Commerzbank hâte son mariage avec Dresdner pour mettre fin aux inquiétudes

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à Francfort, le 3 novembre 2008 (Photo : Thomas Lohnes)

[28/11/2008 17:52:33] FRANCFORT (AFP) La deuxième banque privée allemande Commerzbank va racheter Dresdner Bank plus vite et deux fois moins cher que prévu, une nouvelle bien accueillie vendredi par le marché qui spéculait plutôt sur un échec de l’opération en raison de la crise financière.

“Il y avait trop d’incertitudes du marché sur cette vente qui devait s’éterniser”, rappelle à l’AFP l’analyste Konrad Becker de Merck Finck à Francfort. “Maintenant c’est clair, dans quatre semaines, Dresdner est consommée”.

Commerzbank a convenu avec Allianz, maison mère de Dresdner, de s’emparer dès janvier 2009 des 40% de la banque qu’elle devait encore lui racheter, bouclant l’acquisition avec six mois d’avance sur le calendrier prévu.

Pour cette part, elle a payé 1,4 milliard d’euros en liquide plutôt que d’attendre une augmentation de capital par une émission d’actions, dont la décision devait être prise lors d’une assemblée générale des actionnaires début 2009.

Pour l’ensemble de la banque, elle va ainsi payer au total 5,1 milliards d’euros, contre 9,8 milliards initialement prévus, et la participation d’Allianz dans le nouveau groupe est limitée à 18,4%, contre près de 30% décidés auparavant.

D’après le plan d’origine, fixé fin août, la “Coba” devait acquérir le reste de Dresdner uniquement en cédant des actions nouvelles à Allianz.

Mais ce scénario s’est compliqué avec la chute vertigineuse du cours de Commerzbank à la Bourse de Francfort: de quelque 20 euros fin août, l’action avait touché le fonds la semaine dernière, à 5,4 euros.

Ces dernières semaines, Commerzbank avait redoublé d’efforts pour rassurer les investisseurs sur l’état de ses liquidités et sur le respect du calendrier de la fusion, en vain.

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ège de la Dresner Bank le 31 août 2008 à Francfort (Photo : Thomas Lohnes)

Début novembre, Commerzbank avait demandé 8,2 milliards d’euros de recapitalisation à l’Etat dans le cadre du plan fédéral d’aide au secteur bancaire, devenant ainsi la première banque privée du pays à sauter le pas.

Mais le rebond espéré en Bourse n’était pas venu, d’autant plus que l’aide tarde à arriver, Berlin attendant toujours l’aval de la Commission européenne.

“Personne ne savait plus vraiment comment Commerzbank allait s’y prendre”, rappelle Konrad Becker. “Le marché s’attendait plutôt à un échec de la fusion”, ajoute Stephan Kalb de Sal Oppenheim.

Le nouvel accord est également avantageux pour Allianz, estiment les analystes, même si l’assureur a annoncé vendredi qu’il passera 600 millions de dépréciations supplémentaires pour Dresdner au quatrième trimestre, sa valorisation passant de 7,8 milliards à 7,2 milliards d’euros.

L’assureur a aussi souffert de l’inquiétude des investisseurs sur le succès du rachat, et “s’il voit sa participation réduite dans la nouvelle Commerzbank, il diminue aussi ses risques”, note M. Becker, pour qui “cela prouve que la confiance sur le secteur bancaire n’est pas encore de retour”.

Par ailleurs, selon M. Kalb de Sal Oppenheim, Allianz a réalisé un gain de 300 millions d’euros en acceptant 1,4 milliard en liquide plutôt que quelque 152 millions d’actions Commerzbank, dont le prix unitaire jeudi à la clôture valait 6,88 euros.

Les deux acteurs du coup de théâtre étaient salués vendredi à la Bourse de Francfort: Commerzbank prenait 3,56% à 7,12 euros, Allianz 6,94% à 63,96 euros vers 14H00 GMT. L’indice vedette baissait de 1,17% à la même heure.