Sanofi-Aventis repris en main par Chris Viehbacher, “manager à l’anglo-saxonne”

[01/12/2008 10:17:34] PARIS (AFP)

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ée de Chris Viehbacher, nouveau directeur général de Sanofi-Aventis (Photo : Ho)

Le germano-canadien Chris Viehbacher prend lundi les rênes du groupe français Sanofi-Aventis, avec l’objectif de redynamiser ce géant mondial de la pharmacie, faisant craindre aux salariés une vague de restructurations.

Souvent décrit comme un “pur manager à l’anglo-saxonne”, Chris Viehbacher, 48 ans, jusqu’alors patron de la filiale nord-américaine du laboratoire britannique GSK, va remplacer Gérard Le Fur, 58 ans, qui sera finalement resté moins de deux ans au poste de directeur général de Sanofi.

Présenté comme le fils spirituel du président Jean-François Dehecq, M. Le Fur devait diriger le numéro quatre mondial de la pharmacie jusqu’en 2010.

Mais le courant n’est jamais passé entre ce chercheur et la communauté financière; l’échec du laboratoire dans la commercialisation aux Etats-Unis du médicament anti-obésité Acomplia, développé par ses équipes, a précipité sa chute.

Le médicament, qui devait compenser les centaines de millions d’euros perdus dans la bataille contre les fabricants de génériques, a été retiré du marché européen en octobre, en raison des risques psychiatriques qu’il faisait courir aux patients.

Concurrence des génériques, mais aussi baisses de prix et autorités sanitaires de plus en plus exigeantes sur l’innocuité des médicaments: Sanofi-Aventis doit aujourd’hui accélérer son adaptation à cet environnement plus difficile, répètent les analystes.

Chris Viehbacher est considéré par nombre d’entre eux comme “l’homme de la situation”. Il dispose d’une expérience de 20 ans dans l’industrie pharmaceutique et a un profil international: ce francophone a travaillé aux Etats-Unis, en Allemagne et en Grande-Bretagne.

Son arrivée devrait marquer une “clarification de la stratégie” de Sanofi-Aventis, estime la maison de courtage Raymond James, à travers une adaptation aux exigences de la toute puissante Food and Drug Administration américaine, une réorganisation de sa recherche ou encore un renforcement de sa présence dans les biotechnologies.

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à Berlin, le 22 avril 2008 (Photo : John Macdougall)

Le groupe, issu du rachat d’Aventis par Sanofi Synthélabo en 2004, pourrait aussi mener une politique de réduction des coûts “plus agressive”, estiment les analystes de la banque Natixis: il ne devrait “plus reculer devant l’annonce de mesures” de restructurations de grande ampleur.

Une perspective qui trancherait avec l’attitude de la direction actuelle, quasi exclusivement franco-française, qui privilégiait des réorganisations au fil de l’eau. Du coup, certains salariés s’inquiètent.

“On a peur que le groupe s’américanise”, explique Bruno Patruno, membre CGT du comité central d’établissement de la chimie sur le site de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), où 471 emplois sur 661 doivent être supprimés.

Certains ont déjà trouvé un surnom à M. Viehbacher: “smiling killer” (“tueur souriant”), rapporte un employé sous couvert d’anonymat.

“Les salariés craignent davantage une accélération (des réorganisations, ndlr) plutôt qu’un arrêt”, confirme un responsable syndical de la plate-forme commerciale de Paris-Sud, qui préfère aussi taire son nom. “On sait qu’il va se passer des choses, qu’un virage va être pris”, renchérit M. Patruno.

En France, le groupe a déjà annoncé la suppression de 927 postes de visiteurs médicaux sur 3.432.

Depuis janvier 2006, il a aussi réduit de 4.000 le nombre de salariés travaillant dans la production de médicaments en Amérique du Nord et en Europe. Dans le même temps, les effectifs augmentaient dans le reste du monde, pour atteindre plus de 24.000 personnes.