USA : le commerce extérieur ajoute désormais aux difficultés de l’économie

photo_1229017498107-1-1.jpg
Un camion dans le port de Los Angeles (Photo : David McNew)

[11/12/2008 17:47:05] WASHINGTON (AFP) Les échanges commerciaux des Etats-Unis avec le reste du monde ont continué de baisser en octobre du fait du ralentissement économique, la nouvelle baisse marquée des exportations venant ajouter aux difficultés de la première économie de la planète.

Le déficit commercial américain a crû en octobre de 1,1% par rapport au mois précédent, pour atteindre 57,2 milliards de dollars, selon les données corrigées des variations saisonnières publiées jeudi par le département du Commerce à Washington.

Les analystes, qui tablaient sur un déficit en baisse, à 53,5 milliards de dollars, ont été surpris par la hausse des importations pétrolières.

Avec 70,9 millions de barils, les importations de brut américaines ont atteint leur plus haut niveau mensuel de l’histoire, et la baisse record du prix moyen du baril n’a pas suffi pour annuler l’impact de ces achats massifs.

Le mois d’octobre a été marqué par une nouvelle baisse du total des échanges, de 1,7%, entraînée par un recul des importations et des exportations.

Les achats américains ont baissé de 1,3%, signe de la faiblesse de la demande intérieure du pays, pour s’établir à 208,9 millions d’euros. Ils ont été plombés par une chute de 5,0% des importations automobiles, à la suite du plongeon de la demande de voitures aux Etats-Unis.

Avec un total de 151,7 milliards de dollars, les exportations ont reculé de 2,2%, traduisant la baisse de la demande extérieure liée au ralentissement économique mondial, ainsi que l’appréciation du dollar par rapport à plusieurs monnaies de référence, qui rend les produits américains moins compétitifs.

Les importations et les exportations avaient atteint un record en juillet et n’ont cessé de baisser depuis cette date. Elle sont désormais à leur plus bas niveau depuis le mois de mars.

En octobre, le déficit de la balance des échanges de biens s’est creusé de 0,4%, à 69,8 milliards, tandis que l’excédent (traditionnel) de la balance des services s’est réduit de 2,3%, à 12,6 milliards de dollars.

Le déficit commercial chronique avec la Chine, premier partenaire des Etats-Unis, a atteint un nouveau record, à 28 milliards de dollars.

La baisse continue des exportations, plus rapide que celle des importations, confirme que le relais de croissance apporté par le commerce extérieur au deuxième trimestre (et dans une moindre mesure au troisième) disparaît alors que la consommation intérieure, moteur traditionnel de l’économie, chute.

Cela va dans le sens des prévisions des économistes qui annoncent tous un recul très marqué de la croissance du PIB américain au quatrième trimestre, après la baisse de 0,5% enregistrée pendant les trois mois d’été.

“Le déficit commercial se creuse juste au moment où l’on se disait que les choses ne pouvaient plus empirer pour l’économie américaine, […] ajoutant du sel sur ses blessures béantes”, estime Sherry Cooper, économiste de BMO Capital Markets.

Le commerce extérieur va désormais faire perdre des points de croissance aux Etats-Unis prédit-elle, en tablant sur un recul du PIB compris entre 5 et 6% en rythme annuel au quatrième trimestre

“Il ne reste plus qu’une seule source de soutien à l’économie, la dépense publique”, estime-t-elle.

Pour Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland, “le déficit commercial va prolonger et aggraver la récession, et amoindrir les effets bénéfiques du plan de relance proposé par le président élu [Barack] Obama” et “détruire davantage d’emplois américains”.

“Tout simplement, dit-il, l’argent dépensé pour le pétrole du Moyen-Orient, les télévisions et les cafetières chinoises et les voitures sud-coréennes ne peut pas être dépensé pour des biens et des services produits aux Etats-Unis”.