Crise financière : la conférence de Doha appelée à humaniser la relance

[28/11/2008 22:46:35] DOHA (AFP)

photo_1227910718730-2-1.jpg
étaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le 28 novembre 2008 à Doha (Photo : Karim Jaafar)

Les sommes nécessaires pour l’aide au développement sont “modiques” au regard des fonds débloqués pour affronter la crise financière, a estimé vendredi à Doha le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à la veille d’un sommet sur le financement du développement.

Mais plusieurs ONG sont montées au créneau dans la journée pour dénoncer l’absence dans la capitale qatarie de nombreux dirigeants de pays développés, craignant que la tourmente financière ne soit prise “par les pays riches comme une excuse pour renier leurs engagements à l’aide” au développement.

“Nous pouvons certainement trouver la somme modique” nécessaire pour aider les pays en développement à atteindre les Objectifs du millénaire, a affirmé M. Ban après une réunion avec des dirigeants locaux et des ministres, à la veille de l’ouverture du sommet qui durera quatre jours.

Certains de ces pays sont confrontés à des crises alimentaires, doivent lutter contre la pauvreté, les maladies, les conséquences du réchauffement climatique, alors que les plans de sauvetage récemment annoncés aux Etats-Unis, en Europe et en Chine signifient que “des milliers de milliards de dollars sont dépensés pour sauver des banques et des entreprises”, a-t-il rappelé.

De son côté, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a affirmé qu’il serait “indécent” de discuter des réponses à la crise financière mondiale sans prendre en considération “la crise humaine”.

Il ne s’agit “pas d’un sauvetage financier mais d’un sauvetage humain”, a déclaré le responsable européen, qui avait annoncé mercredi un plan de 200 milliards d’euros pour relancer l’activité économique dans l’Union européenne (UE).

Il a souligné la nécessité d’aller de l’avant dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

photo_1227896526171-2-1.jpg
ésident de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le 28 novembre 2008 à Doha (Photo : Karim Jaafar)

Approuvés par les dirigeants mondiaux en 2000, ces Objectifs prévoient la réduction de moitié de l’extrême pauvreté à l’horizon 2015 par rapport à ses niveaux de 1990, le recul des grandes pandémies, de la mortalité infantile et de l’illettrisme.

Mais Ariane Arpa, chef de la délégation de l’organisation humanitaire Oxfam International, a déploré l’absence à Doha de nombreux dirigeants des pays riches.

“Le fait que peu de chefs d’Etat ont jugé opportun de faire le déplacement à Doha est vraiment inquiétant”, a-t-elle ajouté.

Le président français Nicolas Sarkozy et M. Barroso sont les seuls dirigeants des grandes puissances économiques à s’adresser à la conférence, qui s’ouvre officiellement samedi. Le président de la Banque mondiale (BM) Robert Zoellick et le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn seront également absents.

Sont attendus à la conférence les dirigeants de plusieurs pays asiatiques, latino-américains, africains et du Proche-Orient, dont les présidents Mahmoud Ahmadinejad d’Iran et Robert Mugabe du Zimbabwe.

Dans un communiqué commun, les ONG Christian Aid et Actionaid disent “redouter que l’actuelle crise financière ne soit utilisée par les pays riches comme une excuse pour renier leurs engagements à l’aide” au développement.

Lors de la “réunion-retraite de haut niveau” qui s’est tenue vendredi soir avec M. Ban, une trentaine de responsables du G20 et d’institutions internationales, seuls dix étaient des dirigeants, a admis le secrétaire général de l’ONU.

M. Ban a indiqué espérer que le sommet qui s’ouvre samedi sera une occasion de transformer les grandes lignes du plan d’action du G20 en des “recommandations concrètes” avant sa prochaine réunion, à Londres en avril.

La conférence de Doha fait suite à celle de Monterrey (Mexique) en 2002, couronnée par un accord Nord-Sud sur les principes de développement.