La crise s’installe dans l’économie, les investisseurs restent prudents

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ût 2007 sur la chaîne de fabrication de la Laguna III, à l’usine Renault de Sandouville (Photo : Robert Francois)

[01/12/2008 10:40:29] PARIS (AFP) De nouveaux indicateurs ont rappelé lundi que la crise financière affectait dorénavant toute l’économie, notamment le secteur automobile contraint de s’en remettre aux aides publiques pour survivre, rendant les investisseurs très prudents.

En Allemagne, alors que le moral des consommateurs et des commerçants semblait se maintenir malgré l’entrée en récession du pays, les ventes de détail ont baissé de 1,6% en un mois en octobre, selon des chiffres provisoires nettement plus mauvais que prévu.

En France, l’indice des directeurs d’achat (PMI) pour le secteur manufacturier a été révisé en baisse à 37,3 points en novembre, son plus bas niveau historique.

Sur la zone euro, ce même indice s’est effondré encore pour atteindre également un plus bas historique à 35,6 points. Les niveaux de l’indice inférieurs à 50 depuis six mois “témoignent de l’ampleur de la crise actuelle”, a relevé la société Markit.

La Chine a de son côté encaissé un nouveau ralentissement de son secteur manufacturier: l’indice PMI de la China Federation of Logistics and Purchasing (CFLP) est notamment tombé à 38,8, son plus bas niveau depuis son lancement en 2005e.

Le Japon a pour sa part a affiché une chute historique de ses ventes de véhicules neufs, hors mini-voitures (jusqu’à 660 centimètres cube). Elles ont plongé de 27,3% sur un an en novembre, soit le plus mauvais mois pour le secteur depuis 1969.

En Espagne, les immatriculations de voitures neuves ont continué à s’effonder, chutant de 49,6% en novembre sur un an.

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à Los Angeles (Photo : Gabriel Bouys)

Le PDG des groupes français Renault et japonais Nissan, Carlos Ghosn, a de nouveau tiré la sonette d’alarme lundi. “Les destructions d’emplois seront massives dans les pays qui n’aideront pas rapidement le secteur automobile à se financer”, a-t-il estimé.

M. Ghosn plaide pour que les pouvoirs publics, français et japonais notamment, permettent au secteur de bénéficier de “prêts à long terme à des taux raisonnables”, jugeant toutefois “constestable” la simple distribution d’argent aux constructeurs les plus faibles.

Aux Etats-Unis, les dirigeants des “Big Three”, General Motors, Ford et Chrysler, vont devoir convaincre à partir de mardi les élus du Congrès de la viabilité de leurs entreprises et de la nécessité d’un plan de sauvetage.

Après un premier prêt de 25 milliards de dollars, ils réclament une aide du même montant alors qu’une nouvelle baisse des ventes automobiles devrait être annoncée mardi aux Etats-Unis.

Dans un rapport publié lundi à Doha, les experts de l’ONU ont souligné la nécessité d’un ensemble massif et coordonné de stimulants économiques, pour contrer une dépression à l’échelle planétaire.

Le document a été présenté lors d’une conférence ministérielle internationale sur le financement du développement, réunie dans la capitale qatariote. Il prévoit une croissance mondiale de 1% seulement en 2009, dans le plus probable des scénarios, les pays développés étant les plus touchés, avec un taux de croissance moyen négatif à -0,5%.

Dans ce contexte, les investisseurs demeurent prudents, attendant de nouvelles mesures comme celles que devraient prendre jeudi la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre (BoE).

La BCE, qui a déjà abaissé début novembre son taux d’un demi-point à 3,25%, pourrait le réduire à nouveau de 0,50 ou 0,75 point, selon les analystes, afin de relancer l’activité dans la zone euro, en récession et où le taux de chômage a atteint 7,7% en octobre, son plus haut niveau depuis près de deux ans.

De son côté, la Banque du Japon (BoJ) va convoquer mardi une réunion extraordinaire de son comité de politique monétaire, en vue d’adopter de nouvelles mesures pour aider les entreprises en difficulté à emprunter de l’argent aux banques.

Autre événement très attendu: le discours ce lundi du président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Ben Bernanke, sur la “politique” de la banque centrale US “dans la crise financière”.

La Bourse de Paris était en baisse lundi à l’ouverture des échanges, à l’instar de Francfort et Londres, tandis que Tokyo a terminé en recul de 1,35% sur un marché peu actif et attentiste.

Les cours du pétrole ont continué à baisser lundi matin alors que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a décidé samedi de maintenir pour le moment ses quotas actuels de production, laissant entendre qu’elle baisserait sa production lors de sa prochaine réunion le 17 décembre.