La Maison Blanche fait volte-face pour sauver GM et les autres

[12/12/2008 21:09:06] WASHINGTON, 12 déc 2008 (AFP)

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Photo de la maison blanche le 29 octobre 2008 (Photo : Karen Bleier)

La Maison Blanche est revenue vendredi sur ses positions et s’est dite prête à examiner, pour sauver les constructeurs automobiles américains en péril, le recours à des fonds qu’elle réservait au système financier.

Le gouvernement sortant de George W. Bush a réagi sans attendre à l’enterrement, dans la nuit, d’un plan de sauvetage qu’elle avait négocié avec le Congrès, et à la menace de faillite pesant plus que jamais sur les constructeurs, qui risque de contaminer toute l’économie américaine déjà en récession.

Confirmant les inquiétudes, la Bourse de New York a ouvert en nette baisse, à la suite des places européennes et asiatiques.

“Etant donné la faiblesse de l’économie américaine, nous allons examiner toutes les options si c’est nécessaire, y compris le recours au TARP, pour empêcher l’effondrement des constructeurs automobiles actuellemement en difficulté”, a dit Mme Perino.

Le TARP (Troubled Assets Relief Program, ou Plan de sauvetage des actifs à risques) est un plan de 700 milliards de dollars lancé en octobre, essentiellement pour relancer le système financier grippé, avec l’espoir de faire à nouveau circuler le crédit pour stimuler l’investissement et la consommation.

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à Colma, en Californie (Photo : Justin Sullivan)

Cependant, en contrepartie de ce revirement spectaculaire, les constructeurs et les syndicats vont devoir faire des “concessions significatives”, a dit Mme Perino.

La Maison Blanche s’était jusqu’alors fermement opposée au recours au TARP en faisant valoir qu’il n’avait pas vocation à aider l’industrie.

Elle a négocié à la place avec le Congrès un plan qui aurait débloqué une aide quasi immédiate de 14 milliards de dollars pour General Motors et Chrysler (Ford se dit moins aux abois). L’argent, sous forme de prêts, ne serait pas venu du TARP, mais de fonds approuvés par le Congrès en septembre.

En contrepartie, les constructeurs auraient été tenus d’élaborer de vastes plans de restructuration censés garantir leur viabilité à long terme.

Le plan a sombré jeudi soir au Sénat. Le géant General Motors, victime de la crise économique, de la chute de ses ventes et de ses erreurs stratégiques, avait prévenu par avance que, sans aide publique, il pourrait ne plus être en mesure d’honorer ses créances d’ici à la fin de l’année. Il a dit avoir recruté des experts pour examiner ses options, dont la déclaration de faillite.

A Wall Street, GM ne perdait plus vers 16H55 GMT que 3,11% à 3,99 dollars et Ford seulement 0,26% à 2,89 dollars, après avoir chuté d’environ 30% et 20% à l’ouverture.

“Déçu” de l’échec du plan, le président élu Barack Obama, qui remplacera George W. Bush le 20 janvier, a pressé le gouvernement sortant et le Congrès de “trouver le moyen” de débloquer l’aide temporaire nécessaire à la survie des trois de Detroit.

La “seule option”, c’est le recours immédiat au TARP, a dit le puissant syndicat de l’automobile UAW.

Son président, Ron Gettelfinger a accusé les parlementaires républicains d’essayer de faire porter aux salariés le chapeau de l’échec du plan de sauvetage. Mais le syndicat est prêt à des concessions supplémentaires, a-t-il dit.

Démocrates et républicains, censés être les alliés du gouvernement, n’ont pas pu s’entendre sur les coupes salariales auxquelles les républicains conditionnaient une aide publique. Les républicains demandaient que les salaires dans l’industrie automobile américaine soient ramenés au niveau de ceux de leurs concurrentes étrangères, une exigence difficilement acceptable pour les démocrates plus proches des syndicats.

Plus généralement, le plan a succombé à l’opposition fondamentale entre démocrates et républicains sur les grands principes économiques et les limites de l’intervention publique.

“Dans des conditions économiques normales, nous préférerions que ce soient les marchés qui déterminent en dernier ressort le sort des entreprises privées”, a souligné Mme Perino.

Mais une “faillite désordonnée” de l’industrie automobile “dévasterait encore davantage une économie déjà affaiblie”, a-t-elle relevé.

Elle n’a pas dit quand l’administration déciderait de puiser ou non dans le TARP. Ce n’est “que l’une des options”, a-t-elle dit. Elle s’est gardée de s’exprimer sur les autres.