Les pays industrialisés en appellent aux finances islamiques

Nous l’avions déjà annoncé dans un dossier publié par le
Webmanagercenter sur la finance islamique paru le 14 novmebre, cette finance
intéresse la France. L’information est aujourd’hui officielle et d’après le site
du journal «Le Parisien», dès 2009, les banques islamiques pourraient être
autorisées à ouvrir leurs guichets dans l’Hexagone, dès le mois de janvier.
«Pour les banques qui souhaiteraient réaliser des opérations conformes aux
dispositions de la charia… on les engage à considérer le territoire français
comme une terre d’accueil», avait déclaré Christine Lagarde, ministre française
de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi qui a même annoncé son intention de
faire de Paris une capitale de la finance islamique.

La France pourrait ainsi autoriser d’ici à juin 2009 la «Qatar Islamic Bank»,
qui dispose déjà d’une filiale à Londres, la «Kuwait Finance House» et la «Al-Baraka
Islamic Bank» à s’y installer. Elles démarreraient leurs activités par tout
juste le financement et l’investissement avant de se lancer en deux ou trois
années dans la banque de détail selon un des experts du cabinet Moody’s en
France. Ces banques visent les 5 millions de musulmans résidant en France. Un
marché potentiel. Dans une enquête réalisée en mai 2008 par l’Ifop, «500.000
personnes d’origine musulmane seraient très intéressées par des emprunts
bancaires respectant la charia». La décision prise par le gouvernement français
a été applaudie par Hervé de Charrette, président de la Chambre de commerce
franco-arabe. «L’importation en France de la finance islamique serait un facteur
d’intégration», a-t-il déclaré. La finance islamique faisait peur parce qu’à
tort, elle est assimilée à l’intégrisme religieux, voire au financement du
terrorisme regrette Elyès Jouini, professeur d’économie à l’université de
Paris-Dauphine. Aujourd’hui, crise financière aidant, les places financières
partout dans le monde se tournent vers ce mode.

Au mois de juillet, Gérard Mestrallet, président de l’association Paris
Europlace, une association pour la promotion de la place financière parisienne,
avait annoncé à l’occasion de son Forum annuel que des “incitations fiscales”
devraient être bientôt annoncées afin de faciliter le développement de la
finance islamique en France.

“Nous allons développer à la fois sur le plan réglementaire et fiscal tout ce
qui est nécessaire pour rendre vos activités aussi bienvenues ici à Paris
qu’elles le sont à Londres et sur d’autres places», avait alors déclaré la
ministre française de l’Economie à des investisseurs du Moyen-Orient participant
au forum.

Le pays du Soleil Levant s’y met aussi

En Asie, le Japon envisage de devenir le premier grand pays industrialisé à
émettre des obligations publiques “coraniques”, respectant à la lettre les
préceptes de l’islam. Objectif ? Attirer les fonds en provenance des riches
pétromonarchies musulmanes.

La Banque japonaise de coopération internationale (JBIC), a d’ores et déjà
annoncé son intention de lancer les premiers «sukuks», ou obligations coraniques
sans taux d’intérêt, en coopération avec la Malaisie. «Notre banque est en
pourparlers avec la Banque centrale de Malaisie. Le but est d’attirer des
pétrodollars non seulement au Japon, mais dans l’ensemble de l’Asie», a déclaré
Hiromi Inukai, porte-parole de la JBIC, à l’Agence France Presse.

La JBIC aurait déjà mis en place un comité constitué de spécialistes en droit
islamique pour la préparation et le lancement de son obligation, prévu pour le
mois de janvier.

Les ‘’sukuks’’ ne rapportent aucun intérêt proprement dit, conformément à la
deuxième sourate du Coran qui interdit l’usure.

«Le Japon et ses entreprises accompliraient un premier pas, et deviendraient
des acteurs plus présents dans le monde de la finance islamique. Ils feraient
des progrès petit à petit et apprendraient les méthodes», a déclaré Hideki
Nukaya, chercheur à l’Institut pour les affaires monétaires internationales au
Japon. Les obligations coraniques de la JBIC permettraient aux sociétés nippones
de diversifier leurs sources de financement, a-t-il expliqué. Il a, par
ailleurs, affirmé que les institutions financières japonaises sont en train de
se familiariser avec les méthodes des finances islamiques pour pouvoir les
appliquer dans les opérations bancaires habituelles.

En Asie, le leader en la matière est la Malaisie, pays à forte majorité
musulmane. Pour consolider sa position, ce pays est actuellement en train de
libéraliser son système financier tout en se présentant comme un centre
d’éducation à la finance islamique.

Les pays arabes devraient également s’y intéresser

Pour Mahfoudh Barouni, expert en finances islamiques et vice-directeur
général de la Best Bank en Tunisie, un tel engouement de la part des pays
industrialisés s’expliquerait par le fait que le monde a réagi de la manière la
plus logique aux différentes déviations du secteur financier international. Un
système qui a développé des agissements contre nature en instaurant les produits
dérivés et en créant des produits financiers d’une telle sophistication que l’on
s’est considérablement éloigné de l’économie réelle. Le retour à la banque
islamique est un retour aux principes de base de l’économie et des finances à
savoir des liens étroits entre les activités financières et économiques. Cette
banque propose des solutions appropriées contre tout risque de déviation qui
pourrait déstabiliser la finance internationale.

D’autre part, cet intérêt s’explique par la recherche de nouvelles niches de
marchés. Les monarchies du Golfe ont beaucoup de ressources, leurs
investissements ne sont pas basés sur la spéculation, ils exigent du temps et
ont pour principe l’acceptation des risques, les marchés des pays du Golfe sont
également en surliquidités donc ils sont très intéressés par l’investissement.
Ils sont conscients que les investissements sont soumis à des phases, des fois
ils sont très porteurs d’autres non. Le principe est qu’on ne peut pas être
gagnant à tous les coups. Ce qui est, cependant avantageux, c’est que c’est une
finance réaliste, très liée à l’économie réelle et au bout du compte elle reste
porteuse. Ce qui est toutefois important, selon Mahfoudh Bahrouni, est que les
pays arabes suivent les efforts consentis par la France sur les plans
législatifs et réglementaires dans le secteur de la grande finance islamique
pour offrir aux investisseurs intéressés par ce mode de financement, ceux qui
veulent créer des banques participatives dans le respect de la bonne morale
islamique «un terrain d’atterrissage» convenable pour et où il n y a pas des
gens qui gagnent à tous les coups et d’autres qui perdent à tous les coups et où
l’économie réelle est celle qui profite le plus des investissements.

L’esprit moralisateur de la finance islamique apparaît en ces temps de crise
comme étant un outil efficace de faire prospérer les secteurs financiers partout
dans le monde en réduisant les risques et en se rapprochant plus de l’économie
réelle. Les banques islamiques, rappelons le, ne peuvent financer que des
activités économiques réelles.

D’après le Figaro, au mois de janvier 2009, s’ouvrira en France, la première
formation de finance conforme à la charia à l’Ecole de management de Strasbourg.
Ceci pourrait dénoter d’une volonté de développer encore plus l’éthique dans la
finance. Un système financier participatif basé sur des règles et une éthique
religieuses qu’est l’Islam.

Selon le FMI, les avoirs des institutions financières islamiques dans le
monde sont évalués à plus de 250 milliards de dollars, et croissent au rythme de
15% chaque année.