Plan de relance économique européen : mise en place plus compliquée que prévu

photo_1228217686694-1-1.jpg
écembre 2008 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

[02/12/2008 11:38:01] BRUXELLE (AFP) Le plan de relance économique européen face à la récession s’avère plus compliqué que prévu à mettre en place: l’objectif des 200 milliards d’euros fixé par Bruxelles suscite des réserves et la répartition de l’effort entre les pays fait débat.

Les ministres des Finances de l’Union européenne étaient réunis mardi pour discuter des propositions formulées la semaine dernière par la Commission européenne pour faire face à la récession économique qui a gagné le continent.

Mais dès lundi soir, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a pris ses distances avec l’objectif quantitatif de Bruxelles: 200 milliards d’euros, dont 170 milliards apportés par les seuls gouvernements et le reste par des fonds européens.

“Je ne mettrai pas trop l’accent sur ce chiffrage, l’important c’est la direction, et que tout le monde soit d’accord pour faire un effort important”, a-t-il déclaré à la presse.

La France, qui préside l’UE, a soumis mercredi aux ministres des Finances de l’ensemble de l’UE un texte reprenant l’essentiel des propositions de l’exécutif européen et évoquant un ordre de grandeur de 1,5% du Produit intérieur brut européen pour les mesures cumulées de relance. Ce qui équivaut à 200 milliards d’euros environ. Mais elle reste prudente sur la capacité de l’Europe à atteindre ce niveau au bout du compte.

“Il y a un débat qui est: comment mesurera-t-on ces 1,5%?” de contribution, a reconnu une source française, “sachant que les efforts qui seront faits par chacun des Etats seront différents”. “On ne pourra en avoir une vision consolidée qu’a posteriori”, a-t-elle ajouté, “certains Etats ne pourront pas suivre cette ligne” fixée par la Commission, notamment “les Etats baltes ou la Hongrie” qui vient de traverser de fortes turbulences financières. Bruxelles s’est bien gardé, dans ses propositions, de ventiler les contributions individuelles attendues des Etats pour arriver à 200 milliards d’euros.

photo_1228217752116-1-1.jpg
à Bruxelles le 1er décembre 2008 (Photo : Dominique Faget)

Les pays les plus riches devront-ils mettre davantage au pot que les autres, en particulier ceux d’Europe de l’Est entrés depuis 2004 dans l’Union européenne? L’Allemagne, sous pression de ses partenaires pour mettre davantage la main au portefeuille au motif qu’elle est la première économie européenne et qu’elle dispose de marges de manoeuvre budgétaires, s’y refuse.

“Nous ne participerons pas à une course insensée à des milliards” de dépenses, a prévenu lundi la chancelière Angela Merkel à Berlin.

Certains pays d’Europe de l’Est, comme la Pologne ou la République tchèque, refusent pour leur part de laisser filer les déficits pour doper l’activité, alors qu’ils cherchent à se qualifier pour l’adhésion à l’euro, qui suppose une stricte maîtrise des dépenses publiques.

“Lorsque je parle aux responsables européens qui me parlent fièrement des montants qu’ils vont injecter dans l’économie, je pose la question: Où trouvez-vous l’argent pour ça?”, a dit le Premier ministre polonais Donald Tusk lundi dans une interview. Pour ne rien arranger, les tensions refont surface entre les gouvernements européens et la Commission européenne sur certains plans publics nationaux d’aides aux banques.

Dans une sortie inhabituelle, les ministres des Finances allemand et suédois ont ouvertement mis en cause la “bureaucratie” de Bruxelles mardi, jugeant pénalisantes les conditions posées aux banques par le gendarme européen de la concurrence pour donner son feu vert.