La croissance verte à la rescousse de l’économie en crise

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à La Défense (Photo : Olivier Laban-Mattei)

[02/12/2008 13:14:41] PARIS (AFP) L’environnement pourrait apporter un relais de croissance bienvenu, avec plus de 500.000 emplois espérés de la mise en oeuvre du Grenelle de l’environnement, à condition que la “révolution verte” ne fasse pas les frais de la crise.

“La croissance verte sera au coeur du redémarrage de l’économie”, a assuré lundi le ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo dans Les Echos, trois jours avant l’annonce par Nicolas Sarkozy d’un plan de relance de l’économie à Douai (Nord).

Le ministère de l’Ecologie chiffre les investissements liés au Grenelle de l’environnement à 440 mds d’euros d’ici 2020. En échange, la “révolution verte” devrait permettre de maintenir ou de créer 535.000 emplois dans le bâtiment, les transports et la protection de la nature.

Reste à trouver le financement en temps de crise: pour les infrastructures comme pour la rénovation du logement social, “quand l’Etat met un euro en jeu, le secteur privé en met 4”, selon le ministère.

Une grande part des financements repose sur des partenariats public/privé, qui risquent de pâtir de la crise. M. Borloo a convenu que “réunir le financement de la ligne de TGV Tours-Bordeaux peut prendre quelques mois de plus”, tout en assurant qu'”il est possible de commencer à agir sans tarder sur le terrain”.

Dans les transports, le doublement du réseau TGV, le lancement du canal Seine-Nord-Europe, le développement du fret devraient représenter 80.000 emplois.

La rénovation du bâtiment existant représente le plus gros chantier du Grenelle avec à la clé, la création attendue de 235.000 emplois.

800.000 logements privés devront être rénovés sur 2009-2013 puis 400.000 autres entièrement refaits à partir de 2013, ainsi que la totalité du parc de logements sociaux.

Le ministère de l’Ecologie compte notamment sur le lancement d’un prêt à taux zéro, l'”éco-PTZ”, pouvant aller jusqu’à 30.000 euros pour inciter le Français à rénover leur logement, et sur le crédit d’impôt développement durable.

Porter la part des énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermie etc) à 23% minimum de la consommation d’énergie en 2020 (objectif européen) se traduira par la création de quelque 220.000 emplois.

Reste à faire passer définitivement les lois Grenelle au Parlement: la loi d’orientation “Grenelle 1” doit passer au Sénat début janvier et la loi Grenelle 2 est attendue au Parlement fin février, début mars.

Pour Arnaud Gossement, porte-parole de France nature environnement, beaucoup dépendra de l’issue des négociations à Bruxelles (paquet énergie-climat européen) et Poznan (conférence climat de l’Onu), dans les dix jours qui viennent.

En cas d’échec au niveau international, “il y aura certainement des parlementaires pour dire que la France n’a pas à être plus vertueuse que d’autres pays, d’autant qu’elle n’est pas particulièrement à la traîne”, précise-t-il.

Autre écueil, la création de ces 500.000 emplois verts d’ici 2020 risque d’être entravée par un déficit de professionnels, selon une étude publiée mardi par le site spécialisé Actu-Environnement.

Dans le bâtiment comme dans le secteur des énergies renouvelables, les entreprises manquent cruellement de personnel qualifié et un gros effort de formation reste à faire, selon cette étude.