«Chaque jour, quand j’emmène mes enfants à l’école publique,
la question qui me traverse l’esprit est toujours celle de savoir si
l’enseignant -qui a la responsabilité de leur transmettre le savoir- est
conscient du potentiel qu’ils portent en eux pour pouvoir en tirer le meilleur
profit. C’était Salwa Smaoui, directrice générale de Microsoft Tunisie
s’exprimant lors du Panel consacré à la recherche et au développement dans
l’Union pour la Méditerranée. Mme Smaoui a, à ce propos, insisté sur le fait que
la qualité de l’enseignement depuis les premières classes est déterminante dans
le développement des talents de chercheurs au sein de n’importe quel pays. «Il
faudrait revoir nos méthodes d’enseignement et les adapter aux nouvelles
exigences du modernisme où la maîtrise de la technologie de pointe est
indispensable», a-t-elle déclaré.
Aujourd’hui, tout le corps enseignant doit être conscient des changements opérés
sur le plan culturel s’agissant des nouvelles générations. Alors que pour
réaliser une recherche, le geste le plus naturel d’un élève ou d’un étudiant des
années quatre-vingt était de consulter des ouvrages, les premiers réflexes des
jeunes des années 2000 est de naviguer sur internet et y puiser des
informations, nouvelles technologies obligent.
De ce point de vue, le recyclage et la formation des enseignants aux nouvelles
technologies, aux nouvelles méthodes de recherches, une plus grande ouverture
sur les besoins réels de l’économie et du monde de l’entreprise elle-même,
paraissent indispensables.
Mais il n’y a pas que cela, il faudrait également que l’entreprise participe
plus activement à la recherche : «Le gouvernement a une grande responsabilité
dans le développement de la recherche, a indiqué Salwa Smaoui, notamment en
exonérant des taxes et impôts, les entreprises qui consacrent une partie de leur
budget à la recherche». Elle est rejointe par Néji Baccouche, doyen de la
Faculté de Droit de Sfax : «Sollicitez un chef d’entreprise pour qu’il vous
accorde une donation destinée à la recherche, il pourrait s’exécuter illico
presto mais il reprendra très vite ses esprits lorsqu’on en discute avec son
responsable financier, il lui rappelle que la donation pour la recherche n’est
pas déductible», a-t-il précisé.
Le désenchantement ?
Pas si vite, répond Chakib Nouira, président de l’Institut arabe des chefs
d’Entreprise. «Les investissements dans les pôles d’excellence sont exonérés
d’impôts, ce qui veut dire que les chefs d’entreprise pourraient financer des
recherches au niveau de ces centres. Des recherches dont ils pourraient
bénéficier les premiers puisqu’elles seront en rapport avec leurs secteurs
d’activités. Ces entreprises devraient être plus attentives et plus ouvertes,
car investir dans la recherche, c’est investir dans l’avenir», a-t-il ajouté.
Chakib Nouira a également appelé à ce qu’il y ait des revalorisations des
rémunérations des corps enseignants dans notre pays parce qu’ils ont la
responsabilité de former les générations futures et de dénicher les talents.
Ceci dit, il serait très possible que, d’ici peu, le secteur privé présente des
propositions au gouvernement pour mettre en place des fonds pour la recherche et
le développement.
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