Crise : l’ONU recommande une réponse massive et coordonnée

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étaire général de l’ONU Ban Ki-Moon à Doha le 30 novembre 2008 (Photo : Marwan Naamani)

[01/12/2008 07:14:38] DOHA (AFP) Un ensemble de stimulants économiques massif, coordonné et rapide est nécessaire pour contrer une dépression à l’échelle planétaire, affirment les experts de l’ONU dans un rapport publié lundi à Doha.

Ces mesures doivent “être cohérentes et se renforcer mutuellement, et être aussi en phase avec les impératifs d’un développement durable”, souligne ce “Rapport sur la situation et les perspectives économiques mondiales 2009”, présenté à l’occasion de la conférence ministérielle internationale sur le financement du développement, réunie dans la capitale qatariote.

“Ces initiatives doivent venir en plus des mesures de recapitalisation et de reconstitution de liquidités déjà prises par les pays en réponse à la crise”, poursuit le rapport.

Les économistes de l’ONU recommandent également “une réglementation plus stricte des marchés financiers, un approvisionnement adéquat en liquidités à l’échelle internationale, une révision du système de réserve international et une gouvernance économique mondiale moins exclusive et plus efficace”.

Selon le document, la croissance mondiale sera, dans le plus probable des scénarios, de 1% seulement en 2009, contre 2,5% en 2008 et des taux compris entre 3,5% et 4% les quatre années précédentes.

Les pays développés seront les plus touchés, avec un taux de croissance moyen négatif, à -0,5%. Parmi eux, les Etats-Unis devraient enregistrer une croissance de -1%, la zone euro de -0,7% et le Japon de -0,3%.

Les économies dites “en transition” devraient en revanche connaître une croissance de 4,8% et les pays en développement un taux de 4,6%.

Le taux de croissance de la Chine est estimé à 8,4%, en recul de trois points par rapport à 2007 et de 0,7% de pourcentage par rapport à 2008.

Les croissances de l’Inde, du Brésil et du Mexique sont prévues respectivement à 7%, 2,9% et 0,7%.

Les experts de l’ONU avertissent qu'”étant donné l’incertitude actuelle, un scénario plus pessimiste encore est très possible”.

Si la crise du crédit se prolonge et si la confiance dans le secteur financier n’est pas rétablie dans les mois qui viennent, expliquent-ils, “les pays développés pourraient entrer dans une profonde récession en 2009”.

Ce qui empêcherait en retour la croissance des pays en développement de dépasser 2,7%, “un taux dangereusement bas pour leur capacité à supporter les efforts de réduction de la pauvreté et assurer une stabilité sociale et politique”.

Commentant le rapport dont il est l’un des principaux auteurs, Rob Vos, directeur de la division politique de développement et analyse à l’ONU, estime qu'”une relance d’environ 1 à 2% du PIB à l’échelle mondiale devrait suffire à empêcher une croissance négative”.

Si on procède ainsi, déclare-t-il à l’AFP, “il devrait y avoir une reprise, peut-être pas dès 2009 mais en 2010 à moins que les marchés ne s’effondrent davantage entre temps”.

Dans leur rapport, les économistes onusiens, estimant que l’injection d’argent dans le système bancaire et les baisses des taux d’intérêt n’ont pas suffi à rétablir la confiance, affirment qu”avec peu de marge de manoeuvre pour des stimulants monétaires, le recours à des options de politique fiscale est nécessaire pour réactiver l’économie mondiale”.

Ils prônent ainsi “des mesures de stimulation fiscale coordonnées à l’échelle mondiale”. Ils voient dans la crise “l’occasion d’aligner des paquets de mesures fiscales sur les objectifs de développement durable” et d’effectuer “des investissements publics dans les infrastructures, la production alimentaire, l’éducation, la santé et les sources d’énergie renouvelables”.

Ils estiment qu’un “mécanisme crédible de coordination internationale devra être créé” pour aider à mettre en oeuvre de telles mesures.

Ils soulignent enfin que le monde devrait réfléchir à “la faiblesse d’un système financier mondial centré sur le dollar comme monnaie de réserve”.

“Avec l’endettement des Etats-Unis qui continue de croître, à environ 2.700 milliards de dollars fin 2008, un ajustement désordonné des déséquilibres mondiaux et un atterrissage brutal du dollar demeurent des risques importants de récession”, estiment-ils. En pareil cas, les investisseurs pourraient “se détourner des valeurs libellées en dollars, ce qui entraînerait encore plus vers le bas l’économie américaine, et avec elle l’économie mondiale”.