érôme Kerviel et ses avocats à Paris, le 13 octobre 2008 (Photo : Joël Saget) |
[28/11/2008 18:57:48] PARIS (AFP) Jérôme Kerviel, le trader de la Société Générale soupçonné de falsifications ayant fait perdre 4,9 milliards d’euros à la banque, a été interrogé vendredi sur ce que le juge considère être ses principales contradictions dans sa version des faits, a-t-on appris de sources proche du dossier.
Faute de temps, la confrontation entre le trader et le directeur juridique de la Société générale Gérard Gardella, présent vendredi dans le cabinet du juge, se poursuivra le 8 décembre pour que les avocats de la banque puissent achever de poser leurs questions à Jérôme Kerviel.
Pendant trois heures, le juge Renaud van Ruymbeke a interrogé le trader sur la contradiction entre le fait d’avoir tout fait pour dissimuler ses énormes prises de position sur les marchés à la Société générale et celui d’affirmer que sa hiérarchie était au courant de ses actions, ont déclaré à l’AFP des avocats de la banque.
“Jérôme Kerviel a été questionné sur ces prétendues contradictions”, a confirmé, Me Bernard Benaïem, l’un de ses avocats, sans faire de commentaire sur les réponses de son client.
“Aux questions du juge, il a répondu par des doubles négations, réaffirmant que la hiérarchie ne pouvait pas ne pas savoir”, a précisé l’un des conseils de la banque.
Le trader sera de nouveau entendu par le juge le 17 décembre durant toute la journée sur les aspects techniques du dossier, ont annoncé ses avocats.
Jérôme Kerviel a pris des positions cachées sur les marchés qui culminait à 50 milliards d’euros au moment de leur découverte le 20 janvier.
Leur débouclage en trois jours s’est soldé par une perte de 6,3 milliards d’euros ramenée à 4,9 milliards après la prise en compte d’1,4 milliard de gains réalisés auparavant par M. Kerviel.
Le juge van Ruymbeke a refusé vendredi à la défense que soit versée au dossier la liste des “initiés” de la banque au courant du débouclage estimant que cette liste, confectionnée postérieurement aux faits dont il est saisi, n’est pas de nature à les éclairer.
L’opération avait été réalisée dans le plus grand secret, seule une vingtaine de personnes de la banque étant au courant. Le trader qui a débouclé, n’était pas lui même dans la confidence, selon la SocGen.
“Les échanges de mails entre initiés permettraient d’éclairer les conditions du débouclage”, estime Me Francis Tissot, un des avocats de Kerviel, en annonçant qu’il fera appel de la décision du juge.
Les avocats du trader ont en revanche obtenu du juge la communication des contrats de départs des personnels licenciés par la banque après l’affaire.
La semaine dernière, ils ont laissé entendre que la banque avait acheté leur silence par des protocole transactionnels avantageux.
Dans un communiqué, la CGT de la Société Générale s’est élevée vendredi contre cette interprétation. Le syndicat justifie le montant des indemnités par “les rémunérations élevées” des licenciés et explique que “la clause de confidentialité” de leur contrat “est commune à toutes les transactions conclues”.