Restructurations à la chaîne dans le secteur pharmaceutique

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ège du groupe Pfizer à Paris le 23 janvier 2007 (Photo : Dominique Faget)

[12/12/2008 16:26:52] PARIS (AFP) Postes supprimés chez Pfizer et Sanofi-Aventis, liquidation judiciaire de MBO, fermeture d’un site 3M: l’industrie pharmaceutique vit une fin d’année difficile, surtout pour la filière des visiteurs médicaux, qui vont passer de 22.000 à environ 17.000 en 2010.

“Nous sommes sous le choc”, ont déclaré vendredi les syndicats CFDT et CGT de la filiale française du groupe américain Pfizer à la sortie d’un comité d’entreprise au cours duquel la direction a annoncé vouloir faire partir, volontairement et si besoin via des licenciements, 700 personnes en 2009.

La CFDT a précisé que les effectifs en France passeraient de 1.771 à 879 salariés, soit une perte de 892 postes, une partie étant déjà vacants. Pour l’Unsa cette “suppression de 60% des effectifs” est “une véritable provocation”. Thierry Lannes, délégué CFDT, a expliqué à l’AFP que “743 personnes allaient être impactées”, dont 543 visiteurs médicaux et 200 salariés du siège.

Pfizer France mise sur des formations de reconversion, des cessations anticipées d’activité, des aides à la création d’entreprises et à la mobilité géographique, et des congés de reclassement pour limiter les licenciements économiques. “Il n’y aura aucun licenciement contraint avant le 1er décembre 2009”, a assuré Gérard Bouquet, vice-président de la filiale française.

Cette mauvaise nouvelle pour le secteur pharmaceutique, qui représente 103.000 emplois, fait suite à d’autres suppressions de postes annoncées depuis trois mois: 330 chez l’Américain Schering-Plough, 927 chez le Français Sanofi-Aventis, 110 chez le groupe américain 3M.

Courant novembre, les sociétés MBO et Innovex (groupe Marc Boy Minkowski), prestataires pour les laboratoires et employant essentiellement des visiteurs médicaux, ont subitement révélé à leurs quelque 800 salariés être en cessation de paiement. Leur liquidation judiciaire a été prononcée le 10 décembre.

Le directeur général du Leem (syndicat patronal des entreprises du médicament), Philippe Lamoureux, a avancé jeudi le chiffre de “4.000 suppressions d’emplois depuis le début de l’année”. “Le secteur a créé 2.000 emplois par an pendant ces dix dernières années”, a-t-il tenu à souligner.

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çois Dehecq, le président du conseil d’administration du groupe Sanofi-Aventis, le 4 septembre 2008 à Tours (Photo : Alain Jocard)

Pour M. Lamoureux, le secteur vit “une mutation” avec des délocalisations, une politique de maîtrise de dépenses de santé, un durcissement des normes pour les nouveaux médicaments et un développement des biotechnologies au profit des médicaments classiques.

La situation est particulièrement morose pour les visiteurs médicaux, qui assurent traditionnellement l’information des médecins libéraux pour le compte des laboratoires. Le DRH de Sanofi-Aventis France, Pierre Chastagnier, avait parlé début octobre d’un métier “menacé”.

“Il y aura 5 à 6.000 visiteurs médicaux en moins” à l’horizon 2010 sur les 21.800 recensés fin 2007, a estimé Pascal Le Guyader, responsable au Leem. “On en revient à des ratios des années 1990-95”, a-t-il assuré.

Cette profession, très féminisée (72%), subit le développement des génériques et la volonté de limiter les prescriptions.

Olivier Amat, délégué CGT chez Sanofi, déplore aussi une politique consistant à “présenter désormais un nombre très réduit de médicaments, une dizaine” et “un ciblage des médecins rentables”.

En pointant des bénéfices importants et des réserves de trésorerie, les syndicats du secteur dénoncent une stratégie visant “seulement à préserver la rentabilité”.

A l’appel d’une intersyndicale de la profession (CFDT-CFE/CGC-CFTC-FNIC/CGT-FO-Unsa), un rassemblement est prévu mardi place de la Bourse à Paris.