheté 5 milliards de livres d’actions préférentielles RBS assorties d’un lucratif coupon de 12% par an, payable pendant cinq ans, apportant ainsi au total 20 milliards de livres de capitaux frais à la banque d’Edimbourg.

RBS, qui trônait avant la crise juste à droite de HSBC au Royaume-Uni, a été victime de la crise des subprime, et de l’ambitieux rachat l’an dernier de la néerlandaise ABN Amro, en compagnie de Fortis (belgo-néerlandaise) et Santander (espagnole). Elle est aujourd’hui numéro cinq et devrait subir cette année les premières pertes de son histoire.

RBS, qui ne vaut aujourd’hui qu’à peine plus d’un dixième de HSBC, avait déjà dû lever 12 milliards de livres au printemps, et, en octobre, elle avait été dans les premières à sauter sur le plan de sauvetage gouvernemental.

Deux autres banques, Lloyds TSB et HBOS, en cours de fusion, vont prendre part à une opération similaire, HBOS à hauteur de 11,5 milliards de livres et Lloyds à hauteur de 5,5 milliards de livres.

Au vu du prix actuel de leurs actions, le gouvernement pourrait se retrouver dans les semaines à venir propriétaire de 44% de la nouvelle entité qu’elles formeront, Lloyds Banking Group.

Les cinq autres banques ayant accepté de s’associer au plan de sauvetage, ont décidé de procéder par elles-même à des recapitalisations, pour éviter que le gouvernement ne vienne les surveiller dans leurs propres conseils d’administration, quant aux bonus ou aux prêts par exemple.

En outre, aucun dividende ne pourra être payé dans les banques nationalisées tant que le gouvernement possèdera des actions préférentielles, soit jusqu’à cinq ans.

Barclays notamment, qui avait besoin de 7 milliards de livres, vient de se débrouiller seule avec un montage coûteux qui donne un tiers du capital à des investisseurs du Golfe, explicitement pour éviter le gouvernement.

Michael Trippitt d’Oriel Securities a cependant relativisé l’influence de celui-ci, soulignant qu’il pourrait certes “contrôler les bonus, mais qu’il n’y avait plus de bénéfices pour payer des bonus”. Il n’a pas été non plus très efficace jusqu’à présent pour relancer les politiques de prêts des banques, ou leur faire répercuter les baisses de taux de la Banque d’Angleterre, dans un pays qui s’enfonce dans la récession.

Le directeur général Stephen Hester s’est dit pour sa part “reconnaissant” au gouvernement vendredi. Il a promis de “bien servir les intérêts des actionnaires petits et grands”.

Le plan britannique, qui allie recapitalisation et garantie des prêts interbancaires, a été très imité en octobre, en Europe et aux Etats-Unis, contribuant à l’arrêt de l’hémorragie potentiellement léthale qui affectait alors les institutions financières mondiales.

Mais c’est au Royaume-Uni également qu’il semble le plus poussé actuellement, les banques françaises s’étant plutôt contentées, par exemple, de remplumer leur capital en acceptant 10,5 milliards d’euros à six, mais sans que l’Etat devienne leur actionnaire à part entière.